Un crime presque parfait

Voilà Yves ma triste histoire. Grâce à un visiteur des prisons, j’ai pu obtenir une place de caissière, malgré mon casier judiciaire. Je ne sais pas si vous allez me croire, pourtant je vous ai dit toute la vérité.
Yves était effondré par ces révélations. Pas une seconde, il n’avait songé à mettre en doute les propos de Christine, et il ne sut que dire :
- C’est effroyable, à peine croyable…Et pourtant, je vous crois Christine. Il n’est pas possible que les choses en restent là. Avez-vous consulté un autre avocat ?
- Oui, je l’ai fait. Il m’a écouté, puis m’a dit : Je ne sais pas si vous me dîtes la vérité ou non. En revanche, ce dont je suis absolument certain, c’est que vous ne pouvez rien faire. Vous n’avez pas le premier bout du commencement du début d’un fait nouveau. Votre procès ne sera jamais révisé.
- Dans ces conditions, Christine, il ne reste qu’une chose à faire. Vous avez payé pour un crime que vous n’avez pas commis, mais vous avez payé. C’est terminé. Il faudrait occulter au maximum cet effroyable épisode, et vous tourner vers l’avenir.
- Vers l’avenir ? Quel avenir ? Avec un casier judiciaire aussi chargé ? Je suis condamnée une seconde fois, et cette fois, à la médiocrité, aux petits boulots. Il est évident que je ne pourrai jamais plus exercer ma profession d’assistante sociale.
- Essayez de considérer, Christine, que notre rencontre constitue sans doute un tournant dans votre vie. Et comme votre avenir ne pourra être pire, il sera obligatoirement meilleur. Avant d’en terminer avec votre triste affaire, dîtes moi ce qu’est devenu ce Robert Lange, ce démon ?
- Je ne sais pas. Je pense qu’il est toujours avocat, mais je ne cherche pas à le savoir.
Yves et Christine passèrent l’après midi ensemble, et se quittèrent en se promettant de se revoir.
Yves avait été profondément remué par la triste histoire de Christine, et il chercha aussitôt à situer ce Robert Lange, cet affreux bonhomme, qui avait réalisé le crime parfait, et était venu s’en vanter auprès de celle qu’il avait fait inculper en ses lieu et place..
Ayant trouvé son adresse, il effectua une petite enquête et apprit qu’il était toujours marié, bien que la vie du ménage ne soit pas sans nuage.
Yves ne savait pas du tout comment s’y prendre, mais il voulait essayer d’adoucir le sort de Christine. Certes, si des personnes compétentes disaient que le procès ayant eu lieu, il n’était pas possible de revenir en arrière, ce n’est pas lui, simple apiculteur qui allait prouver qu’elles avaient tort, mais peut être y avait il un moyen d’attirer des ennuis à cet être sans scrupule qui avait ourdi toute l’affaire et commis une crime monstrueux, pour se venger de sa femme et obtenir une éventuelle amélioration de sa situation matérielle.
Il ne savait pas ce qu’il fallait faire, mais il lui sembla qu’une discussion avec madame Lange était indispensable.
Après plusieurs heures de guet, il avait fini par la voir sortir de chez elle. C’était une femme élégante, moins jolie certes que Christine, mais pas désagréable à regarder. Ce qui frappait en elle, c’était ce voile de tristesse qui semblait être là en permanence sur son visage.
Il se décida un matin à lui téléphoner.
- Allo ? Madame Lange ? Vous ne me connaissez pas, mais j’aimerais, si vous le voulez bien que nous ayons une conversation, à l’insu de votre mari. Je voudrais vous parler de Jacques Parin .
Yves sentit qu’au bout du fil, madame Lange surprise et sans doute émue, hésitait. Aussi il ajouta :
- Je vous en pris madame, c’est très important, et cela ne peut vous nuire.
Après un autre long moment de silence, elle finit par dire :
- Où et quand ?
- Votre mari rentre à midi ?
- Non.
- Parfait. Soyez à 11 heures 30 devant le bar tabac de votre rue. Je vous connais. Je vous ferai signe. Vous monterez dans ma voiture et nous irons déjeuner à l’extérieur.
- D’accord !
Pas bavarde la dame Lange. D’un côté, ce n’était pas mal. Il pourrait raconter toute l’histoire sans être constamment interrompu.
( A suivre)

: )

Durant tout le repas, Yves raconta toute l’histoire telle que l’avait rapportée Christine. Pas une seule fois Jeanne Lange ne l’interrompit, mais des larmes coulaient sur son visage. Le récit terminé elle dit :
- Je savais que mon mari était capable de bien des choses, mais j’étais loin de me douter d’une telle ignominie. Car je crois à la version de votre amie Christine, et je me sens responsable en partie des malheurs qu’elle a traversé et traverse encore. Si je n’avais pas trompé mon mari avec le sien, rien ne se serait passé.
Je l’avoue, j’étais amoureuse de Jacques Parin. Et je ne me remets pas de sa mort. Vous m’apprenez que c’est mon mari qui l’a tué, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour réparer le mal qu’il a fait à Christine. Que puis je faire ?
- Pour l’instant, il faut absolument que votre mari ne sache pas qu’un ami de Christine a discuté avec vous. C’est très important. Il ne faut en aucun cas que vous lui laissiez penser que vous connaissez la vérité. Pour le reste, il faut que je réfléchisse, et je reprendrai contact avec vous.
Une semaine plus tard, Yves reprenait contact avec Jeanne. Ils allèrent au restaurant et il dévoila son plan, auquel Jeanne adhéra.
Le lendemain, Jeanne attendait le retour de son mari, en fin d’après midi. Dès qu’il entra, elle lui dit qu’elle avait à lui parler. Prenant cette demande à la légère, il lui dit qu’il avait une légère migraine, et que cela pouvait attendre le lendemain.
- Non, lui dit Jeanne, maintenant . Quand à ta migraine, je puis te garantir que tu n’y penseras plus dans un moment.
Cette fois, Robert était un peu inquiet, et suivit sa femme dans le salon.
- Tu ne le sais sans doute pas, mais tu parles en dormant.

Pensant immédiatement qu’il avait sans doute prononcé le prénom d’une femme, il ajouta :
- Il est possible que dans mes rêves, je pense à mes dossiers. Cela peut m’arriver, c’est possible. Alors si j’ai prononcé un où des prénoms, c’est simplement que je pensais à des clients ou des clientes.
De toutes façons, comme nous faisons chambre à part, tu n’as pu m’entendre.
- Je t’ai entendu une nuit où je me suis levée pour aller boire un verre d’eau. La porte de ta chambre était ouverte. Je t’ai entendu. Je me suis approchée, et je puis te dire que tu ne faisais pas que prononcer des prénoms. Tu étais très bavard. La première fois, il y a quinze jours, tu disais : « Je suis un chef ! Le crime parfait. J’ai fait un crime parfait » J’ai évidemment été surprise, mais sans plus. Je pensais, comme tu viens de le dire qu’il s’agissait de l’une de tes affaires. J’ai guetté toutes les nuits. Le lendemain, tu disais : Je l’ai tué ce bon Jacques, c’était le crime parfait » Là j’ai commencé à penser que c’était beaucoup plus sérieux,
- Toi, tu me racontes des histoires !!! Je parie que tu as rencontré cette pauvre Christine qui a du te raconter n’importe quoi !
- Oh, non, Robert ! Bien sûr, j’ai entendu parler de Christine au moment de son procès, mais je te jure que je ne lui ai jamais parlé, je ne l’ai même jamais vue. D’ailleurs, si c’était elle qui m’avait dit que tu avais tué son mari, je ne l’aurais sans doute pas crue. J’aurais pensé qu’elle essayait de se disculper. Non, à la réflexion, c’est certain, je ne l’aurais pas crue. Mais c’est toi qui m’a parlé, et toi, je te crois. Laisse moi finir.
Quand j’ai pensé que c’était sérieux, je me suis procuré un petit magnétophone, et j’ai plusieurs enregistrements( 7 pour être précise) de tes confessions nocturnes. Tu me parlais du pistolet, d’une longue attente sous le lit, bref, j’avais de quoi à peu près tout reconstituer. Et puis j’ai eu une idée. Je me suis dit qu’en te posant des questions à voix très basse, je risquais bien sûr de te réveiller, mais je pourrais aussi avoir d’autres précisions.
Sais tu que tu es un merveilleux sujet ? Tu répondais à mes questions, tu semblais très heureux de faire savoir combien tu avais été malin.
( A suivre)

Pour un statège, c'est un statège ! chut la suite vite !

A demain:)

houlala je ne donne pas cher de sa peau à la femme de l'avocat là...

je trouve personnellement qu'un petit épisode tous les jours, et le suspence qui suit s'accorde bien avec le forum !

Vrai comme dans le journal du matin:)

Jean-Louis a écrit:

je trouve personnellement qu'un petit épisode tous les jours, et le suspence qui suit s'accorde bien avec le forum !

Parfait.Je vais donc continuer sous cette forme.
Cela présente pour moi aussi un avantage, car je ne relis jamais ce que j'ai écrit, alors qu'en passant des petits morceaux, je relis, et je peux corriger quelques fautes ( malheureusement, il en reste encore après)
Bonne soirée à vous tous

Tu t’es caché durant des heures sous le lit de Christine. Tu avais incité Jacques à faire valoir ses droits conjugaux, et il est entré dans la chambre de sa femme.. Elle n’a pas voulue et a menacé son mari de le tuer. Il est parti, et lorsqu’elle s’est endormie, tu es sortie de dessous le lit, sans bruit, tu es allé rejoindre Jacques qui se saoulait consciencieusement, et tu l’as tué avec le pistolet de Christine qui portait ses empreintes. Puis tu t’es débrouillé pour te faire désigner comme avocat commis d’office pour défendre Christine, et tu as fait en sorte, en demandant l’indulgence du tribunal qu’elle soit considérée par tous, comme coupable. Voilà toute l’histoire qui se trouve racontée par toi sur sept cassettes. Je m’empresse de dire que ces cassettes sont en lieu sûr auprès d’une personne qui a pour mission de les sortir s’il m’arrivait quelque chose. Tu peux constater que ton crime n’était pas parfait, mon pauvre Robert.
- Si ! Il était parfait. Et il l’est toujours. Que veux tu ? De l’argent ?
- Non, pas de l’argent. Je veux, je devrais dire, j’exige, que nous divorcions et que tu reconnaisses tes torts.
- Mais c’est toi qui m’a trompé !
- Tu m’as trompée aussi, plusieurs fois, je le sais. Mais la question n’est pas là. Toi, tu as tué !! J’ai les cassettes, et je suis la plus forte. Accepte, sinon…
- Si j’accepte le divorce à mes torts, me rendras tu les cassettes ?
- Aussitôt après le prononcé du jugement, oui ! Mais je ne suis pas folle : pas avant !
- Mais qui me dit que tu me les rendras, après ?
- Réfléchis deux secondes. Tu peux tuer qui tu veux : Maintenant, je m’en fiche éperdument. Ce que je veux, c’est divorcer et que tu prennes les torts à ta charge. Alors les cassettes n’auront plus d’intérêt pour moi, et je te les rendrai.
- Tu le jures ?
- Je te jure que je te rendrai les cassettes prises durant ton sommeil.
Robert qui pendant tout cet échange était resté tendu, inquiet, se sentit rassuré. Il éprouva même le besoin d’ajouter quelques détails au récit fait par Jeanne. Il précisa qu’au début, il avait l’intention de tuer Jacques avec un couteau de cuisine qui portait les empreintes de Christine, que cette dernière ayant saisi à pleine main, son pistolet, cela lui avait facilité la tache, qu’il était entré et sorti par la fenêtre, etc… Il restait très fier et voulait absolument que Jeanne lui dise qu’il avait été merveilleux dans la conception et la réalisation de « son acte de justice » Il m’avait pris ma femme, je lui ai pris la vie, c’était normal, et il fallait trouver un coupable incontestable, je suis parvenu à mes fins. Nous allons divorcer en vitesse, fais moi confiance, tu me rendras les cassettes, et tout sera terminé. Tu me jures que personne d’autre que toi, n’a eu connaissance du contenu de ces cassettes ?
- Je te le jure
- Et que tu me les rendras quand le divorce sera prononcé ?
- Tu es pénible et méfiant. Je te le répète : Que veux tu que je fasse de ces cassettes ? Je ne connais pas cette Christine et de plus, elle était la femme de l’homme que j’aimais, alors, son sort, je m’en fiche comme d’une guigne.
- Dommage, ajouta Robert, pensif, nous étions faits pour nous entendre. Nous sommes de la même race !


Le lendemain matin, Jeanne remettait à Yves, la cassette sur laquelle avait été enregistrée toute la conversation qu’elle avait eu avec son mari.
Le plan qui avait été conçu par Yves avait merveilleusement réussi. Jeanne pouvait jurer de rendre les cassettes sur lesquelles les révélations de Robert étaient consignées, puisque ces cassettes n’avaient jamais existé. Mais compte tenu des détails apportés par Jeanne, Robert n’a pas pensé un seul instant qu’elles n’existaient pas.

En revanche sur l’enregistrement de la conversation, tous les aveux de Robert y figuraient, avec une foule de petits détails.
( A suivre)

Rhoo les méchants :)

Bien fait ! et Toc !

Yves téléphona à Christine, à laquelle il n’avait parlé de rien, car il avait peur qu’en cas d’échec de sa mise en scène, elle ne soit encore plus désespérée. Ils déjeunèrent tous les trois. Christine était transfigurée. A la fin du récit elle demanda la permission de passer un coup de fil, à la suite duquel, elle dit : Alain va venir. Alain est ce visiteur de prison, qui m’a beaucoup aidée pendant les deux dernières années de mon incarcération. C’est lui qui m’a trouvé un travail, et, ajouta t elle en rosissant, je crois bien que lorsque ma révision de jugement aura eu lieu, nous allons nous marier.
Dire que Yves ne subit pas un choc serait mentir, et il fut silencieux durant tout le reste du repas.

Ces faits se sont passés il y a quatre mois.
Il est certain que Christine obtiendra une révision de son jugement. Robert est sous les verrous, quand à Yves, il passa quelques semaines difficiles.
Certes, il était heureux d’avoir pu rendre un immense service à Christine, mais quoiqu’il n’ait jamais voulu se l’avouer, il espérait que des liens, autres que la reconnaissance pourraient se tisser entre eux.
Mais le vieil adage : « Un bienfait n’est jamais perdu » s’est vérifié une fois de plus…..


Si vous avez l’occasion, amis lecteur de passer dans la région de Condom, demandez à un passant où habite l’apiculteur qui fait de la gelée royale. C’est bien le diable s’il ne vous donne pas le renseignement.
Alors, allez à l’adresse indiquée. Dans un petit village, vous verrez un apiculteur passionné par son activité et à ses côtés sa toute nouvelle compagne qui l’aide dans ses travaux. Pour le pollen, c’est lui qui fait les récoltes tous les deux jours, et le fait sécher dans une étuve thermostatée à 40°, mais c’est elle qui fait la ventilation, le tri à l’aide de brucelles, c’est elle aussi qui fait la mise en pot et l’étiquetage.
Pour la gelée royale, c’est Yves qui prépare les ruches aux ruchers, va porter les cadres greffés et fait la récolte trois jours plus tard.
Mais c’est elle, elle, Jeanne,( oui, la Jeanne ex Lange que nous connaissons) qui nettoie les cupules, y dépose une goutte d’amorce et greffe d’une main sûre des larves de moins de 24 heures.
Au cours de ces travaux, quand ils se rencontrent, ils ne manquent pas chaque fois d’échanger de longs baisers.
Leur vie, est heureuse, et leur histoire en conséquence, ne mérite plus d’être contée.



FIN ( A demain)

Si les abeilles s'y collent :) et les font s'aimer....

Merci Aristée

La fin est un peu rapide, mais le dénouement est bien au rendez-vous ! Le lecteur se demande en fait si Jeanne n'est pas Christine en réalité ! l'histoire n'en serait que plus belle ! même si elle l'est déjà !

Merci Aristée

A quand une nouvelle histoire !

Passionnante l'intrigue...La fin est différente que celle imaginée...le destin en a décidé autrement..