On relève la première utilisation de chariot sur rail dans la mine de Leberthal en Alsace dès 1550.
Le premier train régulier tracté par une locomotive apparaît en Grande.Bretagne en 1758 (d’où l’expression tractez les premiers Messieurs les Anglais) il fait la navette (non pas celle de Saint-Victor) entre Middleton et le pont de Leeds. Le premier service ouvert aux voyageurs à lieu en 1820.
La France va très vite construire son « chemin de fer », nom francisé mais non franchisé, de « Railway » qui apparaît pour la première fois sur une ordonnance royale du 26 février 1823 qui autorisait la première ligne pour les houillères de Saint-Etienne.
Le premier train entre en gare de Banassac le 14 Août 1883 ! La ligne Beziers/Neussagues s’achève le 10 Novembre 1888.
Je ne sais pas si vous imaginez ce que devait représenter pour un « Paysan » Lozérien l’arrivée du train dans le département. Lui qui ne devait se déplacer qu’avec les bœufs du plus riche du village, qui n’avait jamais vu d’ailleurs que par les récits des conscrit, qui devaient revenir je suppose à cheval...
La construction de la ligne entre Séverac-le Château et Banassac prend trois ans, trois ans de contacts avec des hommes venus de la ville, qui vivent d’un salaire régulier avec une sécurité de l’emploi assurée...
Autre chose qui me frappe c’est l’immensité de l’œuvre accomplie dans des lieux pratiquement inaccessibles, par tous les temps. Il m’en souvient encore lorsque j’étais petite derrière la cure d’Auxillac une maison en ruine sur laquelle on pouvait encore lire café du chemin de fer si mes souvenirs sont bons.
Le département devait être complètement misérable mais parce que ces hommes et ces femmes avaient le goût de l’avenir la ligne SNCF fut construite.
Et encore qu’à l’époque devaient quand même subsister un bon nombre d’industries du passé telles que les mégisseries ou élevage du vers à soie. Il y a encore de la vie partout dans chaque hameau il y a « le maître d’école », dans chaque village un « hôtel, restaurant, épicerie, café,droguiste, téléphone public » et même deux ou trois petits cafés de plus.
Ils n’avaient rien sinon leur fierté, celle de bénéficier d’un service public qui devait être le même partout en France.
Bien sûr les jeunes sont partis au loin, leur Terre ne pouvait plus les nourrir, du moins pas tous et pourtant pendant longtemps ses services ont continué d’exister. C’était il n’y a pas si longtemps que cela, un temps où la notion de rentabilité cédait TOUJOURS devant la nécessité de servir...
On a vendu les écoles, puis les gares, les trains sont « discrétionnaires » les voies dans un état lamentables au point de ralentir le trajet d’une bonne heure, dans l’indifférence générale. Il y a trente ou cinquante ans la construction d’autoroutes aurait pu ramener de la vie au pays, désenclaver le département, ben non rien n’a été fait et maintenant que la fin du pétrole annoncée à courte durée on s’y met, laissant pourrir le réseau ferrée qui sera peut-être demain la solution d’avenir !
En tout état de cause, me restera toujours le souvenir de cette petite ligne, l’odeur des ballasts, le train des vacances, celui qui dessine des vaches et des moutons sur ses vitres. Pendant longtemps encore on passera en se signant moralement devant les ouvrages colossaux de nos ancêtres que nous laissons partir en ruines.
A force de se demander toujours le rapport qualité/prix nous allons finir par nous « auto supprimer » nous même car à l’échelle de l’univers sommes nous vraiment indispensables ?