Mots à mots

Blanche


Perd ses pas, Blanche,
Belle la nuit
La dame de la tour.
Je rêvais de château hanté
Je rêvais de maison troublée
De nuits sombres agitées
De maison closes
Fermées.
Je rêvais transistor
Au bouton tourné
Le son armé
D’un lointain passé,
Reviendrait à moi,
Vieux fantômes,
Registres diffus
Grésillement étranges,
Voix murmurées.
Dis, toi qui m’écoute
Ne laisse pas
S’éteindre,
Empreinte dans la pierre,
On dirait audio
Cassette ou vidéo
On dirait illusion
Pour moi la nuit tombée
Une dame blanche
Dans la tour
Suis sa ronde.
Je dirais fantaisie
De mon esprit
Je dirais farfadet,
Pour moi s’écris
En quelque ligne,
Musique, image gothique
Croix de bois croix de fer
Pas d’enfer cette nuit.
Il n’est de repos
Pour l’esprit qui poursuit,
Une route sinueuse
Crénelée de l’ennui.
Tout en haut de la ronde
Chemin des soupirs,
Oh quelle douce vallée
Ais-je donc du fuir.
Je passe ma vie
Chaque nuit qui s’écoule,
A poursuivre illusoire
Chemin de pierres et de poutres
Une vieille maison
Dans mon cœur se consume.
Close maison, vide maison.
Dame perdue voile blanc.
Au noir se brûle.
Mais la vie comme ce breuvage amer
Dur à avaler, reste coincé.
Ouvre la porte,
De cette maison trop close
Lève le jour car
Pâle, le visage de la dame.

Anne

Je te remercie Pepsy pour ton petit mot, cette petite suite de poèmes : Le poète, un hommage à Alain Bashung, Dans l'encre de tes yeux, Sur mon épaules et Blanche, sont de petits textes tous neuf aussitôt écris aussitôt mis en ligne.

Je suis en crise d'inspiration, après le silence, vient les mots....

Mes mots sont parfois un peu bizarre tu sais, ils ont un sens pour moi car ils coulent quand je les écris, mais je me rend compte que si on regarde le sens au mot à mot c'est certainement pas toujours très clair.

Allez jettes-toi à l'eau...

Place du marché


Place du marché
Il est huit heures
Les doigts gourds
Le nez frileux
Il attend.
Harassé
Les commères passent
Le cabas au bras
Les pieds lourds
L’esprit ailleurs
L’étalage fin prêt
Mais la
N’est point la question
Il attend l’homme.
Un frisson sur sa main
Il ajuste son caban
Frais matin
Au café chaud il songe.
Les heures s’égrènent
Les articles s’échangent
La matinée s’étire
L’attente persiste
Mais quoi
Mais qui
Comment ?
Pourquoi ce sentiment ?
Frustration.
Le temps parfois joue des tours
Un matin au réveil
Persistante sensation
D’un miracle imminent,
L’attente se prolonge
Rien ne vient, rien ne va.
Les propos s’échangent
D’un stand à l’autre
Frais ce matin
Du givre sur la voiture
Il a fallut racler
Les mômes, la femme
La famille
Petits mots, petites misères
Repousser le moment
Ou las, les mains rangeront
Plieront emballeront
Fini la matinée
Une attente dans le vide
Demain qui sait ?
Peut-être ?
Ou dans deux jours ?
Il aurait tant voulu l’homme
Briser un moment sa routine
Pour un instant d’oubli
Sur un nuage parti.
La prochaine fois
Qui sait…
Si dieu veut
Inch’allah

Anne

c'est sublime! Chacun de tes poèmes méritait un post.
J'aime bien cette écriture automatique et sensible où les images se bousculent non pas pour se perdre mais au contraire renforcer
une dimension existentielle voir même mystique (dame blanche).
Digne d'une grande romancière, un mélange poétique de Modianno et de Le Clézio.J'ai beaucoup aimé ma lecture.

Anne mais tu es douée, pourquoi nous privais tu ?

Je te remercie Alain, ton message me donne envie de poursuivre... Mélodie toi aussi je te remercie, tu sais je souffre d'un méchant complexe d'infériorité (pour l'écriture) qui me bloque et fais que je n'ose pas montrer facilement ce que je fais. Mais promis, je me remet à écrire.

bravo ! bonne décision

pour te remercier je tente un coup aussi....

Je file te lire....

j'ai mis de la déco autours, on voit moins le texte comme ça !!! rire

Bravo Mélodie, j'adore, poursuis ce chemin, donnons-nous la main.

Le parc

Dans le parc ou les oiseaux frémissent
Sur le banc face à la rivière
Deux vieilles dames parlent
Leurs mains déformées par l’arthrite
Marionnettes décharnées
Miment, racontent.
Suspend ton vol l’hirondelle,
Toi l’enfant qui traverse le parc
Arrête-toi, en silence l’oreille tend.
Ce n’est pas rien crois-moi,
Deux vieilles femmes sur ce banc parlent
La voix est rocaille mais je cherche les fleurs
La voix et caillasse et je trouve les pleurs
Souvenirs, tendre jeunesse
Il fut un temps
Trop vite enfuis, vieux restes jaunis
D’un j’étais, je ne suis plus.
Sur ce banc je m’assieds,
Tends les jambes lassitude
Ferme les yeux au soleil
Je garde en moi cette chanson,
Celle des vieilles femmes,
Elle m’envoute.
Ce n’est pas rien à écouter croyez-moi
Impossible insensible les mots près de moi
L’émotion est intense, mais le silence va de soi
Je n’entends rien, je ne vois rien, je suspends le temps,
Vieilles dames autre époque, moi j’accroche
Mon cœur à vos larmes, je surprends, j’espionne
Ces secrets révélés dont mon oreille friponne
S’en saisi et frissonne.
Un jour moi aussi, sur un banc transi
Les doigts branches sèches
D’une vie consommée
Un jour moi aussi, dos vouté, voix cassée
Je raconterais, murmurerais ce passé trop vite passé
Pauvre nous, pauvre moi que le temps écrase et débat
Pauvre vieux que nous sommes, sans retour pour demain
Vois l’oiseau tout la haut, toi qui vole et survole
Porte-moi porte-nous, alléger cette tombe

Anne

tu deviens intarissable Anne !

Oui mais il n'est pas terrible celui-la. Je crois que j'ai besoin de parler.

Anne, arrête de te juger si sévèrement.
Je l'adore ce poème Le Parc.

Ô vieillesse que je souffre de ne pas t'avoir vaincu
Ô promesse de mort que tu nous offres pour délivrance!

J'aimerais écrire comme toi car tes mots me touchent et je ne suis pas sur que les miens sont aussi porteur d'effets.

Continue à nous faire rêver!

T'es super Alain, c'est moi qui vais dire, j'aimerais tant écrire comme toi, tes poèmes sont fluides amples comme le souffle comme la respiration. Merci pour ton commentaire il me touche, qui sais j'arriverais moi aussi à alléger un peu mes petits mots.

Non ne change rien, continue ton chemin,
Ta poésie a le style d'une grande romancière,
Et ces deux vieillies sur un banc me font penser à la Corse.

Ohhhh tu exagères ALain moi grande romancière allez gros bisous sur toutes tes joues.

Anne,
Il n'y a aucun ridicule à composer.
Lorsqu'on compose, c'est pour soi
avant tout et après, un partage avec
d'autres personnes amoureuses de
la poésie.
S'il y a des gens mesquins, on indique
"supprimer" tout simplement.
J'ai eu, de par mes parcours dans différents
forums de poésie, des "intellectuels" qui se
pensaient de haut voltige au niveau de la poésie,
des ignares absolument.
N'arrête pas, c'est un baume à la vie, une belle
façon de s'exprimer; je le fais depuis de nombreuses
années et cela m'a sauvé d'une mort certaine.

Amitiés, Poétesse!

André, épervier

Je te remercie André, l'écriture apaise, l'écriture permet de se libérer, ou d'utiliser l'imaginaire que nous avons tous en nous.

Je continue promis, j'en ai un que je mettrais tout à l'heure.

Miracle du printemps

Paris gare Montparnasse
Mes pas raisonnent
Déambulent
Les corps se frôlent
Les corps se bousculent
Indifférence
Et moi je te cherche
Trop solitaire
En cette grande gare
Je t’aime
C’est toi que je cherche
Chaque visage
Chaque silhouette confuse
Me parlent de toi
Je te cherche, je t’aime
J’ai tout perdu
L’écho de ta voix
La couleur de ta peau
Le velours de tes lèvres
C’est pourtant
Bien en cette gare
Qu’un jour
Nos regards croisés ?
Saloperie la vie
Qui rapproche
Et sépare ainsi
Petite chose qu’es l’amour
Étincelle brillante
Trop vite éteinte
Et moi je te cherche
Dans cette gare
Trop grande
Trop vaste
Les « j’aurais du »
Hantent ma pauvre
Cervelle stupide
Les « on ne laisse pas »
Ainsi partir
La lumière de l’été
Quand elle se conjugue
Avec le verbe aimer
Suis-je donc bête
Pour ne pas avoir su
Prolonger
Cette belle histoire ?
Mais non les amours soleil
Ne durent jamais longtemps
Ils sont comme l’hirondelle
Ils viennent au printemps
Et repartent à l’hiver
Les amours lumière ne brillent
Jamais longtemps
Ils sont comme la bougie
Au matin soufflé
Ne reste
Que du gris
Ce bel éclat
Déjà parti.
Ainsi se répète
Saison après saison
Les amours éphémères
Qui brulent, blessent
Laissent leur marque
Sur l’écho d’une gare
Jour d’arrivée
Jour de départ
Toujours
Quelque part
Un peu de soi…
Se consumer et finir
Pour mieux repartir.
Je suis la à attendre
A espérer,
Miracle du printemps
Un nouveau toi
Un nouveau moi
Et pourquoi pas
Un toujours ensemble


Anne

Ce printemps nous apporte de belles surprises... cette gare... le côté impersonnel qui nous entoure... la recherche d'un apaisement et par après l'apaisement
souhaité et pourquoi pas un bonheur espéré!

amitiés,

André, épervier

... SILENCE APRÈS ÉDITION ...