Lumière rasante.
Nous nous parlons souvent de cette rivière du Cantal un soir d’été 1975.
Des vieilles femmes en fichus bleus inévitables devisent à bâtons rompus d’une rive à l’autre. Les conversations jamais ne se terminent ni ne commencent véritablement.
La lumière rasante des sursauts crépusculaires sur les gravières impénétrables donne à nos pensées un peu de cette mélancolie bienveillante qui aujourd’hui nous semble puérile.
Beaucoup d’étés se sont-ils véritablement noyés depuis les gorges de la Cère, les odeurs minérales dans le vent de Jussac, les proverbes et les réflexions ; ce banc tiède qui domine le bief?... Quelles fabuleuses chimères avons-nous trop souvent délaissées pour nous trouver ce jour si harassé ?...
Des routes vaines nous en avons parcouru maintes fois – sourires ! – baisers ! – et nous avons appris à ne plus nous étonner de rien !
Mais au coucher du soleil, nous voici réunis pas des câbles invisibles et nous nous sommes souvenus…
Ainsi reviennent les rivières, les soirs d’été, quand s’étiole la mémoire.
J’aurai au moins tenté d’éveiller en nous la lumière rasante des sursauts crépusculaires sur nos vies impénétrables…