Dico dit de Trévoux XVIIIe s.
TIRE-LARIGOT. s. m. Fistula. Terme proverbial ; on dit de ceux qui boivent par excès, qu'ils boivent à tire-larigot. Bibere laute opipareque, compotare, perpotare. Ce proverbe peut venir d'un des jeux de l'orgue qu'on appelle larigot, qui sifle : & comme quelques-uns ont appellé sifler, boire, on peut croire qu'ils ont fait allusion à ce jeu qui sifle beaucoup. Ménage en donne une autre étymologie. Il prétend que larigot est un vieux mot François qui signifioit une flute : ce qu'il prouve par ces vers de la cinquième Églogue de Ronsard :
Herbes qui boutonnés, vertes ames sacrées,
Si sous mon larigot reverdir je vous voi, &c.
Fondé sur cette signification du mot de larigot, il prétend que boire à tire-larigot ne signifie boire à long traits, que parce qu'on buvoit dans des grands verres faits en forme de flutes, & delà vient qu'on disoit, & qu'on dit encore parmi le peuple, Fluter, pour dire, boire extrêmement. Ainsi, ajoute Ménage, A tire-larigot signifie, Trahendo vinum quod est in cyatho. Il y en a d'autres qui croient que la véritable étymologie de ce mot est larynx laryngos, qui signifie gosier, & qu'ainsi, boire à tire-larigot, c'est boire à tire-gosier. Ceux de Rouen disent qu'il vient de la Rigaud, qui est le nom d'une cloche de la grande Église, qui fut donnée par Odo Rigault Cordelier, Archevêque de Rouen ; & qu'à cause que les Sonneurs qui la tirent, s'échauffent beaucoup, & ont besoin de bien boire, on les a appellés des buveurs à tire la Rigaud. Voyez Dom Du Plessis, Descript. Geogr. & Hist. de la Haut-Norm. tom. 2. p. 25. Borel le dérive du Languedocien s'arrigoula ; c'est-à-dire, Se saouler, prendre tout son saoul de quelque chose, d'où le mot a été transporté en ces pays-ci.