Une étape.
A Kenneth et Nicolas,
L’heure du départ a parfois une saveur de mélisse
Ou d’herbages fraîchement fauchés :
Pourtant les rugueux voyageurs aguerris et les chimères qui les absorbent
Dans les méandres des continents et les replis de la planète
Ne s’arrêtent guère à de telles peccadilles.
Ils méprisent les salons cossus
Où ils en rêvent.
Elle fascine les douillets ou elle séduit…
La minute de gloire des périples incertains.
Fatale, unique
Intime
Larme à l’œil et jambe en avant.
Je les pressens tout en m’interrogeant
Ressassant sans arrêt cette charade
Quels tracés peuvent esquisser ces pistes oubliées ?
Que je sens déjà pulser sous mes semelles.
La raideur de la côte, le versant qui me taraude
Comme un serment éphémère.
Un cran de plus à ma ceinture…
Comme mes précieux anciens, Kenneth et Nicolas
Je trempe mon esprit aux vétilles du chemin primordial
*
Ombres portées, couleurs de sable -
Ici, je me fonds dans le paysage.
*
Poltron au départ
Plus affermi à mesure que les bornes s’alignent –
Et les feux du logis qui s’éloignent.
Femmes, hommes, enfants et peuples singuliers
Pistes perpétuelles
Patrie véritable
Fabriques d’humanité
Créatrices des songes du piéton qui s’attarde
Se poser…
Luxe suprême…