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| | Mélodie du temps ordinaire | |
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Anne Administrateur
Nombre de messages : 23616 Date de naissance : 17/10/1957 Age : 66 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 19/01/2006
| Sujet: Mélodie du temps ordinaire Jeu 11 Sep - 16:14 | |
| Mélodie du temps ordinaire de Mary McGarry Morris. Je viens de finir ce gros pavé. petit résumé trouvé sur le net (plus pratique) Résumé Atkinson, Vermont : chronique quotidienne de l'été 1960. Marie Fermoyle divorce de Sam, pitoyable ivrogne, élève seule ses trois enfants : Alice, dix-sept ans, Norm, seize ans, Benjy, douze ans. D'origine modeste, elle se bat sans cesse pour assurer leur réussite. Arrive un jour Omar Duvall, petit escroc, beau parleur qui promet des lendemains meilleurs grâce à un savon miracle. Marie est aussitôt totalement séduite. Norm, d'abord réticent, se laisse circonvenir, Benjy, qui a vu Omar poignarder un homme, se tait pour préserver à tout prix le bonheur de sa mère. Alice, très occupée par sa liaison avec un jeune prêtre, reste méfiante. Autour des Fermoyle, vivent de nombreux personnages aux destinées médiocres. Fin de l'été : l'affreux Omar est démasqué, Marie accompagne Alice à l'université.[/size] Extrait Il débuta par la soirée où il l'avait vue pour la première fois, si jeune et si timide avec sa crainte du rôdeur qui avait fait courir sa main sur la moustiquaire de la fenêtre de sa chambre dans la maison que son père et elle louaient à côté de chez eux. De temps à autre, le vieil homme ne rentrait pas de ses tournées de boucher ambulant qui le menaient de ferme en ferme à travers les collines. C'était par une de ces nuits solitaires que le grattement s'était fait entendre sur la moustiquaire de la fenêtre, et elle avait accouru en chemise de nuit chez ses voisins. Sam était sorti avec des amis et, à son retour à la maison, il l'avait vue toute recroquevillée dans le coin où se trouvait la causeuse de sa mère, pressant la couverture en tricot contre sa gorge dans l'attente du retour de son père. Il avait passé le reste de la nuit parler avec elle. Son père n'était pas revenu avant l'aube, ses vieux yeux tout rougis, ses cheveux gris tout hirsutes, sa bouche avinée balbutiant d'abord des excuses, puis l'histoire boiteuse d'une panne de camion ayant entraîné la perte d'une bien belle vache pour laquelle il avait dépensé son dernier cent. Une semaine après qu'elle eut reçu sont diplôme de fin d'études, ils furent mariés. Elle avait dix-huit ans et lui presque trente. Sa mère fut choquée, affligée. Les fiançailles de Sam avec Nora Cushin avaient été le grand moment de sa vie. Son humiliation et sa déception furent bientôt abrégées par le gonflement bienvenu du ventre de la femme-enfant de Sam. Elle aurait un petit-enfant après tout, exulta-t-elle auprès de Helen, infligeant ainsi sans l'avoir jamais voulu, la blessure qui, jusqu'à ce jour, infectait et infestait le cœur de sa fille stérile Pendant les deux ou trois premiers mois de mariage, il avait été plutôt heureux. Ils faisaient de longues promenades le soir. Il lui apportait des livres de la bibliothèque pour qu'elle les lise. Elle apprit à coudre et fit des robes de maternité qu'il tenta d'admirer. Sa grossesse la rajeunissait encore, la faisait paraître plus enfantine. En public, il se sentait ridicule avec elle. Les amis le charrièrent. Il se rappelait lui avoir acheté une capeline noire et une paire de pendants en or pour qu'elle ait plus d'allure. Elle gloussa et eu l'air godiche avec. Il l'emmena une fois au théâtre, et elle s'endormit. Elle lut ses poèmes, dit qu'ils étaient chouettes, puis elle les garda dans une boîte à chaussures qu'elle décora de rubans colorés de photos découpées dans des magazines. Elle essayait, mais tout ce qu'elle faisait semblait trivial et puéril. Il l'emmena à une réception, et elle fut si mal à l'aise avec des gens qu'elle ne connaissait pas, des gens plus âgés qu'elle, et mieux éduqués, qu'elle fondit en larme et le supplia de la ramener à la maison. Déjà un peut ivre, il lui dit de partir si ça ne lui plaisait pas. Il resta. Le lendemain matin, ils eurent leur première vraie querelle. Critique/Presse Mélodie du temps ordinaire est une oeuvre si riche, qui offre tant de différents niveaux de lecture et se prêterait à tant d'études qu'on ne peut qu'énumérer certains thèmes abordés sans pour autant l'épuiser. L'humain y tient la plus grande place : il s'agit réellement d'un condensé d'humanité, où l'on voit les ravages de la pauvreté matérielle et morale, de l'amour non partagé et des mariages malheureux. A travers une succession de petites scènes soigneusement détaillées, une analyse minutieuse des comportements de chacun, Mary McGarry Morris, romancière américaine, évoque parfaitement l'atmosphère de cette petite ville ordinaire. L'action est extrêmement lente, mais les lecteurs qui entreprendront la lecture de ce roman-fleuve pourront y prendre plaisir. Le précédent ouvrage, Une femme dangereuse (N.B. sept-oct. 1991, p.1072), avait la même justesse de ton. L'avis de la FNAC Dans une petite ville du Vermont faussement endormie où règnent le secret, l'hypocrisie et l'intrigue, Marie Fermoyle et ses trois enfants vivent dans des conditions très précaires et tombent sous la coupe d'un escroc habile, beau parleur... et meurtrier. L'auteur possède certains points avec Carson McCollers (sensibilité à la détresse humaine, aux exclus de la société, etc.) mais se situe plutôt entre Elizabeth Gaskell et David Lynch (selon le Minneapolis star tribune). Amazon.fr Dans Mélodie du temps ordinaire, on plonge dans un monde où l'infortune et la disgrâce côtoient la peur et la honte. Marie Fermoyle, mère de trois enfants dont l'ivrogne de père revient parfois casser les carreaux ou forcer la porte, se dépêtre comme elle peut d'un mariage qui l'a laissée déçue et vulnérable. Proie facile pour Omar Duvall, fin observateur, beau parleur, maniganceur et manipulateur : « Duvall parlait aussi voracement qu'il mangeait, accumulant des montagnes de mots. » Dans la petite ville d'Atkinson, Vermont, parmi une communauté de gens ordinaires, on verra évoluer une quinzaine de personnages au gré des événements. La vie de Marie Fermoyle, elle, s'articulera autour de l'arrivée de ce mystérieux personnage, dont seul le lecteur et Benjy, le plus jeune fils, connaissent le secret. Femme honnête et intègre, Marie glissera peu à peu dans un engrenage dont elle ne saisit pas vraiment l'ampleur. Ainsi sera-t-elle amenée à commettre des lâchetés qui lui donneront mauvaise conscience. Bien que ce pavé de plus de 600 pages comporte des longueurs, on s'attache rapidement aux personnages un peu rustres et délinquants qui le peuplent. Riche en péripéties de toutes sortes, Mélodie du temps ordinaire dessine une fresque qui évoque l'atmosphère des années 60 chez l'oncle Sam. Une discordance néanmoins : il est étrange d'entendre dans la bouche de jeunes Américains : « Elle a deux putains de mômes ! » ; d'imaginer un mec qui « tient à peine sur ses guibolles » et un môme qui « se trisse » ! C'est l'inconvénient des traductions. À lui seul, un mot permet de décrire l'atmosphère du roman : fragilité. Sous des airs de durs, les principaux personnages de Mary McGarry Morris sont des cœurs tendres en proie à l'impitoyable école de la vie. Chacun apprendra à ses dépens qu'on n'a jamais fini de faire ses classes... Sylvie Trottier - www.nuitblanche.com Pauvreté en Amérique - Les critiques littéraires, ayant souvent besoin de béquilles culturelles pour étayer leurs propos, n'hésitent jamais à appeler à la rescousse une armée de célébrités. C'est ainsi qu'à propos de Mary McGarry Morris on a évoqué Carson McCullers, Dostoïevski, Steinbeck, Faulkner et même David Lynch! Cette Américaine, récemment parachutée sur la scène romanesque, a pourtant assez de talent pour n'avoir aucun besoin de cette ribambelle de parrains.Mélodie du temps ordinaire est son troisième livre traduit en français, après Disparue et Une femme dangereuse. Ce roman-fleuve de 656 pages, sur lequel on se fatigue parfois à pagayer, se passe au milieu des années soixante, dans une petite ville du Montana, Atkinson. John Kennedy est au pouvoir et sa famille fait encore rêver cette Amérique dont une bonne partie de la population croupit dans une terrible pauvreté, comme Marie Fermoyle et ses trois enfants, Alice, Norm et Benjy.La maison est en ruine, Marie est usée avant l'âge. Elle a quitté un mari alcoolique qui ne lui verse pas un sou de pension et elle tente tant bien que mal d'élever ses enfants en les accablant d'injures pour décharger ses nerfs. Aussi est-elle une proie idéale pour Omar Duvall, assassin à ses heures et margoulin professionnel. Voyant en Omar le dernier espoir d'améliorer un tant soit peu sa misérable existence, Marie ne respire désormais plus que pour lui.Les éditions Belfond se sont fait une spécialité de ces récits de vie, ou de survie plutôt, mettant en scène des héros accablés par toutes sortes de calamités. Il y eut bien sûr Les cendres d'Angela de Frank McCourt, un poignant récit autobiographique, puis Les saisons de la nuit de Colum McCann.La Mélodie du temps ordinaire appartient à cette famille de livres réalistes, qui ne laissent personne indifférent. Dommage cependant que ce roman s'enlise parfois, avec des scènes qui se répètent inlassablement au fil des pages. Dix fois, nous assistons aux mêmes crises d'hystérie de Marie Fermoyle, aux délires d'ivrogne de Sam, son ex-mari. Nous ne doutons pas bien sûr que ce soit volontaire de la part de Mary McGarry Morris, qui nous fait pénétrer dans l'intimité de cette petite ville du Montana et partager le désespoir de ses habitants. Mais il est difficile de ne pas rêver d'un roman parfait, qui aurait eu deux cents pages de moins. Pascale Frey - Lire, juin 1999 | |
| | | Anne Administrateur
Nombre de messages : 23616 Date de naissance : 17/10/1957 Age : 66 Localisation : Région Parisienne Date d'inscription : 19/01/2006
| Sujet: Re: Mélodie du temps ordinaire Jeu 11 Sep - 16:19 | |
| Que dire de plus ? J'ai aimé ce livre, très sombre, impression d'un gouffre sans fond et s'en espoir, ou l'on s'enfonce doucement.
Sans espoir pas tout à fait il y a toujours une petite lueur tout au fond.
Je viens de trouver ceci, un avis qui me plait bien.
En ce temps-là, Kennedy tentait de devenir le premier président catholique américain. Dans le Vermont, la famille Fermoyle s'enlisait. Chacun de ses membres était en train de s'asphyxier dans une vie dure et totalement insatisfaisante : Marie, la mère, fourmi laborieuse, passait son temps à implorer que ça sarrête, entre deux explosions de colère stérile. Sam, le père, divorcé, n'existait pas en dehors de ses cuites à jérémiades. Les enfants, Alice, Norm, et Benjy, bourrés chacun de problèmes et en grand manque damour, subissaient. Quant au petit monde d'Atkinson, bled paumé parmi des millions dautres, il était à l'unisson.
Mais où était le bout du tunnel ?
Dans l'arrivée dOmar Duvall, serpent charmeur et manipulateur, qui va leur faire croire un instant qu'une autre vie est possible ?
On aurait bien tort de le croire
On cherche l'air, nous aussi, au cœur de tout ce pathos. On tend le visage vers le haut, on aspire à une petite pause miséricordieuse, un personnage sympa, normal, pas tapé avec ses moches petites combines planquées, n'importe qui, allez, une vieille dame qui ferait des gâteaux, un prof qui tendrait la main, je ne sais pas, moi, une perruche qui sifflerait gaiement ?
Mais non.
Mary McGarry Morris va creuser jusqu'à los, dénicher toutes les saloperies possibles dans tous les registres, et nous appuyer sur la nuque, allez, lis, vas-y, regarde ta nature humaine, prends-en plein la gueule.
Alors peut-être, oui, qu'elle aurait pu nous épargner un peu, ne pas dire et redire ce quon avait déjà compris la première fois. Peut-être. Si elle avait voulu.
Mais en l'état, ce pavé de 1000 pages qui prend ses aises dans de nombreuses heures de lecture, vous plombe bien le moral. Illusoire, cependant, de tenter de l'arrêter une fois commencé : jaurais frappé le premier qui m'aurait ne serait-ce qu'interrompue dans ma lecture.
J'ai failli lâcher les grandes eaux au dernier chapitre, et j'en aurais paradoxalement voulu à l'auteur de relâcher la pression sur la dernière ligne, mais ouf, la pudeur de l'épilogue ma évité le pire : sacré morceau, c'est en miettes mais bien debout, que je tourne la dernière page.
Quelle performance !!
Cuné | |
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