La Veillée de Noël
Il était une fois une maman Chatte qui vivait toute seule avec ses quatre chatons près d’un bois non loin d’un petit village. Elle avait amassé des cartons que les habitants avaient abandonnés dans la déchetterie ainsi que de vieux tissus qui lui servaient à matelasser son nid. Ainsi ces petits chatons avaient bien chaud parce que l’hiver était très froid.
Il y avait aussi une toute jeune fille qui habitait non loin de cette petite famille, et bien qu’elle fût très pauvre, elle gardait toujours quelque chose de son assiette pour donner à manger aux petits chatons qu’elle trouvait adorables et qui étaient ses seuls amis. Dès qu’elle n’était pas à l’école, elle s’y rendait pour jouer avec eux et échanger de douces caresses.
Noël approchait, et la maman Chatte était partie pour chasser des souris. Le plus petit chaton trouva le temps bien long, et comme il s’ennuyait tellement de sa maman, il décida d’aller à sa rencontre. Il partit gaiement en faisant de petits bonds - parfois il vacillait un peu parce qu’il n’était pas encore bien stable sur ses pattes. Tout à coup, il sentit quelque chose sur sa queue. Il s’arrêta aussitôt, pencha un petit peu sa tête de droite à gauche, ouvrit grand ses yeux et se demanda ce que cela pouvait bien être ? Il s’élança alors dans des pirouettes pour attraper l’intrus. Celui-ci avait déjà pris le large depuis un moment, mais le chaton ne s’en était pas aperçu et continua à toupiller.
Une grenouille non loin regarda ce spectacle et lui demanda :
« Toi, tu es certainement une toupie, où as-tu appris ça ? »
Le chaton s’arrêta un peu surpris et lui répondit timidement :
« Je ne sais pas, mais tous mes frères et sœurs savent toupiller comme ça, et toi qui es-tu ? »
« Je suis une grenouille et je sais chanter. Avec mes copains, nous préparons la veillée de Noël près du lac, si tu veux, tu peux te joindre à nous. »
« Chante pour voir », demanda le chaton. Alors la grenouille se mit à chanter, mais le petit chaton trouvait ça très monotone.
« Tu sais », répondit la grenouille, « nous ne sommes pas des solistes, par contre, quand nous chantons tous en chœur c’est très beau ! Et toi, tu sais chanter ? »
« Bien sûr, » dit fièrement le chaton, tu n’as qu’à m’écouter. »
Suivit alors un petit miaulement qui charmait la grenouille.
« Si tu veux, tu pourras chanter avec nous, ce sera magnifique, mais il faut que tu chantes plus fort, comme nous sommes très nombreux, ta voix ne ressortira pas assez. Parce que nous n’avons pas de microphone comme les humains ! Tu sais, le soir de Noël, tous ceux qui savent chanter viendront au lac pour donner un concert.»
« Bon, » dit le chaton, « je peux amener mes frères et sœurs ainsi que tous les copains et notre concert sera équilibré, et puis, je connais une petite fille très gentille, est-ce que je peux l’amener aussi ? ».
« Ah, » répondit la grenouille, « normalement ce n’est qu’un concert pour les animaux. »
« Mais c’est une petite fille qui est très pauvre et elle n’aura pas de cadeaux dans la cheminée », répliqua le chaton un peu triste.
« Bon », dit la grenouille, « on va lui faire une surprise pour qu’elle passe au moins une jolie veillée de Noël ».
Ces deux se donnèrent alors rendez-vous à l’heure du coucher de soleil et le chaton repartit pour retrouver sa maman.
Evidemment, il ne se souvenait plus du chemin de retour et en regardant à droite et à gauche, il se trouva brusquement devant une boule presque aussi grande que lui. Il s’approcha doucement de cette boule et essaya de la renifler avec son petit museau.
« Aie, ça fait mal, pourquoi tu me piques ? » demanda-t-il.
« Je me défends, » répondit la boule, « parce que je ne sais pas si tu veux me faire du mal. »
« Mais je ne veux pas te faire du mal, je voulais juste savoir qui tu étais ? »
« Moi, je suis un hérisson, j’ai beaucoup de piquants sur le dos pour me défendre contre les prédateurs »
« Est-ce que tu sais chanter aussi ? » demanda le chaton.
« Non, je ne sais pas chanter, et si tu veux parler du concert des grenouilles, je n’ai pas envie d’y assister, ça me casse les oreilles ! »
« Mais que sais-tu faire ? » demanda le chaton.
« Je sais me mettre en boule, je sais courir même jusqu’à 7 km à l’heure s’il le faut, je sais creuser la terre et je suis le seul à avoir des piquants sur le dos contre les prédateurs. »
« Whoua, » fit le chaton « j’aimerais mieux être ton ami que de me frotter à tes piquants ! »
« Je veux bien être ton ami aussi, » répondit l’hérisson, « mais que fais-tu seul ici, tu es encore tout petit, est-ce que ta maman t’a donné l’autorisation de te promener tout seul ? »
« Non, justement, elle est allée chasser des souris et je voulais la rejoindre, alors je me suis perdu, et maintenant je ne sais plus retrouver mon chemin. »
« Bon, » dit l’hérisson « je vais t’y conduire, car je connais ta maman ».
Pendant qu’ils poursuivaient le chemin de retour, ils rencontrèrent un joli canard de toutes les couleurs.
« Oh, comme tu es beau », fit le chaton « qui es-tu ? »
« Moi, je suis le canard et je suis en train de chercher mes copains et mes copines, parce que nous allons chanter ce soir près du lac avec les grenouilles ».
« Ca alors », s’écria le chaton, » j’y vais aussi avec tous mes frères et sœurs ainsi que tous les copains. »
L’hérisson fit une grimace parce qu’il savait d’avance que ce concert serait horrible. Mais pour faire plaisir au chaton, il continua à poursuivre le chemin.
Arrivés à la demeure du chaton, celui-ci se fit gronder par sa maman et par la petite fille, parce qu’il n’était pas resté sagement à la maison. Mais sa maman n’était jamais longtemps fâchée et aussitôt, le petit chaton lui raconta tout excité que la grenouille les avait invités à la veillée de Noël.
A la tombée de la nuit, tous ce petit monde et la petite fille partaient vers le lac, d’autre se joignaient à eux et une fois arrivés, il y avait une foule de toutes sortes d’animaux autour du lac et sur le lac. Ils semblaient être tous très heureux de se trouver là. La petite fille était un peu gênée, mais cette gêne était vite effacée par l’accueil si bienveillant que lui réservaient tous les animaux.
Petit à petit tout le monde se mit en place, les grenouilles donnèrent le ton et les canards, les oiseaux, les chiens, les chats, les chèvres, les moutons, les ânes et même les loups et les renards se mettaient à chanter. La petite fille ouvrait grand ses oreilles devant ce spectacle. Et soudain, toute cette cacophonie se transforma en une musique céleste que même les hérissons appréciaient. La lune leur souriait et éclairait tellement la scène que tous les arbres semblaient être vêtus d’une robe argentée, ça brillait de partout et on aurait dit que toutes les étoiles étaient descendues sur terre pour illuminer ce beau concert.
Tout doucement, les canards, les poules d’eau et les cygnes s’écartaient sur le lac pour laisser place à un grand bateau blanc qui, accompagné par de beaux poissons luisants, voguait lentement vers la petite fille. Au fur et à mesure qu’il s’approchait, elle pouvait distinguer une multitude de petites lumières de toutes les couleurs qui scintillaient de partout. Lorsque le bateau fut tout près, elle vit un pont tout doré qui reliait le bateau blanc à la terre. Tout étonnés, la petite fille et les animaux regardaient ce pont et aperçurent le Père Noël qui, avec son gros sac, s’approchait d’eux. Les voix s’éteignaient, plus rien ne bougeait, tous les regards étaient fixés sur le Père Noël. Alors commença une grande distribution de cadeaux pour la petite fille et pour tous les animaux. Comme ils étaient très nombreux, il n’y avaient que de petits cadeaux, mais le plus beau cadeau était celui d’être tous bien ensembles...