Premier conte :
Face à l' adversité
Le maître zen Hakuin vivait dans une ville du Japon. On le tenait en haute estime et bien des gens venaient l'écouter dispenser ses enseignements spirituels. Un jour, la fille adolescente de son voisin tomba enceinte. Les parents de cette dernière se mirent en colère et la réprimandèrent pour connaître l'identité du père. La jeune fille leur avoua finalement qu'il s'agissait d'Hakuin. Les parents en colère se précipitèrent chez lui et lui dirent ne hurlant que leur fille avait avoué qu'il était le père de l'enfant. Il se contenta de répondre : "Ah, bon?".
La rumeur du scandale se répandit dans la ville et au-delà. Le maître perdit sa réputation ne plus personne ne vint le voir. Mais cela ne le dérangea pas. Il resta impassible. quand l'enfant vint au monde, les parents le menèrent à Hakuin en disant : "vous êtes le père, alors occupez vous en!" Le maître prit grand soin de l'enfant. Un an plus tard, prise de remords, la jeune fille confessa à ses parents que le véritable père de l'enfant était le jeune homme qui travaillait chez le boucher. Alarmés et affligés, les parents se rendirent chez Hakuin pour lui faire des excuses et lui demander pardon. "Nous sommes réellement désolés. Nous sommes venus reprendre l'enfant. Notre fille a avoué que nous n'étiez pas le père". La seule chose qu'il dit en tendant le bébé aux parents fut : "ah, bon?".
Citation des commentaires sur ce conte
Le maître réagit de façon identique au mensonge et à la vérité, aux bonnes nouvelles et aux mauvaises nouvelles. Il permet à la forme que prend le moment, bonne ou mauvaise, d'être ce qu'elle est. Ainsi, il ne prend pas part au mélodrame humain. Pour lui, il n'y a que ce moment, ce moment tel qu'il est. Les événements ne sont pas personnalisés et il n'est la victime de personne. Il fait réellement un avec ce qui arrive et ce qui arrive n'a aucun pouvoir sur lui... Il a pris soin de l'enfant avec beaucoup d'amour. L'adversité se transforme en félicité grâce à son absence de résistance. et répondant encore à ce que le moment présent exige de lui, il rend l'enfant quand c'est le moment de le faire.
Imaginez un instant comment un ego centré sur lui même aurait réagi au cours de ces divers événements.
cité par Eckhart Tolle dans Nouvelle Terre, p. 169-170.
Deuxieme conte , du V.N celui -là donné par une amie : Datura
Une jeune fille , prénommée Thi Kinh ravissante, vertueuse et douée fut donnée en mariage par sa famille à Thien Si, un jeune homme de la famille des Sung. Thi Kinh gérait du mieux qu’elle le pouvait son foyer pour donner à son mari le temps d’étudier. Un soir, fatigué par les études, Thien Si s’assoupit sur son fit. Sa jeune épouse, qui se livrait à des travaux de couture à son côté, aperçut un poil de barbe poussant à rebours sur le menton de son mari ; elle voulut la couper avec un couteau. Son mari, se réveillant en sursaut, crut que son épouse tentait de l’assassiner ! Toutes les explications et les supplications de la jeune femme ne réussirent pas à convaincre les gens de son innocence. Chassée de sa belle-famille la malheureuse épouse se déguisa en homme et se fit admettre comme jeune bonze à la pagode Vân, sous le nom de Kinh Tam.
Mais la beauté naturelle de Kinh Tam attisa les désirs de Thi Mau, la fille d’une famille riche du village, où était implanté le monastère. Cherchant en vain à séduire le jeune bonze, mais ne parvenant pas à concrétiser son dessein, Thi Mau se donna à un garçon de ferme.
Enceinte et blâmée par le village, elle rejeta la faute sur Kinh Tam. Le jeune moine chercha en vain à se défendre. Afin de calmer les esprits, le moine en chef de la pagode dut payer l’amende pour Kinh Tam pour obtenir sa liberté, mais ne l’autorisa alors qu’à s’abriter seulement sous le portique de la pagode. Quelques semaines plus tard, Thi Mau accoucha d’un garçon et vint le déposer à la pagode, pour l’abandonner et le confier aux soins du "père". Malgré son embarras, Kinh Tam prit en charge l’enfant. En dépit de l’hostilité des gens du village, chaque matin il allait mendier du lait pour l’enfant. Sa santé déclina quand son " fils " sut à peine parler. Il écrivit alors une lettre à ses parents, les priant de confier l’enfant au bonze en chef de la pagode à sa mort, puis il expira. C’est alors que la vérité éclata. En préparant le corps pour les funérailles, on découvrit avec stupéfaction que le moine Kinh Tam était en réalité une jeune femme !
Dès lors, la notion de sacrifice et de compassion de cette jeune femme, qui avait endossé deux rôles dans lesquels elle s’était totalement impliquée : celui de moine et de père de famille, en acceptant d’adopter l’enfant innocent victime, comme elle, du mensonge et de la calomnie. Du coup, son action de compassion et sa sainteté furent unanimement reconnues.
On représente souvent Quan Am tenant à la main un enfant, et elle représente également la déesse de la compassion