Oh, puisque Corine ne revient toujours pas, juste en attendant :
Le fleuve s’étirait dans le soleil levant,
Se frayant un chemin entre les bancs de sable.
Les vaches, lentement, s’en allaient de l’étable ;
Leur mufle tout mouillé humait le gout du vent.
Les oiseaux habitaient les buis de mon enfance.
Je revois le chemin qui conduit au ruisseau,
Où dans mes jeux d’alors voguaient mille bateaux,
Aujourd’hui disparus au long de mes errances.
Ecoute la chanson de l’eau frottant les pierres,
L’appel de la grenouille cachée sous les cailloux,
La libellule bleue, arrêtée, vent debout,
Les éclats de soleil dans un feu de lumière.
Dans ce matin d'automne, ton nom brule mes lèvres.
Je voudrais être un orfèvre venant graver le mot "Guenièvre".
Et même si le premier mai est passé :
A la pointe du jour,
Quand frissonne l’aurore,
Quand tous les mots d’amour
Dans mon cœur bruissent encore,
J’ai couru les sentiers
Près d’où j’avais, naguère,
Mes tous premiers baisers,
Posé sur tes paupières.
Que ce brin de muguet,
Poussé dans la clairière
Où je t’ai tant aimée,
Mette un peu de lumière,
Et dépose une étoile
Tout au fond de tes yeux.
Moi les miens ont un voile ;
Je crois bien qu’il y pleut.