La plume d'or 2010

http://www.wan-press.org/article18352.html

La plume d’or de la liberté est décernée à un journaliste iranien incarcéré

Ahmad Zeid-Abadi, un journaliste iranien et analyste politique qui a été emprisonné à la suite des élections présidentielles controversées de juin en Iran, a reçu la plume d’or de la liberté 2010, le prix annuel de la liberté de la presse de l’association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA).
Ahmad Zeid-Abadi est connu pour la lettre ouverte qu’il avait écrite en prison en l’an 2000 et dans laquelle il protestait contre le traitement infligé aux journalistes emprisonnés par les autorités judiciaires. La lettre avait été largement distribuée bien que les autorités eussent essayé d’enrayer sa publication. Son travail a conduit les autorités iraniennes à l’emprisonner une nouvelle fois en août pour six ans et à lui interdire à vie de pratiquer sa profession de journaliste. En annonçant la remise de ce prix, le conseil d’administration de la WAN-IFRA a déclaré : « Tous les journalistes sont conscients du danger encouru en défiant le régime autocratique du président Mahmoud Ahmadinejad et les actions du guide suprême iranien, Ali Khamenei. Ahmad Zeid-Abadi a choisi de les braver à plusieurs reprises et de soutenir publiquement les réformes et l’État de droit en Iran. Il a été condamné à six ans de prison, cinq ans d’emprisonnement en exil dans la ville de Gonabad et interdit de plume à vie, suite aux élections présidentielles controversées de juin. Ahmad Zeid-Abadi a refusé de capituler malgré les horribles conditions de détention et son courage nous remplit tous d’humilité. Nous espérons que la sentence d’Ahmad Zeid-Abadi sera annulée. » Ahmad Zeid-Abadi est le second journaliste iranien à recevoir le prix ces dernières années. Le premier avait été remis à Akbar Ganji en 2006. Ahmad Zeid-Abadi, qui a été emprisonné à plusieurs reprises depuis 2000, fait partie de la rafle systématique et la détention de douzaines de journalistes iraniens après les élections présidentielles controversées de juin. Il a comparu devant le tribunal en août avec plus de 40 autres journalistes et 100 éminents supporters du mouvement réformiste iranien qui ont été accusés de comploter pour renverser le régime clérical par une « révolution de velours ». Il a été condamné à six ans de prison. Au moins trente-six autres journalistes sont toujours détenus, certains purgeant des peines allant de cinq à neuf ans. Une semaine après le début de son procès, Ahmad Zeid-Abadi avait commencé une grève de la faim pour protester contre sa détention et avait été hospitalisé pendant 17 jours après avoir été trouvé sans connaissance dans sa cellule. Les contributions d’Ahmad Zeid-Abadi, l’ancien rédacteur en chef du journal Azad, ont paru dans le quotidien de Téhéran Hamshahari, au service de la BBC Perse et sur le site d’actualités anglo-persan Rooz. Il est membre de l’association des journalistes iraniens et a été élu président d’une des plus grandes organisations d’étudiants iraniennes, Iranian Alumni Association. Il est professeur en sciences politiques et a donné des conférences dans de nombreuses institutions universitaires, dont le groupe d’études iraniennes (Iranian Studies Group) au MIT à Téhéran. Ahmad Zeid-Abadi a gagné en notoriété après son arrestation en 2000 et en raison de sa lettre écrite en prison dans laquelle il accusait le système judiciaire d’aller à « l’encontre des critères et des mesures du Coran ». Il a été relâché sous caution en mars 2001, pour être ré-incarcéré moins d’un an plus tard, condamné à vingt-trois mois de prison et cinq ans d’interdiction de toute activité publique et sociale, dont le journalisme. Relâché en 2004, il s’est retrouvé en conflit avec le gouvernement pendant les élections présidentielles de 2005, lorsqu’il publia de nombreux articles appelant au boycott des élections nationales. Dans une interview suite à son incarcération il y a presque une décennie, Ahmad Zeid-Abadi avait ainsi décrit les conditions de détention dans la fameuse prison Evin : « Le sentiment de désespoir qu’ils créent en prison est si grand que vous avez l’impression que c’est la fin du monde. Les criminels violent notamment les nouveaux venus. Et lorsque vous êtes promené partout les yeux bandés, que vous entendez des hurlements horribles et terrifiants et que l’on vous met dans une minuscule cellule, vous avez l’impression que vous ne retournerez plus jamais à la vie normale. »

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