La Plume Ivre...
Une plume pressée courait sur le cahier.
Elle grinçait, s’envolait, effrénée, insolente.
Jonglait avec les mots, sans aucune pitié.
Effaçait, raturait, jouait à l’impertinente.
Ouvrait les guillemets sur des paroles suaves,
Bousculait les virgules et points d’exclamation !
Mélangeait les accents, qu’ils soient aigus ou graves.
Ouvrait les parenthèses sans rien mettre dedans.
Les temps n’existaient plus. “Je t’aime ou t’aimerai”,
Le présent, le passé, le futur, mais qu’importe !
La plume déchainée point ne se morfondait
Puisque le verbe “aimer” à tous les temps s’emporte !
Mais lorsque l’encrier fut tout à fait tari,
La plume, dégrisée, s’arrêta, sans un bruit.
Une main bienveillante remit tout à sa place ;
Et le texte, ma foi, ne manquait pas de grâce.
Lei