MON BATEAU IVREJ’ai traîné mon cargo au long des continents,
-Il a tant vu de grains, de tempêtes, d’orages !-
S’il est encore debout malgré tous les brisants,
Un jour, il voguera vers son dernier voyage.
Mon enfance est si loin ! Mon ancre y a sombré
Et de naître à la fin, j’ai tant compté de pas !
Comment croire en la vie, s’il faut s’en séparer ?
Faut partir si vite ! Pourquoi ? Pour où ? Déjà !
Lorsque je m’en irai sur un bateau tout blanc,
Quand je prendrai la mer pour la dernière fois,
Tout en perdant le Nord, j’irai vers le néant
Et là, je serai seule et libérée de toi !
Tu n’a pas su m’aimer, tu n’as su que me dire...
J’ai connu, près de toi, le meilleur et le pire ;
M'enfuyant pour la vie afin de t’oublier
En brisant les maillons des amours suicidés.