Le bateau ivre
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 LA REDEMPTION

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aristee
Sacrée Pipelette
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptySam 19 Fév - 8:34

Très haut dans le ciel, une alouette chantait.
Dans le champ que Serge côtoyait, les
graines de tournesol commençaient à lever, et si le ciel, presque uniformément
bleu, n’était orné, que de quelques nuages blancs décoratifs, un vent très
frais, rappelait que nous n’étions qu’au tout début du mois d’Avril. La nature
dégageait une impression de sérénité.


Vêtu d’une simple chemise et d’un pantalon de
gabardine, Serge frissonna, les beaux jours n’étaient pas encore là. Dans tous
les sens de l’expression, les beaux jours n’étaient vraiment pas là pour lui.
Certes, en ce qui concerne le temps, ils n’allaient pas tarder à venir, en
revanche, Serge ne voyait pas la fin des tourments qui s’étaient abattus sur
lui !


C’était un garçon de 22 ans, assez bien bâti.
Son visage mince et sa chevelure brune et courte, son maintien un peu guindé,
lui donnaient un air assez british, qu’il cultivait certainement.


Dans un cadre agréable, il marchait lentement,
mais, plongé dans de profondes réflexions, il ne pouvait apprécier pleinement les
beautés environnantes.





Sa
courte vie, jusqu’alors, avait été des plus douces, et normalement, il devait
terminer dans quelques mois, une maitrise de droit. Pourtant, à ce moment
précis, son avenir était tellement incertain, qu’il n’était même plus assuré de
pouvoir aller jusqu’au bout de ses études.


Le drame avait éclaté l’avant-veille.


Son père, dirigeait une fabrique de meubles de
25 employés, qui, pour tout le monde, semblait en pleine prospérité, et
pourtant, dans ce ciel qui paraissait bleu, un coup de tonnerre, venait
d’éclater.


Marc
Laviron, désireux d’épargner sa famille, n’avait parlé à personne de ses
difficultés, jusqu’à l’avant-veille, quand sa société avait été mise en liquidation. Il n’avait plus été question
de cacher la douloureuse réalité.


C’était lui qui avait créée sa Société, c’était
lui qui l’avait développée, et pour
Marc, elle était toute sa vie. A un point tel, qu’il avait commis l’imprudence,
de tout miser sur elle, et de donner ses biens personnels, en garantie de ses
emprunts. Du jour au lendemain la
famille, voyait surgir le spectre de la pauvreté, et la charge de lourdes
dettes à assumer.


Serge, était l’ainé de trois enfants. A ce
titre, il se sentait investi d’une responsabilité familiale de premier plan.


Son père était depuis quarante huit heures, une
loque, incapable de prendre la moindre décision. Il ne savait que répéter sans
fin : « Je ne savais pas, je ne savais rien ». Lorsqu’on lui
avait demandé ce qui s’était passé, il n’avait su que répéter cette même
phrase, en ajoutant seulement : Je jure que je ne savais rien.


En fait,
il devait bien se douter de quelque chose depuis un certain temps, c’est en
tout cas ce que pensait tristement Serge.


Lorsque, le matin même, le jeune homme l’avait
supplié de dire au moins ce qu’il avait ignoré, et qu’il connaissait
maintenant, il s’était contenté de dire : Dufour.


Denis Dufour, un vieil ami de la famille, après
avoir franchi plusieurs échelons, était devenu le chef comptable de la société,
depuis une dizaine d’année, et occupait pratiquement les fonctions de bras
droit de Marc.


Puisque son père était pour l’instant incapable
de s’expliquer, et afin d’en savoir plus, Serge avait pris la décision de se
rendre chez Dufour.


Lui, au
moins, pourrait expliquer ce qui était arrivé, et comment cela avait pu
survenir. Arrivé chez l’homme de confiance de son père, il trouva sa femme, triste et abattue. Elle lui
dit qu’elle n’avait pas eu de nouvelles de son mari depuis 48 heures, et ignorait
totalement où il était. Devant l’insistance de Serge, elle finit par avouer sa
crainte qu’il ait « fait des bêtises ». Mais le jeune garçon ne put
pas obtenir plus de précisions. Elle semblait d’ailleurs ne pas très bien
connaitre les activités de son mari.


C’était en sortant de la maison du chef
comptable, que Serge avait décidé de faire un tour dans la campagne, pensant
que la pureté de l’air et du paysage pourrait peut être lui permettre de
retrouver un peu de sérénité et d’avoir une idée plus nette de la situation.
Les pensées roulaient dans sa tête, sans ordre, ni enchainement, et, c’est
l’esprit tout aussi confus qu’il rentra chez lui.


Jeanne sa sœur de 17 ans, qui avait toujours
été vive, sensible, et proche de lui, se jeta à sou cou, en lui disant :


-
J’avais peur que tu ne sois parti. Dis-moi, Serge, que
se passe-t-il exactement ? Tu ne nous abandonneras pas ?


-
Où es-tu allée chercher cette idée ridicule ?
Pourquoi voudrais-tu que je parte ? Et où ? Non, soeurette, il faut
au contraire que nous fassions front tous ensemble. Je suis allé chez Dufour
pour lui demander des explications, mais sa femme, qui semble aussi «
sonnée que nous, ne l’a pas vu depuis deux jours.


-
S’il est parti, c’est peut être bien parce qu’il est
coupable ? Il faut le rattraper. Que pouvons-nous faire ?


-
Il faut absolument que l’on parvienne à faire parler
papa. Il doit tout de même avoir quelques éléments en sa possession. Il n’est
pas possible qu’il n’ait pas eu, au moins quelques doutes sur la situation de
sa société. Viens avec moi, nous allons l’interroger.


Le
frère et la sœur, trouvèrent leur père dans le salon, avachi plutôt qu’assis
dans un fauteuil, il avait le regard fixe, et ne fit pas un geste lorsque ses
enfants entrèrent dans la pièce.


Serge
se posta en face de lui, et avec le maximum d’autorité dans la voix, lui dit
qu’il était temps de voir les choses en face pour trouver une solution. Il lui
dit qu’il venait de chez Dufour, qui semblait avoir disparu, ce qui constituait
sans doute un aveu de malversations.


-
Papa dit-il, il est indispensable que tu reprennes tes
esprits et que nous parlions de ce qui s’est passé.


-
Je ne savais rien, je n’étais pas au courant.


-
Nous te croyons. Tu ne savais rien, mais maintenant, tu
sais. Alors tu vas nous dire ce que tu sais.


-
A quoi bon ? Tout est fini.


-
Tu n’en sais rien, et puis, songe que tu es le chef. Tu
as 25 employés qui ont toute confiance en toi. Pour eux, si ce n’est pas pour
ta famille, tu dois reprendre les choses en mains, avec mon aide.


-
Mais mon garçon, tu es trop jeune. Il n’y a rien à
faire.


Serge se mit en colère. Il éleva le ton, fit
remarquer qu’il avait 22 ans, et que même si la situation financière était
difficile, ils avaient, tous, dans la famille, au moins une chose à sauver,
c’était l’honneur.


Il n’avait pas lancé cette expression un peu
pompière au hasard. Il savait que son père était un homme droit, et que l’appel
à son honneur avait quelques chances de le faire sortir de son attitude
prostrée.


Son calcul s’avéra judicieux.


-
Je vous l’ai dit, je n’étais au courant de rien. Le
seul reproche que l’on puisse me faire c’est de ne pas avoir surveillé Dufour,
en qui j’avais toute confiance. Or, il s’avère que ce misérable, avait de gros
besoins d’argent. Je pense qu’il avait du perdre beaucoup au jeu, et, de
surcroit, mais à ce sujet, je n’ai pas de
preuve formelle, il semblerait que, poussé par une maitresse intéressée,
il ait détourné des fonds également pour cette dame qui se serait constitué un
magot. Même si nous parvenions à attraper Dufour, comme il a vraisemblablement
tout dépensé, nous ne pourrions pas indemniser nos créanciers. Tout est perdu.


Monsieur Laviron venait de prononcer ces
derniers mots, lorsque sa femme entra.


C’était une personne encore jeune, élégante,
bien faite, parée de bijoux, mais son regard dur, et son allure hautaine ne la
rendait pas très sympathique.


-
Rends-moi cette justice, Marc, devant les
enfants : J’ai toujours dit que tu étais un incapable. Tu as bénéficié de
la chance pendant quelques années, mais il était fatal qu’un jour ou l’autre,
tu te casserais la figure. Tu n’as pas le sens des affaires. Heureusement pour
moi, j’avais pris mes précautions. J’ai mis l’héritage de mes parents à l’abri,
en achetant une maison, qui m’appartient exclusivement, et, par ailleurs, j’ai
de quoi vivre. Alors, je vous laisse, toi, Marc et les enfants. Débrouillez
vous. Un déménageur viendra demain. Je vais emporter les quelques meubles qui
viennent de mes parents, sauf la chambre de Jeanne que je lui laisse en cadeau.


Cette déclaration agit comme un électrochoc
sur Marc, qui se leva, et asséna une gifle magistrale à sa femme.


( A suivre)
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Anne
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptySam 19 Fév - 9:12

Ouah voici une histoire qui va nous faire découvrir sous un autre jour les bas-fonds de l'âme humaine.
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptySam 19 Fév - 14:18


Houla ça démarre forrt !
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aristee
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyDim 20 Fév - 14:53

-
Tu es une misérable ! J’ai acheté les plus beaux
bijoux pour toi, je t’ai fait une vie
aisée, débarrassée de tout souci matériel, et maintenant comme il y a des difficultés,
tu pars. Je suppose que depuis un certain temps, tu dois avoir un amant. C’est
avec lui que tu pars ?


-
Cette gifle, Marc, tu me la paieras chère ! En ce
qui concerne les bijoux, tu me les as donnés, ils sont à moi, ne compte pas que
je te les laisse. Enfin en ce qui concerne mon amant, je n’ai plus de compte à
te rendre. Tu ne t’inscris plus dans mes projets avenir.


Serge et Jeanne se précipitèrent ensemble sur
leur mère, la prenant chacun par un bras.


-
Maman, ce n’est pas possible que ce soit toi qui parles
de cette façon ! cria Jeanne. Si c’était vrai, ce serait trop affreux


Puis, Serge, après avoir regardé longuement sa
mère, et lui lâchant le bras, laissa tomber d’un air désespéré :


-
Si, Jeanne, ce que dit maman, elle le pense réellement.
Il suffit de la regarder. C’est horrible à dire, mais nous avons une mère
dénaturée. Ou, plus exactement, nous n’avons plus de mère, puisqu’elle nous
quitte. Consolons- nous, ajouta-t-il en pensant que cette femme n’est plus ton
épouse, papa, qu’elle n’est plus notre mère, Jeanne, autrement, elle nous
ferait trop honte.


Pendant que Marc, Jeanne et Serge,
s’étreignaient et s’embrassaient, Marthe Laviron, les regardait avec dédain et
sortit en prononçant ces derniers mots.


-
Vous êtes bien tous de la même race : Celle des
vaincus. J’avais oublié de le dire, mais il est évident que je pars avec
Nicole. A dix ans, elle est encore malléable, et je l’élèverai à ma manière,
pour qu’elle soit aussi toujours du côté des vainqueurs.


Lorsqu’elle fut sortie de la pièce, Marc,
effondré, se laissa tomber dans un fauteuil en murmurant.


-
C’est impossible ! Ce n’est pas elle !! Elle
a raison sur un point : Je suis nul, nul, archi nul…. Je n’ai pas su voir
que mon chef comptable et ami était un escroc, je n’ai pas envisagé une seule
seconde que Marthe, était une mauvaise femme et une mauvaise mère. Dites moi
les enfants, très franchement, vous doutiez-vous qu’elle était comme ça ?


-
Non papa répondit Serge, pas à ce point là. C’est vrai
que notre mère n’a jamais été très affectueuse, ni avec Jeanne, ni avec moi. De
plus, je dois le dire, je trouvais exagérée la façon dont elle gâtait Nicole,
et j’en étais un peu jaloux….. Il est vrai qu’elles se ressemblent beaucoup.


-
Mes enfants, dit Marc, j’espère que vous pourrez me
pardonner un jour de n’avoir rien vu venir, ni dans ma société, ni dans mon
ménage.


Il
y eut un très long silence durant lequel les trois protagonistes
réfléchissaient à ce qui venait de se passer. C’était extrêmement grave pour la
famille qui venait de voler en éclats. Après avoir perdu sa Société, Marc n’avait plus de femme, quand à Serge et Jeanne, ils n’avaient plus de
mère. C’était un cataclysme ! Après les problèmes matériels qui
s’annonçaient dans un avenir très proche, le désespoir s’installait brusquement
dans une famille qui vivait normalement il y a trois ou quatre jours encore.


Marc se demandait pourquoi sa femme partait
avec l’un de ses enfants et non pas tous les trois, lorsqu’en une fraction de
seconde, il comprit la réponse à cette question, et il l’expliqua à ses deux
enfants.


- Je crois, je
sens, que votre sœur Nicole, ne doit être que votre demi-sœur, puisqu’elle
l’emmène avec elle. J’ai maintenant la quasi-certitude que ce n’est pas ma
fille, mais sans doute celle de son amant.



Jeanne, fut tout de suite d’accord avec son père. Elle dit avoir senti une chose anormale. La fillette faisait
toujours bande à part, et ne répondait jamais aux marques d’affection
qu’essayaient de lui prodiguer ses deux ainés.


Dans cette débâcle générale, la seule mince
consolation que pouvaient retirer le père et ses deux enfants, c’était la
sensation de faire bloc contre les coups de la destinée.


Comme Marthe entrait dans le salon pour
prendre les bustes de Molière et de Voltaire qui lui appartenaient, Marc en
profita pour lui dire.


-
Tu as raison sur un point. J’ai été aveugle, aussi bien
dans ma société que dans mon ménage, mais du moins, ces chocs successifs m’ont
ouvert les yeux. J’aimerais bien savoir si à défaut de cœur, tu as au moins une
once de franchise. Vas-tu reconnaitre que Nicole n’est pas ma fille.


-
Tu en as mis du temps à t’en apercevoir !!
Pourtant il est évident qu’elle n’a rien, absolument rien de toi. Elle est
fine, intelligente, affectueuse, elle a les pieds sur terre, et tu n’as rien de
tout cela.


-
Si elle a toutes ces qualités, elle ne les tient
certainement pas de toi. A part les pieds sur terre dans le mauvais sens de
l’expression, celui du goût immodéré pour l’argent.


Avec un air méchant, Marthe répondit, qu’en
effet, sa fille avait pris beaucoup des qualités de son vrai père.


Comme Marc essayait de savoir, qui était ce
merveilleux père de Nicole, elle répondit que puisqu’il était subitement devenu
clairvoyant, il le devinerait bien tout seul, et elle sortit en emportant
précieusement les deux bustes.


Lorsqu’ils se retrouvèrent tous les trois, et
après un moment de silence, Serge fit remarquer qu’en quelques heures, Dufour
était parti et que sa mère partait à son tour, et il se demandait s’il n’y
avait là qu’une simple coïncidence.


Il est certain, lui répondit son père, qu’il y
avait un lien de causalité, puisque Dufour était parti, parce qu’il était
responsable de la faillite, et que Marthe partait, parce que du fait de la faillite,
la famille étaient ruinée.


-
Ce n’est pas à cela que je pensais papa. Nous sommes
tous les trois bruns, alors que Nicole est blonde, très claire ….comme Dufour.
Alors…..


-
Après un nouveau long silence, Marc, un peu plus tassé
sur lui-même, admis qu’il pouvait y avoir là, autre chose qu’une simple
coïncidence, et il ajouta.


-
Ces deux là m’auront fait boire le calice jusqu’à la
lie. Je suis persuadé que tu as raison, mon fils, c’est Dufour qui est le
fossoyeur de ma société et de notre famille.


Et il retomba dans l’atonie complète qui était
son état normal depuis l’annonce de sa faillite.
( A suivre)
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyLun 21 Fév - 8:52

CHAPITRE 2














C’est vers 18 heures que Marthe Laviron, une valise dans chaque
main, accompagnée de Nicole, sortirent de la maison. Au passage, Marthe avait
déposé une lettre sur la table de la salle à manger, puis après avoir monté ses
valises dans le coffre de sa voiture (Que Marc lui avait offerte au dernier
Noël), elle se mit au volant, et sortit du jardin de la maison, sans le moindre
regard en arrière, vers les vingt années, passées là, avec son mari et ses enfants.


Serge
qui guettait depuis plus d’une heure, à côté de son cyclomoteur, derrière une
haie de troènes, bondit sur son véhicule et entreprit de filer sa mère. Si elle
partait rejoindre son amant, si ce dernier était bien Dufour, et qu’il ne se
trouve pas trop loin, peut être pourrait-il repérer l’endroit où ils s’étaient
cachés. Il avait eu le temps de réfléchir, et se rendait parfaitement compte
que son calcul comportait beaucoup de « si », mais n’y aurait-il
qu’une chance sur cent de réussir, la tentative valait la peine.


Avec son casque intégral sur la tête, et perdu
au milieu d’autres deux roues, il ne risquait pas d’être reconnu en roulant à
une centaine de mètres de sa mère.


Sur la route nationale, la circulation était
assez dense, et comme les limitations de vitesse étaient nombreuses, il suivait
l’automobile sans trop de difficulté. Cependant, ils roulaient depuis trois
quart d’heure, et Serge, commençait à se demander s’il aurait assez d’essence
pour aller beaucoup plus loin, lorsque le véhicule tourna sur la droite pour
emprunter une voie secondaire. La filature allait devenir plus difficile, car
la circulation étant très peu dense sur cette petite route, et il risquait de
se faire repérer.


Ils roulaient depuis 5 minutes lorsque sa mère
ralentit, mit son clignotant, et entra dans l’allée d’une propriété privée.
Serge s’arrêta au bord de la route, prêt à faire semblant de regarder un
problème sur sa roue arrière si la
voiture ressortait, et comme il n’en était rien, il enfourcha sa mobylette et
passa lentement devant la propriété.


Au bout d’une allée de platanes, d’une
cinquantaine de mètres, il vit la voiture de sa mère arrêtée devant une maison
cossue.


A l’entrée de l’allée, sur l’un des piliers du
portail, ouvert semblait-il en permanence, il vit le nom de la propriété qui
avait du demander un puissant effort intellectuel au propriétaire :
« Les Platanes ».


Il savait désormais où demeurait sa mère, et
sans aucun doute son amant.


A 1 kilomètre plus loin, se trouvait l’entrée
d’un gros bourg.


Serge s’y rendit et entra dans un café pour se
désaltérer et se livrer à une petite enquête.


Après avoir dit au patron, qu’il avait
beaucoup de chance de vivre dans une aussi jolie région, il dit être passé
devant une magnifique propriété, qui s’appelle Les Platanes.


Le propriétaire du bar, très bavard, expliqua
que cette propriété appartenait à un monsieur Langlois, extrêmement sympathique
et très simple, qui venait souvent prendre une consommation et parlait avec
tout le monde.


Malheureusement, ce monsieur Langlois n’avait
qu’une fille, qui habitait à Riom dans le Puy de Dôme, et il avait vendu Les Platanes
pour se rapprocher d’elle. Depuis 6 mois, il y avait un nouveau propriétaire
que personne ne voyait, et qui n’avait jamais mis les pieds au café (Ce qui
classait l’homme parmi les gens peu intéressants, dépourvus de savoir-vivre).
Il ne savait même pas son nom.


Sa consommation absorbée et réglée, Serge reprit son cyclomoteur et
revint sur ses pas. Il s’arrêta juste après le portail d’entrée de la
propriété, posa son véhicule contre le mur qui clôturait latéralement la propriété
et revint à pied vers le portail. Il aperçut alors deux jeunes filles à
bicyclette qui roulaient vers la sortie. Serge revint en courant, se cacher
derrière le mur à côté de son cyclomoteur et vit passer les deux jeunes filles
qui, elles, ne le remarquèrent pas.
L’une d’elle était sa demi-sœur Nicole.


Revenant de nouveau vers le portail, Serge vit
qu’il y avait du courrier, dans la boite aux lettres fixée sur l’un des
battants du portail métallique. Après s’être assuré que personne ne se trouvait
à proximité, il entra dans l’allée, contourna le portail et constata que la
boite contenait un journal et 3 lettres. Après une brève hésitation, il remit
le journal dans la boite, et empocha les trois lettres, puis reprit son
cyclomoteur pour rentrer chez lui.


Une fois dans sa chambre, il constata que les
lettres étaient adressées à Denis Dufour.


Il avait donc bien établi que sa mère, avec
Nicole, étaient chez Denis Dufour, lequel était propriétaire depuis 6 mois
d’une splendide propriété.


Serge
était un peu surpris par la rapidité avec laquelle il avait pu réunir des
éléments importants, et en particulier avait pu trouver l’adresse à laquelle se
trouvaient sa mère, sa sœur et Dufour.


Il commença par vérifier sur l’annuaire
téléphonique s’il n’y avait pas de Denis Dufour dans le village où était située
la propriété. Il n’y avait personne. Dufour avait tout de même pris la
précaution élémentaire de se mettre sur liste rouge.


Dès que son père entra, Serge lui raconta en
détail l’enquête à laquelle il s’était livré, et conclut :


-
Tu vois papa, tout n’est pas perdu. Il faut absolument
accumuler les preuves concernant la responsabilité de Dufour dans l’état de la
société, et il y aura certainement une possibilité de le faire arrêter et de
récupérer une partie de ses détournements, en vendant sa propriété.


Monsieur Laviron était sceptique. Il ne
pouvait admettre que Dufour, qui était un escroc, mais très intelligent, ait pu
commettre la bêtise d’acheter une propriété à moins de trente kilomètres de la
fabrique de meubles.


-
Tu sais, papa, lui répondit Serge, c’est précisément
parce qu’ils se croient plus intelligents que les autres, que ces individus commettent
des imprudences. En tout cas, maman, Nicole et Dufour habitent bien dans une
propriété, qu’il a achetée il y a 6 mois. Je suis formel, ils sont là.


Il est évident que nous devons saisir un
avocat rapidement, ce dont je me charge, si tu le veux bien, et de ton côté, il serait bon que tu rassembles
tous les éléments prouvant les malversations de Dufour.



Un peu dopé par l’énergie de son fils, Monsieur Laviron semblait
reprendre du poil de la bête, et lui fit part de la possibilité pour lui, de
trouver, au moins partiellement les détournements effectués. Il possédait des
documents qu’il faudrait étudier de près.


-
A propos, demanda Serge, j’ai guetté le départ de maman
dans le jardin. Je n’étais donc pas là quand elle est partie de la maison.
Comment s’est passé son départ ?


-
Elle n’a pas dit un mot. Elle a déposé une lettre sur
la table de la salle à manger, une lettre sans aucun intérêt, dans laquelle
elle s’était contentée de me traiter de nul, sans ambition réelle, et que sa
vie désormais allait être beaucoup plus agréable avec l’homme qui en était un
réellement, et son seul enfant qu’elle
aimait. Je ne parviens pas à comprendre la raison pour laquelle elle nous
déteste tant.


-
Je crois papa, qu’il vaut mieux admettre que c’est une
malade, et essayer de ne penser à elle, que le moins possible.


-
Ta position est peut être raisonnable, mais en
pratique, c’est difficile, bien difficile.


-
C’est vrai,
c’est très difficile. Personnellement j’ai beaucoup de mal à admettre, que
celle qui est ma mère, ait pu ne pas m’aimer. C’est même affreux. Mais nous
devons essayer de mettre cela de côté pour l’instant. Nous devons nous battre,
pour nous en sortir, et nous avons déjà un petit avantage. Nous savons où ils
habitent, et ils ne s’en doutent pas. C’est important. Ce que je ne comprends
pas, c’est pourquoi, Dufour a acheté une propriété aussi proche de notre
domicile.


-
Je me suis
fait la même réflexion. Maintenant, il, n’est pas certain qu’il ait acheté.
Peut être n’est-il que locataire ?


-
Tu as raison papa, c’est le problème que je vais tirer
au clair en priorité. Mais quelque chose me dit qu’il est vraiment le
propriétaire des Platanes. D’ailleurs, le cafetier du village m’avait bien dit
que l’ancien propriétaire avait vendu, et non loué, sa propriété
( A suivre)
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyMar 22 Fév - 9:07

Le lendemain
matin, Serge partit sur son cyclomoteur en direction de la propriété habitée par
sa mère. Avant d’aller se renseigner au cadastre, il résolut d’aller voir, avec
précaution, combien de personnes vivaient là. Il était certain qu’il y avait sa
mère, sa jeune sœur, une autre jeune fille, et peut être Dufour, mais après
tout, ce n’était pas certain. Peut être y recevait-il son courrier seulement.


Après avoir mis son cyclomoteur dans un fourré, à
l’extérieur du mur d’enceinte, il vint devant le portail. Il n’y avait personne
dans l’allée, et aucune automobile n’était visible devant la maison. Le temps
était frais, le ciel gris, et un léger crachin commençait à tomber. Serge pensa
que la pluie lui serait favorable, puisque les habitants de la propriété
hésiteraient à sortir, aussi, il entra résolument dans l’allée, puis obliqua à
gauche pour progresser le long d’une rangée de thuyas. Il fut arrêté par une
deuxième rangée de thuyas, perpendiculaire à la première. Il essaya de voir de
l’autre côté de la haie, avant de prendre la décision soit de retourner, soit
de trouver un passage pour se rapprocher des bâtiments. La pluie maintenant
tombait assez drue, et il se sentait en sécurité, lorsqu’une voix derrière lui,
le fit sursauter.


-
Où allez-vous, monsieur ?


Serge se retourna brusquement, pendant que son cœur se
mit à battre la chamade. Une jeune fille le regardait, et attendait sa réponse.
Il s’agissait de celle qu’il avait vu passer à bicyclette, en compagnie de sa
sœur. Comme paralysé, il ne savait que dire, aussi, réitéra-t-elle sa question. Après un nouveau
silence, il finit par dire :


-
Veuillez m’excuser. Je suis un incorrigible
curieux. De la route j’ai vu que cette propriété devait être magnifique,
et j’ai voulu la voir de plus près.


-
Avouez que votre réponse est bizarre ? Vous vous
promenez à pied sous la pluie, et au risque de vous tremper, vous entrez dans
une propriété privée ? Je ne vous crois pas. Qui êtes-vous ? Que
voulez-vous ?


La jeune
fille n’était pas menaçante, mais elle semblait bien décidée à connaitre la
vraie raison de la présence de Serge dans le parc.


La pluie redoublant
de violence, elle lui proposa d’aller se mettre à l’abri, dans une petite
remise, pour pouvoir s’expliquer tranquillement. La jeune fille n’était
nullement effrayée de se retrouver avec un inconnu qui pourtant avait des
agissements curieux.


Ils coururent, elle devant, et Serge la
suivant, vers un petit bâtiment dont la vieille porte, était ouverte. Une automobile,
très ancienne, sale, couverte de toiles d’araignée, et de vieux outils hors
d’usage avaient été entreposés dans cette petite grange.


-
Monsieur, dit-elle, je ne crois pas à votre histoire de
curiosité par un temps pareil. J’attends vos explications.


Mais, tous
les deux, nous sommes trempés. Si vous voulez bien me donner votre parole que
vous ne partirez pas, je vais aller me changer et je vous apporterai des
vêtements secs.


Serge
lui promis de ne pas bouger jusqu’à son retour, et elle partit en courant sous
la pluie.


Pendant son
absence qui dura une quinzaine de minutes, Serge, enleva sa chemise, s’en
servit pour se frictionner et se réchauffer, puis, chercha un siège. Il trouva
un vieux banc, pas trop bancal, et, enleva la poussière avec un chiffon
récupéré dans la vieille voiture, dont les sièges étaient complètement
défoncés.


Sous un parapluie, car la pluie continuait à tomber, la
jeune fille, qui s’était chaudement vêtue, apporta à Serge un pantalon, une
chemise et un pull over.


Vous pouvez vous changer, pendant que je vais à la porte
regarder la pluie tomber, ce que j’adore, et je compte sur vous pour me dire
toute la vérité quand vous serez réchauffé.


Les vêtements étaient à la fois trop larges et trop courts pour Serge, le pantalon lui arrivait à
mi mollet, alors qu’à la ceinture, il faisait 10 tailles au dessus de celle du
jeune homme, mais il était au sec ce qui était appréciable.


La jeune
fille éclata de rire lorsqu’elle vit le jeune homme ainsi habillé, et lui dit
qu’il avait beaucoup grandi durant son absence. Puis, elle lui expliqua que ces
vêtements étaient ceux de son grand père, qui n’était pas très grand, mais
possédait un abdomen copieux. Enfin, redevenant sérieuse, elle lui demanda, qui
il était, et ce qu’il était venu chercher dans la propriété.


-
Soit. Je vais me présenter, puis, si vous le voulez
bien, vous me direz votre nom et je vous donnerai les explications que vous me
demandez. Je m’appelle Serge Laviron.


-
Laviron ? Vous êtes apparenté à Nicole
Laviron ?


-
C’est ma sœur.


-
Ah ?
je commence à voir. Je m’appelle Agnès Dumontel. Mon père est le jardinier de
cette propriété depuis 15 ans. Le nouveau propriétaire a bien voulu reconduire
son contrat. Je vous écoute.


Rassuré
par le fait que la jeune fille n’avait aucune parenté avec Dufour, Serge,
décidement très vite en confiance, raconta en détail, la faillite de son père,
due à Dufour, qui semblait être l’amant de sa mère. Par ailleurs, il lui apprit
que sa sœur Nicole pourrait bien n’être que sa demi-sœur, puisque le père
serait peut être Denis Dufour.


Agnès
avait attentivement écouté les explications de Serge, et semblait compatir avec
le jeune homme qui voyait tomber sur lui, en quelques jours, de nombreux et
graves problèmes.


Il n’y avait
aucun antagonisme dans la conversation entre les deux jeunes gens, et Agnès,
d’ailleurs ne cacha pas que le nouveau propriétaire était beaucoup moins
sympathique que l’ancien. Hautain, souvent désagréable, il avait la critique
facile, et son père, pourtant passionné par le travail qu’il faisait dans la
propriété, avait dit à plusieurs reprises, qu’il ne pourrait pas supporter très
longtemps le nouveau patron.


Serge expliqua,
qu’il était important pour lui de savoir où demeurait Dufour, car, il entendait
bien le faire poursuivre pour malversations dans la société de son père. Agnès lui apprit que l’achat de la propriété
avait été réalisé en un temps record. Il était venu la visiter en compagnie
d’une dame qu’elle savait maintenant être la mère de Serge. Il avait voulu
signer séance tenante un compromis de vente, et avait proposé de verser comptant la moitié du prix convenu, à
condition de pouvoir occuper les lieux un mois plus tard, donc, avant les
signatures définitives de l’acte de propriété. L’ancien propriétaire avait
accepté. Cela s’était passé il y a 6 ou 7 mois.


Muni de tous
ces renseignements, Serge pensa à rentrer chez lui, mais d’une part il ne
pouvait remettre ses vêtements trempés pour rentrer à cyclomoteur, et d’autre
part, il hésitait à repartir avec les vêtements du grand père.


C’est Agnès qui
proposa une solution.


-
Vous allez chercher votre cyclo, et le rentrer dans
cette vieille grange où personne ne vient. Pendant ce temps, j’irai chercher la
voiture de mon père, et si vous n’avez pas trop peur (Je n’ai mon permis que
depuis 3 mois) je vous raccompagnerai chez vous. Dans la voiture, votre
accoutrement ne se verra pas.


-
Vous êtes trop
gentille, mademoiselle. Mon père me ramènera demain pour que je vienne
rechercher mon cyclomoteur, et je vous rendrai bien sûr, les vêtements de votre
grand père.


-
D’accord, mais
demain, arrêtez-vous, un peu avant la propriété et téléphonez moi sur mon
portable. Je vous dirai si la voie est libre.


Elle
donna le numéro de son portable, et tout se passa comme elle l’avait proposé.





Serge se
demandait comment il avait pu raconter tous ses malheurs à une jeune fille
qu’il ne connaissait pas, mais ne s’attarda pas sur cette question. Il y avait
des problèmes plus importants à régler.


Une fois rentré
chez lui, et habillé plus décemment, Serge appela son père et sa sœur pour leur
indiquer tous les éléments qu’il avait pu rassembler.


-
Parfait, dit monsieur Laviron. Tu as fait un important
travail. Je suis fier de toi. Je vais demander à un huissier de constater que
votre mère a quitté le domicile conjugal, et qu’elle vit chez un autre homme.
Elle sera coincée.


-
Papa, je ne suis pas d’accord avec toi. Le problème de maman, pour important qu’il
soit, compte tenu des autres qui se posent, n’est que secondaire. Ce qu’il
faut, en priorité, c’est, prouver les malversations commises par Dufour, puis
le poursuivre pour récupérer le maximum des fonds détournés.


-
Je crois
malheureusement que ta mère avait raison. Je ne suis pas à la hauteur des
évènements. C’est en effet par Dufour qu’il faut commencer.


-
Non papa, maman
n’avait pas raison. C’est toi qui as monté et fait prospérer ta fabrique de
meubles. Tu as donc de grandes qualités d’homme d’affaires. Mais actuellement,
et c’est bien normal, après tous les coups que tu as subis, tu n’as plus les
idées bien en place. Il faut attendre un peu, et ça va aller. A nous deux, nous parviendrons à
lui faire rendre gorge, j’en suis persuadé.


Je le
répète, il faudrait avoir des preuves contre Dufour. La difficulté, est que tu
ne peux plus te rendre à la société, pour aller consulter la comptabilité.


-
C’est vrai, je ne peux pas. Je n’ai pas pris la
comptabilité concernant le début de l’année. Cela se serait vu aussitôt. Mais
avant de partir, j’ai tout de même pu prendre la comptabilité de l’année
dernière, et c’est bien le diable, si nous ne trouvons pas quelques
irrégularités. Ce sont de ces documents dont je parlais l’autre jour, en disant
qu’ils nous permettraient peut être de trouver les preuves de malversations de
Dufour.


-
Voilà encore
quelque chose de concret ! Nous allons étudier ces documents
immédiatement. Allons, au travail !!


Et les deux hommes commencèrent à éplucher la
comptabilité de l’année précédente. A vrai dire, Serge n’était pas d’un grand
secours. Il ignorait à peu près tout de la comptabilité, et vraiment rien de la
marche de la société. Cependant, sa présence tranquillisait son père.


Marc Laviron
pensait qu’il s’attaquait à un problème à peu près insurmontable. Dufour était
malin. Comment prouver que la comptabilité avait été truquée ?

( A suivre)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyMar 22 Fév - 10:24

Je viens de faire du rattrapage je n'avais pas pu lire avant, ouah terrible la femme elle claque la porte sans un regard, fait un trait sur sa vie et part.
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyMar 22 Fév - 22:23

Anne a écrit:
Je viens de faire du rattrapage je n'avais pas pu lire avant, ouah terrible la femme elle claque la porte sans un regard, fait un trait sur sa vie et part.

Oui, mais il y a le titre, alors.......
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyMer 23 Fév - 8:57

Finalement, ce
fut beaucoup plus facile qu’il ne le craignait. Dans la clientèle de la
fabrique de meubles, le client le plus important possédait 5 magasins de vente,
de plus, le Directeur était devenu un ami personnel de Marc. Ce client
faisait systématiquement une commande tout les quinze jours. Or au cours de
l’année précédente, il y avait en tout et pour tout 10 commandes au lieu de 22
(Il n’y avait pas de commande pendant le mois de fermeture des magasins, cela
c’était normal). Il semblait évident que Dufour devait encaissait
personnellement certains chèques, sans les passer dans les registres, et que
par ailleurs, il devait falsifier la comptabilité des stocks, dont il
s’occupait aussi personnellement.


C’était bien
simpliste comme procédé, mais Dufour savait qu’il bénéficiait de l’entière confiance
du patron, et il jouait sur du velours.


Rien que sur
ce client, les sommes détournées étaient considérables, mais il était certain
qu’il devait y en avoir bien d’autres.


Afin de
parfaitement verrouiller les malversations commises durant l’année précédente,
sur ce seul client, Marc décida d’aller le voir
afin de posséder la liste de tous les chèques envoyés à sa société, et
il sauta aussitôt dans sa voiture, accompagné de Serge.


Il
s’avéra que pour une seule année, et sur ce seul client, en comparant les
sommes envoyées par le client et celles passées en comptabilité, le
détournement s’élevait à plus de 82.000 euros.


La mise en
liquidation étant très récente, Marc Laviron n’avait pas encore pris un avocat.
Il décida de le faire dès le lendemain, après avoir conduit son fils à la
propriété « Les Platanes » pour récupérer son cyclomoteur.


Serge,
lorsque l’automobile conduite par son père, parvint à proximité de chez elle,
appela Agnès, pour lui annoncer son arrivée. Elle lui promit de l’attendre près
du portail, pour lui indiquer si la voie était libre.


Tout se passa
au mieux. Pendant que Marc partait chez un avocat, Serge, accompagné d’Agnès se
rendit dans la grange, récupéra son cyclomoteur et remit à la jeune fille, les vêtements du grand-
père.


Sous le sceau
du secret, Serge, décidément en confiance avec Agnès, raconta les découvertes
de la veille. De son côté, connaissant les problèmes, que son nouvel ami avait
avec Dufour, Agnès avait essayé d’écouter les conversations qu’il avait avec
madame Laviron. Elle avait eu la chance d’entendre une partie d’une discussion,
au cours de laquelle, Dufour reconnut qu’il avait fait une bêtise en achetant
cette propriété si proche du domicile de Marc. Il avait indiqué que le moment
n’était pas venu de réparer cette bévue, et de la remettre en vente, mais qu’il
était indispensable, pendant quelque temps, d’être prudents et de sortir le
moins possible. Il avait dit notamment :


-
Il faut que tu empêches la petite de sortir à bicyclette
avec la fille de mon jardinier. Le parc
est assez grand pour qu’elle puisse s’y amuser. Je compte sur toi, pour qu’elle
ne sorte jamais sans l’un de nous. Je vais acheter une automobile aux vitres
foncées pour que l’on ne puisse voir les passagers. Tranquillise-toi, ces
précautions ne seront que passagères. C’est moi qui vais reprendre la fabrique
de meubles, et bientôt nous pourrons sortir sans problème.


Agnès
venait de finir le compte rendu de la conversation qu’elle avait surprise entre
Madame Laviron et Dufour, lorsque les jeunes gens entendirent des pas qui
approchaient. Ils se réfugièrent le plus possible au fond de la grange, mais
bientôt dans l’encadrement de la porte, apparut la silhouette de Dufour.


-
Qui est là ? demanda-t-il ?


Comme il ne reçut aucune réponse, il reprit :


-
Je sais qu’il y a au moins deux personnes là dedans.
J’ai entendu parler. Sortez !!


Agnès s’avança, et dit qu’elle était là.


-
Je le vois bien, mais tu n’es pas seule. Qui est avec
toi ?


Serge s’avança à son tour.


-
C’est moi. Nous discutions Agnès et moi. Je la
remerciais pour le service qu’elle m’avait rendu hier. Il pleuvait, j’étais
trempé, et elle m’a prêté des vêtements secs, pour que je rentre chez moi.
D’ailleurs, vous le voyez, elle a sur le bras les vêtements que je viens de lui
rendre.


-
Tu me prends pour un idiot ! Si elle t’a prêté des
vêtements, c’est que tu étais déjà venu ici. Que viens-tu faire, chez
moi ?


-
Je n’ai pas à répondre à votre question. La seule chose
que je puisse vous dire, c’est que pour vous, un chapitre se termine. Celui
dans lequel tout vous réussissait est fini.


-
Je ne comprends
rien à ce que tu dis. En revanche, je sais, ajouta-t-il en s’adressant à Agnès,
que ton père et toi-même pouvez préparer vos bagages, je vais vous flanquer à
la porte. Je n’admets pas que tu reçoives chez moi ce garçon, sans m’en
demander la permission.


-
Permettez-moi de
vous mettre en garde, lui répondit Serge. Vous allez avoir très prochainement,
de gros, de très gros ennuis, pour ce que vous avez fait dans le passé, alors,
n’aggravez pas votre cas, en faisant d’autres bêtises dans l’avenir, comme de
licencier le père d’Agnès sans motif recevable.



-
Quand je voudrai
des conseils, ce n’est pas à toi que je m’adresserai, blanc bec !! Pour
l’instant, tu es chez moi, et je t’ordonne de déguerpir immédiatement.



Sans insister, montant sur son cyclomoteur, Serge rejoignit l’allée puis
la route, en se promettant de téléphoner à Agnès, dans quelques minutes,
lorsqu’elle ne serait plus avec Dufour.


Il se
demandait s’il avait bien fait de proférer des menaces. Evidemment, Dufour qui
se croyait en sécurité va maintenant se tenir sur ses gardes, et peut être
prendre des dispositions pour échapper aux risques qui pèsent sur lui. Après
réflexions, il pensa qu’après tout, il n’était pas mauvais d’avoir déstabilisé
l’adversaire, à condition toutefois de ne pas tarder, et d’activer les choses.


Arrivé
chez lui, il téléphona à Agnès, pour lui demander ce qui s’était passé après
son départ. Elle lui répondit, que Dufour lui avait seulement interdit de
revoir « ce garçon », mais il n’avait pas réitéré ses menaces
d’expulsion et de mise à la porte de son père. Serge en conclut qu’il était
peut être parvenu à lui faire peur, et il attendit avec impatience le retour de
son père, toujours chez l’avocat.


L’avocat
avait confirmé que la priorité absolue, était d’obtenir des preuves de la
falsification des comptes par le chef comptable. Les premiers éléments étaient
intéressants mais insuffisants, il fallait poursuivre les recherches, et en
particulier, établir que c’était bien Dufour, qui encaissait les chèques
détournés.


Serge
alors se frappa le front et dit à son père que lors de sa première visite aux
platanes, il avait « emprunté » des lettres destinées à Dufour,
et que parmi elles, il croyait se souvenir qu’il y avait un relevé de compte
bancaire. Bien sûr, les détournements constatés dans la comptabilité dataient
de l’année précédente, alors que le relevé devait concerner le dernier mois,
mais il serait intéressant néanmoins de voir les mouvements de fonds sur le
compte de Dufour.


Serge courut
dans sa chambre et ramena les trois lettres. L’une provenait d’un ami
personnel, et ne présentait aucun intérêt, la seconde était une facture, la
troisième était bien un relevé de compte bancaire. Entre autres écritures, au début du mois précédent, Dufour avait été
crédité de deux chèques importants. L’un de 9500 euros, l’autre de 7.700 euros.
En fin de mois, un virement de compte à compte de 17000 euros avait été
effectué. Il est probable qu’il avait placé la totalité des sommes détournées,
soit sur un autre compte rémunéré, soit pour acheter des actions.


Comme Serge
estimait qu’ils avaient maintenant assez d’éléments pour aller voir Dufour,
Marc lui répondit qu’il ne ferait pas une seule démarche sans l’accord de leur
avocat, et le fils se rangea à l’avis plus sage, du père.
( A suivre)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyMer 23 Fév - 10:04

Le titre, mais tu crois que si elle demande pardon et revient à la maison ça changera quelque chose, le vers sera dans la pomme pour toujours.

Dufour est en train de se faire coincer donc les illusions de la dame vont se casser la figure.


Dernière édition par Anne le Jeu 24 Fév - 10:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyMer 23 Fév - 15:14


Ho la dame a du boulot pour se faire pardonner, enfin c'est mon avis mais nous n'en sommes pas là ;)
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyJeu 24 Fév - 9:33

CHAPITRE 3

Serge, était
beaucoup plus perturbé qu’il ne voulait le laisser paraitre. Que Dufour soit à
l’origine des ennuis financiers de la société de son père, ne faisait
qu’alimenter sa colère contre lui. En revanche, que sa mère ait trompé son
père, qu’elle ait eu un troisième enfant avec son amant dont la paternité avait
été endossée par son père, et surtout, surtout, son attitude lorsqu’elle avait
pratiquement reconnu que son amant était ce Dufour, à l’origine de tous les
ennuis, privés et professionnels de son père, était pour Serge une épreuve qui
l’affectait profondément.


Certes, comme il
avait eu l’occasion de le dire, il n’y avait jamais eu de gestes affectueux
entre la mère et le fils ainé, ni d’ailleurs avec la fille ainée, mais elle
restait sa mère, et avoir honte de sa mère était une épreuve considérablement
déstabilisante.


Que de
bouleversements en quelques jours dans sa jeune vie ! Les ennuis
personnels et professionnels de son père, sa mère qui se révélait être une
marâtre, puis, venant se superposer sur ces évènements, il y avait Agnès, dont
il venait de faire la connaissance sans savoir encore la puissance et la
pérennité des sentiments qu’il éprouvait pour elle.


Serge était un
garçon pondéré et raisonnable. Il avait longuement réfléchi à tous les
évènements de ces derniers jours, et avait décidé, qu’il se devait de mettre de
côté ses rapports avec Agnès. Il devait mobiliser toutes ses forces, pour
réunir les preuves susceptibles d’abattre Dufour, et de restaurer la situation
financière de la société de son père.


Il eut une idée
qu’il communiqua à Marc.


-
Papa, lui dit-il, il y a une filière que nous pourrions
creuser. Je ne suis pas au courant de la marche de ta société, mais je suppose,
que tu dois avoir des transporteurs qui livrent tes meubles chez tes clients.


-
A vrai dire, je
n’ai qu’un transporteur. Mais je vois où tu veux en venir, et le fait de
n’avoir qu’un transporteur va me faciliter les choses. Tu as parfaitement
raison, je vais pouvoir obtenir la liste de toutes les livraisons effectuées
par la société, et lorsque nous aurons accès à la comptabilité nous verrons
bien s’il y a des manques. Ton idée est lumineuse, je m’en occupe
immédiatement.


Pendant que son père partait chez son
transporteur, Serge estima, que, par correction, il se devait de tenir Agnès au
courant du développement de l’affaire. Certes il aurait pu le faire par
téléphone, mais la correction n’était qu’un prétexte, et sans s’attarder sur la
vraie raison, il décida de se rendre aux platanes, après avoir prévenu Agnès
par téléphone de sa visite.


Bien
sûr, Dufour avait interdit à la jeune fille de le voir, mais ils se
débrouilleraient bien pour ne pas être aperçus par l’un des habitants de la
propriété.


Agnès avait amené deux chaises pliantes
dans la grange, et sagement assis, ils purent discuter un long moment sur un
ton amical, et les sujets de discussion, débordèrent largement, des problèmes
actuellement à l’ordre du jour dans la famille Laviron.


Lorsqu’ils se quittèrent, Agnès demanda à
Serge de bien vouloir continuer à la tenir au courant du développement de cette
affaire à laquelle, par la force des choses, elle était un peu mêlée. Il le lui
promit bien entendu.


Lorsqu’il rentra chez lui, son père
venait juste d’arriver. Il avait obtenu sans aucune difficulté la liste de tous
les transports de meubles, effectués depuis deux ans. Par la suite, il était
passé chez l’avocat, lequel avait décidé d’introduire une demande en référé,
pour faire interdire à Dufour, l’entrée dans la société. Il y avait suffisamment d’éléments au dossier,
pour le suspecter de malversations. Il fallait absolument l’empêcher de
dissimuler ou de falsifier des preuves de ses détournements.


Si l’ordonnance de référé leur était
favorable, on pourrait estimer que la période de pain blanc serait terminée
pour Dufour.


Non seulement Serge n’avait pas repris ses
cours de droit, il n’avait pas l’esprit suffisamment libre pour cela, mais il
avait pratiquement pris la décision de ne pas se présenter à son dernier
examen, et de redoubler. Après tout, dans une vie professionnelle, que l’on ait
obtenu un diplôme un an plus tôt, ou un an plus tard, n’était pas d’une grande
importance.


Serge se trouvait dans le salon,
plongé dans la comptabilité de la société de son père, lorsqu’il entendit une
automobile entrer dans la cour. Il se précipita à la fenêtre pour voir s’il
s’agissait de son père. C’était la voiture de sa mère. Il réagit immédiatement,
en téléphonant sur le portable de son père afin de lui annoncer cette visite, et lui demander
ce qu’il devait faire. Marc, après un instant de réflexion lui dit de faire
entrer sa mère dans le salon, de ne pas lui dire autre chose que
« Monsieur Laviron va arriver, il va vous recevoir ». Il lui demanda
de ne pas accepter d’entamer une discussion, et de ressortir immédiatement du
salon.


Dire « madame » à sa mère, était
une chose bien difficile pour Serge, mais il pensa que son père avait certainement
ses raisons, et qu’il convenait de lui obéir. Madame Laviron, qui devait
pourtant encore posséder la clé de la maison, sonna à la porte d’entrée, et
Serge, en s’efforçant de prendre un air froid et détaché alla ouvrir. Sa mère
et sa plus jeune sœur étaient sur le pas
de la porte.


-
Vous désirez, Madame ?


-
Ne fais pas l’idiot Serge, appelle-moi maman. Ton père
est-il là ?


-
Monsieur Laviron sera là dans un moment. Vous allez
l’attendre au salon. Si vous voulez bien me suivre.


-
Arrête Serge, tu
n’es pas drôle. Déjà que la situation ne l’est pas !! Je sais parfaitement
où se trouve le salon. A quoi joues-tu ?


Sans répondre, devant la porte du
salon Serge s’effaça pour laisser entrer sa mère et sa sœur, puis, avant de
refermer la porte et de les laisser
seules répéta « Monsieur
Laviron sera là dans quelques minutes ».


La porte déjà refermée, il entendit sa mère
dire à sa fille : « Ton frère ne tourne pas rond. Mais je crois que
cela ne va pas être une partie de plaisir, ils ont l’air très montés contre
nous ».


Serge descendit dans le jardin pour pouvoir
échanger quelques mots avec son père, avant qu’il ne se rende dans le salon.



Pour la première fois, depuis que leurs ennuis avaient débuté, il vit
son père sourire en descendant de voiture, et il en eut immédiatement
l’explication


-
Je sors de chez notre avocat. L’ordonnance de référé
nous donne entièrement satisfaction. Puisque ta mère est déjà là, c’est que les
nouvelles vont vite, et qu’elle est déjà au courant.


En quelques mots, Serge le mit au
courant des quelques paroles échangées avec sa mère, et sans hésitation,
remonté par une énergie nouvelle, Marc entra dans le salon, et attaqua le
premier.


-
Que viens-tu faire ici ? Tu es partie
volontairement de la maison, tu n’es plus chez toi.


-
Ne dis pas de bêtise, Marc, je suis toujours ta femme.


-
Je puis te
certifier que cela ne durera pas. De fait, ton vrai mari, est le père de cette
petite. J’ai beaucoup à faire. Dis-moi rapidement le but de cette courte
visite.


-
Il ne s’agit pas
d’une courte visite, je te l’ai dit, nous sommes toujours mariés, et je viens
reprendre ma place.


Marc éclata de rire, ce qui fit
très mal à Marthe, et il vit avec satisfaction les efforts qu’elle devait
déployer pour garder son sang froid.


-
Tu as une vision trop simpliste des choses, ma chère. Crois-tu
que les choses peuvent se mettre en place selon ton humeur…..ou ton
intérêt ? J’avais de l’argent, tu restais avec moi, en te faisant faire,
par ton amant, un enfant dont j’ai endossé la paternité. Puis, lorsque je me
suis trouvé ruiné, l’argent étant du côté de ton amant, tu es allée le
rejoindre, et maintenant, tu viens d’apprendre que l’ordonnance de référé
marque le début de la fin de Dufour, et tu reviens ……où l’argent va revenir. Je
te le dis d’une façon nette et irrévocable, c’est non. Je te somme de quitter
cette maison avec cette fillette qui ne m’est rien.


La fillette en question lui tira la
langue, et prenant sa mère par la main, lui dit :


-
Viens maman, ce n’est pas mon vrai papa, et je ne
l’aime pas.


Marthe hésita un moment, et
estimant que l’attitude de sa fille rendait impossible tout retour en arrière,
elle sortit en disant, à titre de baroud d’honneur :


Tu as toujours été, et tu seras toujours nul.
Rira bien qui rira le dernier !


-
Soit. En attendant, c’est moi qui ris. Il me semble
bien que le pauvre Dufour devra trouver une autre maitresse, car il n’aura plus
assez d’argent pour réaliser tes désirs.


La mère et la fille sortirent.
Lorsqu’elles passèrent devant lui, Serge vit que sa mère pleurait pendant que
Nicole tirait la langue tout en faisant un pied de nez à son demi-frère. Cette
gamine promettait d’être dans l’avenir, une femme au moins aussi effroyable que
sa mère.


En revanche, Serge ne put s’empêcher
d’être ému, en voyant sa mère dans la désolation. Certes elle l’avait bien
mérité, mais, tout de même, elle était
sa mère.


Le lendemain, dans l’après midi, le
père et le fils discutaient dans le salon. Serge expliquait qu’il n’était pas
en état de poursuivre ses études, et que, réflexion faite, il préférait ne
pas se présenter à l’examen de fin d’année, quitte à redoubler l’année prochaine,
lorsque la situation, sur tous les plans, serait normalisée. Marc estimait
qu’il serait dommage de ne pas tenter sa chance. Après tout, ayant fait deux
bons trimestres, il n’était pas complètement exclu qu’il réussisse dès cette
année.


Cette discussion était en cours,
lorsqu’ils entendirent une voiture qui entrait dans la propriété. Serge se
précipita vers la fenêtre et sur un ton surpris dit à son père :


-
Ce n’est pas possible ! c’est encore maman !!


C’était en effet Marthe qui revenait,
seule, cette fois, car elle avait du penser que Nicole manquait vraiment trop
de diplomatie pour l’accompagner dans sa démarche, qui serait sans doute très
délicate.
( A suivre)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyJeu 24 Fév - 9:44


Marthe... Une calamité cette femme là !
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyJeu 24 Fév - 10:08

Une terreur cette femme mais bon le titre donc elle va peut-être faire amande honorable.
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aristee
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyVen 25 Fév - 8:25

Comme Serge était visiblement fébrile, son
père lui conseilla de se retirer dans sa chambre, pendant qu’il recevrait sa
mère. C’est Marc qui alla ouvrir, et face à sa femme,
s’exclama :


-
Encore toi ? Je pense que nous n’avons plus rien à
nous dire !


-
Toi, peut être,
mais moi, si! Je te demande seulement de m’écouter. Ce ne sera pas long, et
quand tu m’auras écouté, je partirai, pour te laisser réfléchir tranquillement.


-
Je veux bien t’écouter, mais sois brève, j’ai beaucoup
à faire.


Ils entrèrent dans le salon, et c’est donc Marthe qui prit
la parole.


-
Il est certain que nous traversons une période très
agitée, mais cela ne doit pas nous empêcher de voir, le plus clairement
possible la situation, avec le maximum d’objectivité. C’est ce que je vais
essayer de t’exposer.


Comme Marc n’ouvrait pas la bouche, elle
continua :


-
Nous pouvons savoir à peu près ce qui va se passer.
Dufour sera poursuivi pour détournements de fonds. De cela, maintenant, j’en
suis persuadée, et il sera condamné. De cela, j’en serai heureuse également, car
mes yeux se sont ouverts. Je te le dis, même si je sais que tu ne me croiras
pas. Ce sera une belle revanche pour toi. Mais il faut voir plus loin. Que
vas-tu faire ?


Ta
société a de grosses dettes. Tu vas pouvoir en récupérer une partie, mais une
partie seulement sur Dufour, parce qu’il a perdu beaucoup d’argent au jeu, et
cet argent là, malheureusement, tu ne pourras jamais le récupérer. Nous sommes
bien d’accord ?


Comme Marc ne répondait toujours pas,
elle poursuivit :


- Bien
sûr, il y a la propriété « Les platanes », que tu pourras sans doute
revendre à ton profit, mais cela ne suffira pas pour indemniser tous tes
créanciers. Je ne pense pas que tu puisses dire le contraire, tu n’éviteras pas
le dépôt de bilan.


Moi, et moi seule, peux te tirer de cette
situation embarrassante, et faire en sorte que tu puisses reprendre normalement
la direction de ta société.


Tu sais que je possède en propre une maison
qui vient de mes parents. Je suis d’accord pour la vendre, et te donner
l’argent pour te remettre à flot, à une condition évidemment, c’est que nous
reprenions notre vie commune, comme auparavant.


Voilà
ma proposition. Comme je te l’ai dit, je ne te demande pas une réponse
immédiate. Je sais que tu vas avoir besoin de réfléchir, mais j’ai la certitude
qu’objectivement tu arriveras à la conclusion que ma solution est non seulement
la meilleure, mais la seule qui te permettra de te tirer d’affaire.


Je
sais, que pour l’instant, tu ne crois pas en ma sincérité, mais je te le
répète, j’ai ouvert les yeux, et sais maintenant que Dufour est un escroc, ce
que j’ignorais auparavant. Je veux réparer le mal que j’ai fait, à toi et à nos
enfants, en t’aidant à rétablir ta situation financière.



Marc était époustouflé par la
proposition que lui faisait sa femme. Comment pouvait-elle penser, que l’argent
suffirait à panser les profondes blessures, faites par son attitude antérieure
inqualifiable ? Elle envisageait froidement, de revenir vivre avec son
mari, qu’elle avait bafoué, avec ses deux enfants pour lesquelles cette mère
dénaturée ne ressentait aucune tendresse, et d’imposer à tous, une fillette qui
s’avérait n’être rien pour lui.



Toujours sans un mot, Marc se leva, se dirigea vers la porte du salon,
ensuite vers celle d’entrée, suivi par Marthe, puis, lorsqu’elle fut sortie de
la maison, il referma la porte. Il n’avait pas prononcé une parole, ni fait un
geste susceptible de faire comprendre, ce qu’il pensait de cette curieuse
proposition.


Jacques se rongeait les poings pendant la
discussion entre son père et sa mère. Tout d’abord, il estimait injuste que son
père ne lui ai pas demandé d’assister à l’entrevue, car après tout, c’est lui,
Serge, qui l’avait fait sortir de l’état de prostration dans lequel il était.
Il était intéressé, à part entière, par les décisions qui allaient être prises.


Et puis, en dehors de cette petite blessure
d’amour propre, il ne voyait vraiment pas pourquoi sa mère avait eu le culot de
revenir et il était curieux d’en connaitre la raison. Aurait-elle dans la
manche des atouts que lui, ne connaissait pas ? Que pouvait-elle proposer
après avoir agi comme elle l’avait fait ?


Sa mère partie, il se précipita sur son
père, qui lui rapporta intégralement la proposition de sa mère.


-
Si je comprends bien, maman te propose d’acheter son
retour à la maison ? C’est quand même curieux, car elle est suffisamment
intelligente pour savoir que revenir ici, serait pour elle, avoir une vie
intenable. Comment peut-elle penser, que nous puissions tirer un trait sur ce
qu’elle a fait ? Je dois dire, pour ma part, qu’il me serait sans doute impossible
de lui pardonner


Comme son père restait muet,
Serge lui demanda :


-
Tu sembles hésiter, papa. Envisages-tu de lui donner
satisfaction ?


-
Pour l’instant, je n’en suis pas à prendre des
décisions. Je pèse le pour et le contre, et, ne te fais aucun souci, ce sera la
meilleure solution pour nous que je prendrai.




DEUXIEME
PARTIE













CHAPITRE 1











Deux années s’était écoulées. Les
ondulations des champs de colza en fleurs, sous un vent assez violent formaient
un spectacle qui tenait Serge sous hypnose. Il était bien, engourdi dans la
douceur de sa canadienne fourrée. Il ne pensait à rien. Le bruit d’une
automobile, passant à grande vitesse sur la route, à proximité, le tira de son
état second.


Il était à peu
près au même endroit, lorsque, il y a deux ans, en sortant de chez Dufour qu’il
n’avait pas trouvé, il était sous le coup des deux affreuses nouvelles :
La société de son père était en faillite, et sa mère se préparait à partir avec
son amant ainsi que sa dernière fille, qu’elle avait eu avec lui.


Au lieu du colza
en fleurs, c’était alors un champ de tournesol qu’il côtoyait, le vent était
moins fort, mais il se retrouvait, avec à peu près le même état d’esprit qu’il
y a deux ans. Il était malheureux.


Après l’ordonnance
de référé qui interdisait à Dufour de retourner dans la société, la mère de
Serge était revenue à la maison pour demander à reprendre sa place dans la
famille. Elle proposait toujours de vendre une maison venant de ses parents,
pour aider Marc à payer les créanciers de la société et assainir la situation
financière. Elle avait essuyé un refus. Par la suite, des poursuites
judiciaires avaient été entamées contre Dufour. Pour tenter d’alléger sa
responsabilité, il avait déclaré qu’il avait agi, poussé par Marthe Laviron.


L’enquête n’avait
pu prouver qu’elle avait été l’élément moteur, en revanche, il était certain
qu’elle avait bénéficié des agissements délictueux de son amant Dufour,
puisqu’elle avait pu s’acheter, personnellement, une villa dans le Var, au bord
de la mer. C’était là un fait nouveau, important, susceptible de rétablir la
situation financière de la société.


Marc s’étant
constitué partie civile, il put obtenir le paiement des indemnités qui lui
avaient été accordées par le tribunal, grâce aux reventes des biens immobiliers
acquis par le couple infernal. Avec cet argent, plus un prêt bancaire qu’il avait pu obtenir, du
fait que sa situation s’était grandement assainie, la normalisation comptable
devenait possible.


En quelques
semaines, Marc se trouva à la tête d’une entreprise dont la situation
financière était saine.


De ce côté-là,
donc, tout s’était bien passé, et Serge avait décidé d’abandonner définitivement
ses études pour entrer dans la société, aux côtés de son père.


Sur le plan
pénal, Dufour avait été condamné à 8 ans de prison, dont trois fermes. Bien
défendue, Marthe n’avait été condamnée qu’à deux ans, dont un avec sursis.
Compte tenu de ses trois mois de préventive, et d’une remise de peine, elle
n’avait été emprisonnée que durant 6 mois. Elle avait été libérée il y a six
mois, et c’est elle qui suscitait les nouveaux tourments de Serge.
( A suivre)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyVen 25 Fév - 12:10

Elle n'était pas si honnête quand elle a proposé la vente de sa maison familiale sans se vanter de l'achat de la maison dans le Var. Décidément cette femme n'a pas froid au yeux, mais qui sait la prison l'aura changé ???? d'où le titre (sourire)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyVen 25 Fév - 14:22


Mouais.... Moi je n'y crios pas du tout à la rédemption de la dame ;)
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptySam 26 Fév - 8:25

Il n’avait pas cessé
de se rendre, au moins deux fois par semaine dans la propriété des platanes,
avant et après qu’elle ait été vendue à un nouveau propriétaire, lequel avait reconduit le contrat de travail
du jardinier. Agnès habitait donc toujours dans le petit pavillon.


Les relations
entre les deux jeunes gens étaient curieuses. Ils ne pouvaient rester trop
longtemps sans se voir. Lorsqu’ils étaient ensemble, les sujets de discussion
ne manquaient pas, mais il n’était jamais question de leurs sentiments. Si l’on
avait demandé à Serge pourquoi il lui était nécessaire de voir Agnès aussi
souvent, il aurait répondu simplement,
qu’ils s’entendaient bien, et qu’il se sentait parfaitement en harmonie avec
elle.


C’était donc
dans une ambiance redevenue sereine, que, de nouveau, deux évènements graves
vinrent replonger Serge dans une période très difficile.


Il y a une
semaine, Agnès était allée au village, à bicyclette, pour faire des courses.


En revenant du
village, il y avait une descente courte, mais très raide. Comme chaque fois, elle
voulut freiner, les freins cassèrent, et du fait de la vitesse, ne pouvant
prendre le virage à gauche en bas de la descente, elle sortit de la route, et
entra dans un platane.


C’était quelques
minutes plus tard qu’un automobiliste la trouva, inerte auprès de sa
bicyclette. Il arrêta un autre
automobiliste pour qu’il reste auprès de la jeune fille, pendant qu’il allait prévenir la gendarmerie du village.


Agnès fut
hospitalisée, et resta plusieurs heures dans le coma. Elle était toujours
hospitalisée, mais ses jours n’étaient pas en danger. La commotion cérébrale ne
devrait pas laisser de séquelle, quand à la fracture du bras droit, elle était
nette, « propre » selon l’expression du médecin, et après la pose
d’un plâtre durant quelques semaines, elle récupérerait entièrement l’usage de
son bras.


C’est dans ces
circonstances tragiques que Serge réalisa combien Agnès comptait pour lui, et
admit que ses sentiments allaient au-delà d’une simple camaraderie.


Une enquête
avait été diligentée, à la suite de laquelle, il avait été établi sans
contestation possible qu’il ne
s’agissait pas d’un accident. Le câble du frein arrière était constitué de
plusieurs fils métalliques. Or si deux d’entre eux étaient coupés à deux
endroits différents, tous les autres étaient rompus à exactement la même
hauteur.


Il était évident
qu’ils avaient été coupés volontairement à l’aide d’une pince. D’ailleurs, le
frein avant dont la cycliste ne s’était pas servi, présentait deux fils
intacts, et tous les autres coupés à la même hauteur. C’était un attentat.
Mais, qui pouvait en vouloir à cette jeune fille, qui certainement n’avait
jamais causé de tort à personne ?


Si, l’enquête sur
ce point n’avait pu aboutir, Serge en revanche, avait une idée assez précise
sur ce qui s’était passé. Il avait l’intime conviction, que sa mère, par esprit de vengeance avait coupé une grande
partie des fils des freins. Sa mère, une criminelle ? Il en avait froid
dans le dos.


Tout d’abord,
elle avait habité dans la propriété les Platanes, et savait parfaitement où
Agnès garait sa bicyclette. Par ailleurs, elle savait que son fils venait souvent
la voir, et connaissait les liens tissés entre les deux jeunes gens. De plus,
elle avait du savoir par Dufour, qu’Agnès avait pris position contre eux. Elle
avait entendu certaines conversations entre elle et son amant, et les avait
rapportées à Serge.


Comme
il s’agissait de sa mère, il n’avait pas parlé de ses doutes aux
enquêteurs, mais se promettait d’avoir une explication avec elle.


D’autant plus,
qu’un autre fait étrange s’était produit le matin même, qui également aurait pu
avoir des conséquences dramatiques.


Marc circulait
dans son véhicule, lorsque, longeant un bosquet, une grêle de plombs s’abattit sur
la vitre qu’elle brisa, du côté conducteur. Heureusement, il n’avait pas été
blessé, mais lorsqu’après avoir arrêté son véhicule, il se précipita dans le
bois, il vit un individu qui partait en courant. Or, cette course, lui avait
semblé plus être celle d’une femme que d’un homme. C’est en tout cas
l’impression qu’il avait eue. Si l’on rapproche ces éléments du fait que Marthe
il y a quelques années encore, adorait se rendre à la chasse avec son mari, ces
deux accidents survenus précisément depuis la libération de Marthe Laviron,
faisait peser une grave suspicion sur elle.


Serge avait du
mal à admettre qu’il avait un monstre pour mère, pourtant, indépendamment de
ces deux derniers attentats, elle avait bien été condamnée par un tribunal, et
ce, indépendamment de ses propres sentiments. Objectivement elle était donc
coupable. Mais ce que la raison admet, n’est pas aussi facilement admis par le
cœur d’un fils.


Serge savait que
sa mère et sa plus jeune fille habitaient dans un appartement loué à Orange, et
à l’issue de sa promenade en campagne, il décida de s’y rendre immédiatement.
Mieux valait avoir une franche explication très vite pour tirer les choses au
clair.


Il rentra chez
lui, prit sa voiture et partit pour Orange.


L’appartement occupé
par sa mère, se trouvait au troisième étage dans un vieil immeuble peu
reluisant, et sans ascenseur. Serge ne put s’empêcher d’avoir le cœur serré en
songeant à la déchéance que devait ressentir sa mère. Après avoir vécu
successivement dans deux jolies propriétés, avec son mari, puis avec son amant,
elle se retrouvait dans un logement à peine salubre, et en tout cas
certainement très peu confortable.


Sur la porte,
une simple carte de visite punaisée, MARTHE LAVIGNE. Elle avait repris son
nom de jeune fille, quoique le divorce n’ait pas encore été prononcé
officiellement. Sans doute parce que la presse locale avait longuement parlé de
l’affaire Laviron, et qu’elle espérait ainsi passer inaperçue.


Serge hésita
avant d’appuyer sur le bouton de la sonnette. Lorsqu’il le fit, c’est sa jeune
sœur qui vint ouvrir.


Dès qu’elle
l’aperçut, elle voulut refermer la porte, mais Serge l’en empêcha en insérant
son pied et entra dans l’appartement.
Comment cette adolescente pouvait-elle en être arrivée à détester son
demi-frère à ce point ? Cela fit mal à Serge, qui cependant ne manqua pas
de lui dire qu’elle était très impolie, et lui demanda qu’elle aille chercher
sa mère à laquelle il voulait absolument parler.


-
Elle n’a rien à te dire. Toute votre clique passe son
temps à nous faire des misères !


-
La clique dont tu parles est composée de celui qui t’a
nourri pendant 12 ans, ton demi-frère et ta demi-sœur. Par ailleurs, tu ne
connais qu’une partie de toute l’histoire, et un de ces jours, il faudra bien,
que nous nous donnions rendez vous, pour que je t’explique toute la vérité.


-
Je la connais la vérité. Vous détestez tous, ma maman
et mon vrai père.


-
En attendant, va chercher ta mère, je ne sortirai pas
d’ici avant de lui avoir parlé.


La fillette hésita un moment,
puis finit par lui dire que sa maman n’était pas là, et qu’elle cherchait du
travail, puisqu’on ne lui donnait plus d’argent.


Serge lui répondit qu’il allait
l’attendre et profiter de leur tête à tête pour lui expliquer exactement ce qui
s’était passé.


Il prit de force Nicole par le bras, et
entra dans une pièce qui semblait être la salle de séjour.


Les meubles étaient des vieux meubles, sans
doute achetés dans une brocante, et l’on avait l’impression que les occupants
n’étaient là que depuis peu de temps, car les meubles étaient disposés un peu
partout, sans constituer un ensemble cohérent. Pourtant, cela devait faire
certainement plusieurs mois, qu’elles habitaient là.
( A suivre)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptySam 26 Fév - 17:22

Vas t-il réussir à ouvrir les yeux de la gamine ?
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyDim 27 Fév - 8:13

Avisant un canapé très défraichi, Serge alla
s’y asseoir, et demanda à Nicole de venir à ses côtés.


-
Que tu le veuilles ou non, tu es ma sœur. Alors, il
faut que je t’explique ce qui s’est passé.


-
Pas la peine, je le sais. Jeanne et toi, vous ne m’avez
jamais aimée, et mon faux papa non plus. A cause de vous, comme vous avez fait
des ennuis à papa, maman a du me mettre en pension pendant qu’elle était en
prison. Ce n’était pas juste, puisqu’elle n’avait rien fait de mal.


-
Tu vois bien, que tu ne sais pas tout. En premier lieu,
si mon père n’est pas le tien, c’est que…maman est allée avec un autre homme,
alors qu’elle était mariée, ce qui, tu dois le reconnaitre, n’est pas très joli.
De plus, cet homme était malhonnête. Il a pris de l’argent dans la société de
mon père, qui aurait pu être complètement ruiné si nous ne nous étions pas
défendus.


Alors si tu réfléchis un peu par
toi-même, au lieu de simplement écouter ce que dit maman, tu verras que tous
nos ennuis viennent de monsieur Dufour surtout, et de maman aussi.


-
Moi je sais que nous étions riches avec mon vrai papa
et ma maman, et que vous nous avez tout pris. Maintenant c’est vous qui êtes
riches, et nous pauvres.


-
Non, vous
n’étiez pas riches, car l’argent que vous aviez ne vous appartenait pas,
il avait été volé à mon père.


Nicole ne démordait pas de sa
constatation très simple. Avant nous étions riches, vous nous avez fait des
embêtements devant un tribunal, et maintenant nous sommes pauvres.


Constatant qu’il ne pourrait jamais
convaincre sa demi-sœur, Serge lui dit qu’il allait attendre leur mère et
qu’elle pourrait écouter leur conversation.


L’attente fut longue, plus d’une heure,
durant laquelle Nicole préféra aller dans sa chambre, pendant que Serge
ruminait, et préparait ce qu’il allait dire à sa mère.


Lorsqu’elle entra, Serge subit un coup. En
quelques mois, elle avait vieilli de 10 ans, de plus, elle qui naguère était si
coquette, ne portait plus aucun bijoux et ses vêtements étaient simples et
austères.



On ne reconnaissait plus la brillante, la jolie, l’élégante madame
Laviron.


En apercevant son fils, elle eut un
mouvement de recul.


-
Que viens-tu faire ici ? Tu veux jouir de votre
triomphe ? Tu veux contempler ma déchéance, et te moquer de la pauvre femme
que je suis devenue ?


-
Absolument pas. Tu as de lourdes responsabilités dans
les ennuis que nous avons eus, mais tu restes ma mère. Je ne veux pas revenir
sur les agissements que vous avez eus Dufour et toi, dans le passé. Cette
affaire a été jugée, chacun a payé ou paye encore pour cela. Non. Je suis venu
te parler de deux nouveaux faits. Deux attentats. L’un commis contre Agnès, et
l’autre, ce matin, contre papa. J’ai des raisons de penser que tu n’es pas
étrangère à ces deux évènements. Je suis venu te mettre en garde. N’as-tu pas
été assez punie, et veux-tu aller encore, et encore, au devant d’autres ennuis ?


-
Je ne suis pas
au courant de ce dont tu me parles. Si tu es venu pour me menacer, ton déplacement
était inutile Ton père et toi m’avaient plongée dans la misère, alors que
j’étais venue repentante vers vous. Je
te demande de me laisser un peu de tranquillité, et de ne plus venir m’accuser de je ne sais quoi.


Nicole qui était revenue dans le salon
en entendant sa mère rentrer, intervint


-
Serge, tu viens
de parler d’Agnès, demanda-t-elle, que lui est-il arrivé ? Je l’aime bien.


-
Il lui est
arrivé qu’elle a failli mourir. Tu connais la descente pour revenir du village
vers Les Platanes ? Hé bien, lorsqu’Agnès a voulu freiner, les freins se
sont cassés et après enquête, on s’est aperçu que les câbles des freins avaient
été coupés.


Se tournant vers sa fille, Marthe
reprit :


-
Et, tu l’as entendu, ton frère semble penser que c’est
moi qui ai coupé les freins. Comment veux-tu que je fasse une chose
pareille ? D’une part, j’aime bien Agnès, je ne lui veux aucun mal, et d’autre
part, je ne connais rien au fonctionnement des bicyclettes, j’ai toujours eu
des automobiles, je suis bien incapable de trafiquer une bicyclette pour
provoquer un accident.


-
Pourtant maman, tu m’as dit que tu détestais
« cette gamine » en parlant d’Agnès.


-
C’était une
façon de parler, bien sûr, mais je n’ai jamais voulu lui faire de mal, et
encore moins la tuer, tu le penses bien.


Serge constata que Nicole commençait à se
poser des questions, mais il préféra ne pas insister sur l’accident d’Agnès
pour qu’elle se fasse elle-même une opinion. Et il parla du second accident.


-
Maman, possèdes-tu toujours le fusil de chasse que papa
t’avait offert il y a une dizaine d’années.


-
C’est possible,
mais je n’ai pas de permis de chasse. Je n’ai pas les moyens de m’offrir cette
distraction.


-
On a tiré sur la
voiture de papa ce matin, et s’il s’en est tiré, ce n’est pas la faute de la
personne qui avait tiré.


-
Tu ne penses
tout de même pas que je suis allé tirer sur ton père ? Mais enfin
réfléchis eu peu ! Je ne suis pas une meurtrière.


-
Mais maman, dit Nicole, tu sais bien que ton fusil est
là puisque tu le nettoyais l’autre jour.


-
C’est vrai, mais
je ne m’en suis pas servie. En voilà assez !! Cela ne te suffit pas, Serge
de voir, celle qui, tu l’as dit, reste ta mère, dans un complet
dénuement ? Il faut encore que tu viennes me tarabuster avec je ne sais
quelle faribole. Tu ne vas pas me mettre sur le dos tous les accidents qui
surviennent dans la région ? Ca
suffit !! Sors d’ici !!


-
- Je pars maman. J’étais venu pour savoir, maintenant,
je sais, et je crois que Nicole commence à y voir clair, elle aussi.


Il alla embrasser sa sœur qui se
laissa faire sans protester, ce qui était nouveau, et lui dit que si elle
voulait venir les voir, ils seraient tous heureux de l’accueillir.


-
C’est ça !! Et maintenant prends moi ma fille, la
seule qui me reste ; Déguerpis immédiatement !!!


Serge quitta l’appartement de sa
mère avec la certitude que les deux attentats étaient bien imputables, à sa
mère. Mais il ne ressentait aucune satisfaction d’avoir vu juste. Il était
profondément malheureux de constater, que toutes les épreuves qu’ils avaient
traversées n’avaient pas contribué à assagir sa mère, dont le fond s’avérait
définitivement mauvais, et non amendable.



Il passa à l’hôpital où se
trouvait toujours Agnès. Il se garda bien de lui parler de la visite qu’il
venait de faire, et qui avait confirmé ses soupçons. Lorsqu’il était entré dans
sa chambre, la jeune fille eut un large sourire, qui plus que n’importe quelle
parole, décrivait les sentiments qu’elle ressentait pour Serge. Aussi, sans
l’avoir prémédité, poussé par une impulsion incontrôlable, il lui dit, avant
même de s’asseoir à son chevet.


-
Agnès, je crois bien que je t’aime.


En guise de réponse, elle tendit
ses bras vers lui, il se précipita pour l’enlacer, et ils échangèrent pour la
première fois, un baiser qui n’était pas simplement amical.


Lorsque Serge vint s’asseoir, ils ne
parlèrent plus de leurs sentiments, et il raconta ce qui était arrivé le matin
même à son père, ce qu’elle ignorait encore.



Agnès ne comprenait pas, qui pouvait vouloir s’acharner sur eux, et
lorsqu’elle demanda à Serge s’il avait une idée sur la question, malgré leur
nouvelle situation amoureuse, il n’osa pas lui faire part des soupçons, à peu
près confirmés qu’il avait au sujet de sa mère. Il était évident qu’une
histoire d’amour qui débutait par des cachotteries, partait sous de mauvais
auspices, mais il était difficile, très difficile pour un fils, d’avouer que sa
mère était une criminelle. La honte, qui normalement ne devrait que la
concerner, s’étendait également sur lui, et il ressentait des sentiments
complexes, un mélange de bonheur tout nouveau d’aimer et d’être aimé d’une
part, et la profonde tristesse d’avoir
une mère aussi dénaturée d’autre part.



Après sa visite à l’hôpital, Serge rentra chez lui, où son père était
déjà rentré. A lui, il n’avait aucune raison de le cacher. Il lui raconta la
visite faite chez sa mère, la conversation qu’ils avaient eue, et la conviction
qu’il en avait tirée sur la responsabilité de sa mère.



Profondément abattu, Marc murmura : Elle ne s’arrêtera donc
jamais ? Jusqu’où veut-elle aller ? Il n’y avait pas de réponse à ces
questions. Après un moment de réflexion, il ajouta :



C’est curieux, c’est irrationnel, mais je ne parviens pas à croire que ta mère soit coupable de l’attentat contre moi.


Jeanne étant entrée dans la pièce, ils
cessèrent de parler de ce problème, mais la jeune fille sentait bien qu’il se
passait quelque chose. Elle insista tellement pour tout connaitre, mettant en
avant son âge de raison, son appartenance à la famille, et donc son droit de
tout savoir, que son père finit par céder et lui raconta le coup de feu qu’il
avait essuyé le matin, ainsi que la visite rendue par Serge à sa mère.


Marc tenta de ne pas trop incriminer
Marthe, mais Jeanne ne s’y trompa pas.


-
Vous mentez très mal, tout les deux, et je suis sûre
que vous pensez à la responsabilité de maman aussi bien dans l’accident d’Agnès
que dans l’attentat contre papa. Qu’allons-nous faire ? Elle vient de sortir
de prison, et si vous dites à la police ce que vous savez, elle risque d’y
retourner pour longtemps, or, c’est notre mère, malgré tout.


( A suivre)
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyDim 27 Fév - 8:55

Pas facile de prendre une décision...
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Jean-Louis
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyDim 27 Fév - 11:36

En effet il vaut mieux laisser l'affaire suivre son cours..
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Anne
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyDim 27 Fév - 12:33

Oui il faut laisser l'affaire s'éclaircir toute seule, surtout que rien n'est certain, puis petit rappel du titre, j'attends la suite avec impatience. LA REDEMPTION A_plai12
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aristee
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MessageSujet: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyLun 28 Fév - 8:32

Les hommes furent dispensés de répondre car on
sonnait à la porte d’entrée. C’est Serge qui alla ouvrir, et eut la surprise de
trouver sur le pas de la porte, sa demi-sœur Nicole, en larmes.


-
Que se passe-t-il Nicole ?


-
Je ne veux plus rester avec maman. J’ai compris qu’elle
vous avait fait beaucoup de mal, et je voudrais demander à papa, même s’il
n’est pas mon vrai père, de me reprendre avec vous.


Les minutes qui suivirent furent,
émouvantes, et la famille se reconstitua, en dehors de la mère évidemment.


Nicole était venue avec les seuls
vêtements, d’ailleurs en mauvais état qu’elle portait au moment où elle avait
quitté l’appartement de sa mère, aussi, Jeanne lui prêta une de ses robes, et
Marc ayant donné l’argent nécessaire, les deux sœurs partirent en ville pour faire les achats d’objets de première
nécessité.


Le soir, ils étaient tous les quatre
réunis autour de la table du dîner. L’ambiance était un peu lourde, car, même
si le problème n’avait pas été abordé,
ils pensaient à Marthe, qui venait de perdre sa dernière fille. Certes,
elle avait été à l’origine de tous les ennuis de la famille, mais ils avaient
vécu ensemble durant des années, et ce passé ne pouvait s’effacer aussi
rapidement.


Désormais seule, dans une situation
matérielle qui ne devait pas être brillante, son amant en prison, dans
l’impossibilité de revenir vers sa famille qu’elle avait volontairement
quittée, c’était elle, maintenant, qui passait des moments sans doute très
difficiles, et chacun y pensait autour de la table. Chacun ? Non, pas tout
à fait, car Nicole venait seulement de réaliser les actes impardonnables de sa
mère et avec le caractère entier de la jeunesse, ne se laissa pas aller, vers
un début de pardon.


Après la fin du repas, Marc demanda à ses
enfants de ne pas parler de l’agression qu’il avait subie le matin même. Nicole
essaya de dire, que si aucune sanction n’était prise contre elle, rien ne
l’empêcherait de recommencer, et qui sait, si une autre fois, elle ne
parviendrait pas à occasionner des blessures graves à l’un d’eux.



C’est encore Serge qui présenta
une solution.


Il estima que son père avait raison de ne
pas déposer plainte contre sa femme, mais d’un autre côté, ne rien faire,
pourrait en effet inciter Marthe à récidiver. Aussi fit-il la proposition
suivante.


-
Je vais retourner voir notre mère, pour la mettre en
garde. Nous n’interviendrons pas maintenant, pour inciter les gendarmes à
orienter leur enquête vers elle, à la suite de l’accident d’Agnès. De même,
nous ne déposerons pas plainte pour l’attentat commis contre papa. Mais, en
même temps, je préviendrai notre mère, qu’à la moindre nouvelle tentative pour
nuire à l’un de nous, nous la chargerions à bloc auprès des enquêteurs. Pour
bien prouver que nous avons effectué cette mise en garde, je propose que nous
lui envoyions une lettre recommandée, signée de nous quatre, et dans laquelle
nous rappellerons notre mise en garde. Si nous sommes appelés à déposer plainte
contre elle, nous pourrons prouver la date de notre mise en garde.


Sa proposition fut adoptée par
tous.







CHAPITRE
2











Trois jours après cette discussion, la
lettre recommandée ayant été envoyée, Serge se présenta devant la porte de
l’appartement de sa mère.


Il avait sonné par trois fois, mais personne
n’était venu lui ouvrir. Il essaya de
frapper du poing, de plus en plus fort, mais n’eut pas plus de succès. Il
s’apprêtait à repartir, lorsque, machinalement il posa la main sur le bouton de
porte pour tenter d’ouvrir. A sa grande surprise, la porte n’était pas fermée.


Il eut
subitement une montée d’angoisse. Si la porte était ouverte, c’est que sa mère
était là, et si elle ne répondait pas à la sonnerie d’entrée, ni à ses coups
dans la porte, c’est qu’il lui était arrivé quelque chose. Il eut un court
moment d’angoisse et d’hésitation, puis pénétra dans l’entrée. Sur la gauche,
la porte menant à la salle de séjour était fermée, il l’ouvrit doucement, et
vit sa mère affalée sur le vieux divan. Il s’approcha craignant le pire, et
constata avec soulagement que sa poitrine se soulevait à intervalle régulier.
Elle était en vie, mais dans quel état !!Elle n’avait pas du se coiffer
depuis plusieurs jours, elle portait une vieille robe dont un côté relevé,
laissait voir une jambe d’ailleurs encore magnifique, et sur la petite table, à
côté d’elle, elle avait posé la lettre recommandée, qu’ils avaient signée tous
les quatre.


S’approchant
lentement de sa mère, il posa sa main sur son épaule et la secoua, doucement
d’abord, un peu plus fort ensuite, jusqu’à ce qu’elle se réveille. Lorsqu’elle
ouvrit les yeux et vit son fils, elle murmura :


-
Encore !!Vous ne m’avez pas fait assez de mal,
tous ? S’il te reste un petit sentiment pour ta mère laisse-moi !! Je
n’ai plus rien ! Il me restait une fille, elle m’a quittée. Que
voulez-vous de plus ?


Plus remué qu’il ne l’aurait
pensé, Serge ressentit une grande compassion pour sa mère. Certes elle avait
beaucoup à se faire pardonner, mais son état actuel ne pouvait qu’inciter à la
miséricorde.


Il s’assit auprès d’elle, et, d’une voix
très calme, Serge énuméra tous les griefs que son père, lui-même, et ses soeurs pouvaient lui reprocher. Puis
il conclut en lui demandant d’arrêter ses vengeances, qui, si elles se poursuivaient,
ne pourraient que lui amener de très gros ennuis.


-
Maman, arrête, arrête, je t’en prie à t’en prendre à
nous, Nous avons jusqu’ici essayé de te préserver, mais nous ne pourrons pas
éternellement cacher, tous tes agissements aux enquêteurs. Tu as provoqué
l’accident d’Agnès, tu as tiré sur la voiture de papa, maintenant ça
suffit !!


Marthe se redressa lentement et
prenant une position plus digne, demanda à son fils de l’écouter sans
l’interrompre.


-
Il faut que tu connaisses la totalité de l’affaire
avant de me juger et de lancer des accusations à la légère.


-
Si tu pouvais te
justifier, maman, je serais le fils le plus heureux.


Après lui avoir demandé une nouvelle
fois, de la laisser parler sans l’interrompre, elle commença son récit. Elle
expliqua que lorsqu’ils s’étaient rencontrés, Marc et elle, ce fut littéralement le coup de
foudre, puisque 3 mois plus tard, ils étaient mariés. Ils eurent deux enfants,
lui, Serge, sa sœur Jeanne, et formèrent une famille très unie, et heureuse.
Serge avait 6 ans et Jeanne un an, lorsque Marthe, en faisant ses courses,
aperçut Marc attablé à la terrasse d’un café, le bras passé sur les épaules
d’une assez jolie femme.


Ce fut pour elle un effondrement.
Jamais, jamais la pensée d’une infidélité de Marc, ne l’avait effleurée. Elle
n’intervint pas, et rentra chez elle en pleurs. Lorsque Marc arriva, elle lui
dit ce qu’elle avait vu. Certes, son mari était affreusement gêné, mais il ne
nia pas. Ce fut un tournant dans leur vie familiale. Marthe était certaine, que
Marc continuait à voir sa maitresse, mais aucune autre explication n’eut lieu
entre les deux époux.


Il y avait six mois que Marthe avait fait
la découverte de l’infidélité de son mari, lorsqu’un après midi, alors que Marc
était allé, ou était censé, être allé au terrain de golf, elle eut la visite de
Denis Dufour.


C’était le chef de comptabilité de son
mari. Il était bien physiquement, beau parleur, et lui dit qu’il avait remarqué
la tristesse de Marthe, et affirmait en connaitre la raison. Oui, dit-il, il savait
que Marc avait une maitresse, elle-même mariée, et ils semblaient très amoureux
l’un de l’autre.


Ce jour-là, Denis n’alla pas plus avant,
mais le samedi suivant, il revint, et dit à Marthe, que depuis qu’il l’avait
vue, il avait été très attiré par elle.


Durant plusieurs semaines, Denis vint
voir Marthe, sans revenir sur les sentiments qu’il éprouvait à son égard.


En revanche, à chacune de ses visites, il
expliquait que « ce pauvre » Marc, n’était vraiment pas doué
pour les affaires. Que s’il n’avait pas été là, lui, Denis, pour redresser ses
erreurs, et lui donner de bons conseils, il y a belle lurette que la société
serait en liquidation.



Il effectua ce lavage de cerveau, avec intelligence, disant toujours
qu’il aimait Marc comme un frère, et que toujours, il défendrait ses intérêts,
comme s’il s’agissait des siens propres.


Ces lancinantes répétitions, firent que
Marthe était persuadée être mariée avec un homme infidèle, et de surcroit, nul
en affaires. Elle en était arrivée à l’intime conviction, que sans Denis, leur
aisance actuelle n’existerait pas. Lorsque Marc lui faisait un cadeau, elle
était persuadée, qu’en fait, c’était à Denis qu’elle le devait.


Elle finit par devenir la maitresse de
cet homme remarquable, qui lui jurait fidélité, et qui dans l’ombre, maintenait
la société de son mari à bout de bras.


Lorsqu’elle tomba enceinte, elle savait
parfaitement, que l’enfant était de Denis, et dès la naissance de Nicole, elle
fut sa préférée. Dès lors, pour Marthe, son mari et les deux premiers enfants,
furent rassemblés dans le même opprobre.



A
ses yeux, il y avait désormais, deux groupes dans la famille, d’une part, Marc,
avec les deux enfants qu’il avait fabriqué, et d’autre part elle-même et Nicole,
auxquelles venait s’adjoindre Denis
Dufour, pour l’instant à l’extérieur du groupe familial, mais avec lequel,
c’est certain elle vivrait prochainement avec Nicole leur fille chérie.


En racontant cela à son fils, elle
pleurait abondamment, et dit comprendre
désormais l’injustice dont elle avait fait preuve en traitant différemment ses
ainés et sa fille cadette. Son aversion pour Marc était telle, qu’elle le
traitait d’incapable, ce qui, elle le pensait maintenant, n’était pas fondé,
puisque son entreprise, créée par lui, avait été très prospère jusqu’aux
malversations de Denis.
( A suivre)
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http://bon.livre.free.fr/romans/romans_livres.htm
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MessageSujet: Re: LA REDEMPTION   LA REDEMPTION EmptyLun 28 Fév - 10:16

Donc elle était très naïve et l'amant machiavélique à tout préparer.
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