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 LE VOYAGE D'AGNES

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aristee
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MessageSujet: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyVen 31 Déc - 8:59

ACTE 1

Le rideau se lève sur une grande pièce qui
sert de cuisine et de salle à manger. Les meubles sont rustiques, nous sommes à
la campagne. Au centre une grande table couverte d’une toile cirée, sur
laquelle se trouvent des bouteilles, des légumes, et des fruits. C’est la table
de cuisine et de salle à manger à la fois.
Dans un coin, une table qui sert de bureau
est encombrée de papiers et de dossiers, avec un petit classeur à côté.
Alain, est assis devant son bureau. Il
téléphone, et lorsque le rideau se lève, il écoute son interlocuteur
……………………………………………….
ALAIN
C’est curieux que vous ne parveniez pas à le
trouver. Attendez que je me souvienne. (Un temps) c’est un dossier dont la
couverture est orange, c’est ça orange. Il faut absolument que vous le trouviez
et que vous me l’apportiez tout de suite.
……………………………….
ALAIN
Combien de kilomètres ? Je ne sais pas, 4
ou 500km, mais vous avez une grosse voiture, ce sera une promenade pour vous,
et la région est magnifique. Bien sûr, vous coucherez à la maison. C’est une
vieille maison de campagne, mais elle a du charme….enfin, c’est l’avis de ma
femme.
……………………………………………
ALAIN
Ah bon ? Il est trop tard pour venir ce
soir ? Alors, demain sans faute. Mais cherchez immédiatement ce dossier,
je suis très inquiet. J’en ai absolument besoin pour ma conférence à San
Francisco. Justement, j’y pense, sur le dossier, j’ai du écrire Silicon Valley.
Vous le trouverez sans difficulté. Dès que vous l’aurez, vous me téléphonerez
pour me rassurer.
…………………………………..
ALAIN
C’est ça, Luc, à tout à
l’heure, téléphonez moi vite.
Alain raccroche et se replonge dans ses papiers.

Jeanne entre. Elle porte un tablier bleu de paysanne, dans lequel, en soulevant les deux coins du bas de son tablier, elle porte des légumes divers, tomates, courgettes, oignons etc…

JEANNE (On comprend vite qu’elle est très bavarde)
C’est fantastique !! le jardin des
Brugier est magnifique, et les légumes sont splendides. Il y a longtemps que
nous n’avons pas mangé des légumes et des fruits aussi frais. Quand j’étais
petite, mes grands parents habitaient à la campagne, nous avions un verger et
un jardin plein de fleurs et de légumes. C’est formidable de retrouver ses
sensations d’enfances.

(Pendant que Jeanne parle, Alain continue
imperturbablement la lecture de ses dossiers)

Tiens, chez les Brugier il y avait le père
Anselme tout à l’heure. Je l’ai à peine reconnu, il a beaucoup vieilli, mais il
a toujours son regard malicieux. Oui, tu as eu une riche idée de nous faire
revenir ici, pour que tu puisses mettre au point ta conférence dans le calme et
la sérénité de la campagne. On est vraiment bien ici. C’est ton avis ?
(Alain ne répond pas)

JEANNE

Je te parle, Alain, tu m’écoutes ?
(Alain ne répond pas)
JEANNE (Hurlant)

Je te parle, Alain, tu m’écoutes ?

ALAIN (Qui sursaute)
Tu me parles ?

JEANNE
Alors tu n’as pas entendu tout ce que je t’ai
dit ?

ALAIN
Non. Excuse-moi, je suis dans la préparation
de ma communication à San Francisco.

JEANNE
Mais ce n’est pas pour tout de suite, ton
truc ! Tu pourrais écouter quand je te parle.

ALAIN (Après un temps)
Je crois qu’il vaudrait mieux que je m’installe
dans une autre pièce ….. J’y serai plus tranquille pour travailler.

JEANNE
Dis, tout de suite, que je t’embête, et que je
t’empêche de travailler !

ALAIN
Oui…non…Enfin, non, tu ne m’embêtes pas, mais
tu sais je m’occupe de problèmes assez ardus, alors je ne peux pas couper mon
raisonnement pour répondre à tes questions. Tu disais ?

JEANNE
Qu’on était bien ici !

ALAIN (Souriant)
C’est vrai, qu’on est bien ici, et qu’il était
très important que tu le soulignes !

JEANNE
Ici, tu es tranquille pour lire tes papiers.

ALAIN
Exact. Quand il n’y a personne dans la maison,
rien ne peut me distraire.

JEANNE
A propos de distraction, j’ai rencontré aussi
la femme du maire. Elle m’a dit que Dimanche, il y avait une fête au village et
qu’elle espérait bien nous y voir. Je lui ai répondu que bien sûr, nous irions.

ALAIN
Je compte sur toi pour m’excuser. Tu leur
diras que je dois préparer une communication scientifique. C’est d’ailleurs la
stricte vérité.

JEANNE
C’est peut être vrai, mais tu pourrais nous
consacrer deux ou trois heures. Tu es célèbre, et ils seraient flattés de ta
présence.

ALAIN
Ecoute, Jeanne, si je suis un peu connu, c’est
parce que j’ai beaucoup travaillé. Et j’ai encore beaucoup à faire, alors, je
compte sur toi pour m’excuser, je ne pourrai aller à la fête du village. Ce
sera ta façon de m’aider à être encore plus célèbre.

JEANNE
Je suis contente et fière que tu sois un homme
connu, mais quand même, tu pourrais de temps en temps, sortir de tes paperasses
et de tes expériences.

ALAIN
Non. Je regrette, mais je ne peux pas.
(Le téléphone sonne.)
Ah ! Ce doit être Luc !
(Il décroche et écoute un
moment)

ALAIN
Ah bon ? La couverture du dossier est
noire et pas orange, et j’avais inscrit CRYOGENIE et non pas Silicone
Valley ? Cela n’a pas d’importance. Le principal, c’est que vous l’ayez.
Nous vous attendons donc, demain pour le déjeuner. Bonne route
(Il raccroche)

ALAIN (A sa femme)
Luc vient demain. Il sera là pour déjeuner, et
bien sûr, il couchera ici. Tu t’en occupes ?

JEANNE
Bon. Je vais demander à Solange de venir
m’aider. D’ailleurs, cela va l’arranger, car la pauvre, a du mal a joindre les
deux bouts. Elle élève seule ses deux enfants, depuis que son tordu de mari,
est parti avec une minette.

(Après avoir demandé à sa femme de prévoir
la venue de Luc, Alain s’est replongé dans ses dossiers)

JEANNE (Continuant)
Il faut bien l’avouer, la plupart des hommes
sont des salauds. Si j’étais au gouvernement, je déciderais que lorsqu’un homme
marié aura fait son deuxième enfant (Pour le renouvellement de la population,
tu comprends ? ) On leur couperait le Zizi. Comme ça, ils n’auraient plus
envie d’aller voir d’autres femmes, et ils se consacreraient à l’éducation de
leurs enfants.

Moi, je le dis souvent : Si les hommes
laissaient les femmes gouverner, les choses iraient mieux. Beaucoup mieux. Mais
comme ce sont les hommes qui gouvernent, ils ne veulent pas laisser leur place.
Moralité : pour que les femmes puissent remettre notre pays d’aplomb, il
n’y a qu’une solution : La Révolution. Tu me diras que comme ce sont
surtout des hommes qui sont dans l’armée, la police et la gendarmerie, une
révolution des femmes ne réussirait pas. Tu n’as pas tort, mais nous avons
d’autres moyens à notre disposition. On peut faire un tas de grèves. Si, on se
mettait toutes d’accord en même temps pour ne plus faire de ménage, de repas,
et ne plus faire l’amour, il faudrait bien que les hommes lâchent le pouvoir.

D’ailleurs, dans la Grèce antique, c’était
déjà une idée de Lysistrata, qui, tu te le rappelles, avait donné un mot
d’ordre à toutes les femmes : Dire à leurs maris, « ou la guerre, ou
l’amour »

Je ne me rappelle plus comment cela
s’était terminé. En tous cas, nous devrions toutes vous
dire : Prenez en compte nos idées, ou tintin » !
Qu’en penses-tu ?
(Alain ne répond pas et continue son travail)

JEANNE
Oui, toi, tu t’en fous !
C’est vrai que tu n’es pas des pires. Bon, je vais aller chercher Solange.
(Elle s’apprête à sortir,
lorsque pensant à quelque chose, elle revient vers Alain et lui demande) ;

JEANNE
Dis donc, Alain, sais-tu où
tu as mis ton paletot bleu ? Il faut que je l’apporte au nettoyage.
(Alain ne répond pas)

JEANNE Hurlant)

ALAIN !!

ALAIN (Il sursaute)
Quoi ?

JEANNE
Sais- tu où tu as mis ton paletot bleu ?
Il faut que je l’emporte au nettoyage.

ALAIN
Je ne sais pas, moi….Ah si ! Il doit être
dans le salon.

JEANNE
Ah, quand même !!
(Elle se dirige vers une autre porte et sort.
Elle revient presque aussitôt, agitée.

JEANNE (Qui se précipite vers Alain, et parle à voix assez basse)

Alain ! Alain ! Il y a une fille
qui dort dans la pièce à côté.

ALAIN (Sans lever les yeux de
ses papiers)
Di-lui que j’ai besoin de cette pièce et
qu’elle aille dormir ailleurs ……

JEANNE
Mais…Elle est toute nue !

ALAIN (Continuant sa phrase,
calmement et absent)

…… Et qu’elle s’habille !!

JEANNE
Mais tu entends ce que je te dis ? Il y a
une fille nue qui dort dans le salon.

ALAIN (Revenant sur terre)
Une fille nue dans le salon ? Qui
est-ce ?

JEANNE
Mais je n’en sais rien justement ! Je ne
la connais pas.

ALAIN (qui reste derrière son
bureau)

Elle est un peu sans gêne, non ? En tous
cas, il faut qu’elle se rhabille, et qu’elle parte.

JEANNE
Mais enfin, c’est à toi de lui dire de
partir !

ALAIN
Tu m’as dit qu’elle était toute nue. Je ne
vais pas aller la voir. Elle serait gênée.

JEANNE
Tu viens de dire qu’elle est sans gêne.

ALAIN
Elle peut être sans gêne, mais pudique.

JEANNE
Pudique ? Elle est à
poil !!

ALAIN
Oui, hé bien, occupe-toi de ce problème, moi,
j’ai du travail !

(Il se replonge dans ses papiers)

JEANNE (Criant de nouveau)
Alain !!
C’est à toi de régler ce problème, débrouille
toi !!

ALAIN ( Il soupire, se lève, va vers la porte
du salon et crie)

Mademoiselle !!
Habillez- vous, et venez ici !!

( On entend des bruits dans la pièce d’a côté. La porte s’ouvre lentement, et apparait une jeune fille, très jolie, drapée dans une couverture)

ELLE (Un peu affolée)

Où suis-je ?

ALAIN (Parlant gentiment)
Justement, vous êtes chez nous, et je me
demande ce que vous y faites. Vous vous habillez toujours avec votre
couverture ?

JEANNE (Moins aimable)
Mais non ! Elle n’est pas à elle cette
couverture, elle est à nous. Tu ne la reconnais pas ? Vous avez un sacré
culot mademoiselle !

ELLE (Toujours affolée)
Pourquoi suis-je ici ? Où sont mes
parents ?

ALAIN
Mais c’est à vous de nous le dire.

(Elle regarde autour d’elle,
puis Jeanne et Alain)

ELLE
Vous êtes déguisés ? Pourquoi ? Et
où sont mes vêtements ?

ALAIN
Venez vous asseoir,
mademoiselle. Je crois qu’il doit y avoir un quiproquo. Qui êtes-vous ? Où
habitez-vous ?

ELLE
Je m’appelle Agnès Lombreuse. J’habite à
Londres. Après le repas du soir, je suis allée me coucher, et je vous ai
entendu crier…je ne comprends rien. Je ne vous connais pas.

ALAIN
Votre histoire est assez curieuse en effet.
Vous vous êtes couchée chez vous, en Angleterre et vous vous êtes réveillée
chez nous près de Valence. Peut être êtes vous somnambule ? Je crois que
la première chose à faire, c’est de téléphoner à vos parents qui doivent
s’inquiéter.

AGNES
Je devrais faire quoi ?

ALAIN
Vous devriez téléphoner à vos parents.
Puisqu’ils habitent en Angleterre, ils viendront vous chercher en avion nous
sommes à Etoile, c’est à 10 kilomètres de Valence.

AGNES (Perdue)
Téléphoner, avion…Je ne comprends pas ce que
vous me dites.

JEANNE
Vous savez bien ce qu’est un
téléphone ?

AGNES
Non !

JEANNE
Et un avion ?

AGNES
Non plus !

JEANNE (Se tournant vers Alain)
Elle est peut être somnambule, mais elle est
aussi amnésique.


AGNES (Montrant du doigt une ampoule éclairée)
Qu’est-ce que c’est, ça ?

ALAIN
Ca, mademoiselle, c’est une ampoule électrique. C’est pour nous permettre de nous éclairer Vous n’en avez pas chez vous ?

AGNES
Non, bien sûr. Nous avons des chandelles comme
tout le monde.
( A suivre)
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nane
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyVen 31 Déc - 15:06


ho ho un voyage à traver le temps, je salive déjà...
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Jean-Louis
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyVen 31 Déc - 15:31

Pire c'est Eve qui revient toute nue pardi ! On va pas tarder à voir arriver Adam !
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aristee
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MessageSujet: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptySam 1 Jan - 9:05

JEANNE (A son mari)


C’est grave. Qu’est-ce qu’on fait ?


ALAIN (De plus en plus
intéressé, à sa femme d’abord)


Attends, attends ;


(Puis à Agnès)


Pouvez- vous mademoiselle me donner votre date
de naissance ?


AGNES


Je sais, je fais plus jeune, mais j’ai 18 ans,
je suis née le 23 mai 84


ALAIN


Si vous êtes née le 23 Mai 1984, vous n’avez
pas 18 ans, vous en avez 25.


AGNES (Décontenancée)


Mais pourquoi parlez –vous de 1984 ?
C’est en 1784, bien sûr, que je suis née, et comme nous sommes en Juin 1802,
j’ai bien 18 ans.


JEANNE (A son mari)


Somnambule et amnésique, peut être, mais il y
a encore autre chose…..bien plus grave.


ALAIN (A sa femme.)


Fiche moi la paix !


(Très intéressé à Agnès)


Donc, vous pensez que nous sommes en 1802.
Pouvez-vous me dire qui dirige la France ?


AGNES


Laquelle ?


ALAIN


Comment laquelle ? Il n’y a qu’une
France, que je sache ?


AGNES


Non Monsieur ! Il y a la fausse France
avec son usurpateur le général Bonaparte, qui nous oblige à rester en
Angleterre, et il y a la vraie France, celle de l’exil qui ne peut avoir qu’un
seul chef : Le Roi


ALAIN (Le savant, est très
intéressé)


Curieux, très curieux. Ainsi vous vous êtes
couchée en 1802, en Angleterre, et vous êtes réveillée en France en 2009 ?


AGNES


Je ne comprends pas. Qu’est-ce que vous
dites ?


ALAIN


Oui. Cela va être difficile pour vous.
Mademoiselle, par un phénomène que je ne m’explique pas encore, vous avez
voyagé à travers le temps et à travers l’espace…


Je vais vous poser une question…Un peu
délicate…Mais il faut essayer de comprendre…Est-ce que vous avez l’habitude de
vous coucher nue ?


AGNES (Rougissante)


Non, pas l’hiver bien sûr,
mais hier soir, il faisait si chaud…


ALAIN


Bon. Voilà un mystère de moins. Pouvez-vous me
dire, si, dans la journée d’hier…pour vous, il s’est passé quelque chose
d’inhabituel ?


AGNES


J’ai peur…Qu’est-ce qui m’arrive ?


ALAIN


N’ayez pas peur, nous allons essayer de
comprendre, calmez-vous. S’est-il passé quelque chose de spécial hier ?


AGNES


Non…Je ne sais pas..Il ne s’est rien passé,
hier…sauf ce drôle de bonhomme :


ALAIN


Quel drôle de bonhomme ?





AGNES


Oh, c’était un fou. Quand il est parti, papa a
dit que c’était un fou….Je veux voir mes parents, où sont-ils ?


ALAIN (Essayant de la calmer)


Plus tard, plus tard. Pour l’instant nous
tentons de comprendre certaines choses. Parlez- moi de ce fou !


AGNES (Enervée)


Je ne sais rien sur ce fou ! Je veux voir
mes parents !!


ALAIN


Faites un effort, mademoiselle ! Dites
nous comment vous avez vu cet homme, ce
qu’il a dit, ce qu’il a fait.


AGNES


Il n’a même pas frappé à la porte. Nous
étions, papa, maman et moi, dans le salon, et il est entré, son chapeau à la main. C’était un
français. Il nous a dit : Je suis le comte de Saint Germain.


C’était un bel homme, couvert de pierres
précieuses, mais qui disait des bêtises.


ALAIN


Que disait-il ?


AGNES


Des bêtises. Il disait qu’il était très vieux,
qu’il avait connu Alexandre le Grand, qui vivait je ne sais pas quand, mais il
y a longtemps, et il dit même, vous vous
rendez compte, qu’il avait connu Jésus Christ. C’était un fou…..( un temps) je
voudrais voir mon père et ma mère. Où sont-ils, et moi, pourquoi je suis là. (Elle
regarde autour d’elle) tout est drôle. Dites, monsieur, que m’est-il
arrivé ? Je suis morte ?


ALAIN


Non, vous n’êtes pas morte. Vous constatez que
vous voyez, vous entendez, vous respirez…et peut être avez-vous faim ?


AGNES


Oui, j’ai un peu faim, mais surtout, j’ai
peur.


ALAIN


Il vous est arrivé quelque chose
d’extraordinaire, mais vous ne devez pas avoir peur. Avec nous, vous êtes en
sécurité. Pour commencer, vous aller manger quelque chose. Qu’est ce que vous
aimez ? Du fromage ? Des fruits ? Dites-nous ce que vous voulez ?


AGNES


Du pain, ça ira très bien….(Timidement) Avec
un bout de fromage, peut être ?


ALAIN


Jeanne donne lui quelque chose, je ne sais
pas, des confitures, du jambon…


JEANNE


Je vais voir ce que j’ai, mais il faudrait
qu’elle s’habille, et il n’y avait pas de vêtements dans le salon.


ALAIN (A jeanne)


Elle est un peu plus grande que toi, mais
pendant qu’elle mangera, va voir dans ta garde- robes, ce qui pourrait lui
aller.


(Jeanne sort une assiette, des couverts, un
pain, du jambon etc.. )


ALAIN


Pendant que ma femme vous prépare à manger,
parlez-moi un peu plus de ce comte de Saint Germain ; Est-ce qu’il vous a
parlé, à vous ? Est-ce qu’il vous a donné quelque chose.


AGNES (Rougissante)


Il m’a dit….que j’étais jolie, c’est tout. Et
il m’a donné une pastille.


ALAIN (Vivement)


Une pastille ? C’est intéressant, ça. Et
comment était- elle cette pastille ?


AGNES


Elle était très bonne, et il m’en a donné une
deuxième, que j’aie sucée tout de suite, et il m’en a donné trois autres en me
disant de les sucer plus tard.


ALAIN


Et où sont-elles, ces pastilles ?


AGNES (Se mettant à pleurer)


Je ne sais pas, je les avais
dans la poche de ma robe, et je n’ai plus de vêtement ? Qu’est-ce qui
m’arrive ? Qu’est-ce qui m’arrive ?





ALAIN


Allons, calmez –vous ma petite. Comme je vous
l’ai dit, vous êtes en sécurité avec nous. Mangez un peu, et vous verrez que
vous vous sentirez mieux. ( A suivre)
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptySam 1 Jan - 10:09

Etrange en effet mais passionnant déjà ce retour dans le temps...
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nane
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptySam 1 Jan - 10:15

Où Aristée va t-il nous faire aller ? bea
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MessageSujet: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyDim 2 Jan - 8:44

Agnès vient se mettre à
table. Jeanne sort.





AGNES


Ah ? Vous avez des fourchettes ?
Chez nous aussi, nous avons des fourchettes.


ALAIN


Vous semblez surprise. Tout le monde ne mange
pas avec une fourchette ?


AGNES (Tout en mangeant. Très
fière)


Oh, non ! Nous, nous sommes nobles. Mais
dans le peuple, ils mangent avec les doigts. Il parait même que Louis XIV qui
pourtant était un grand roi, mangeait avec ses doigts. C’est dégoutant !
Moi, je ne pourrais pas.


Jeanne revient avec des vêtements.


JEANNE


Quand vous aurez fini votre repas, vous irez
essayer ces vêtements, pour voir ce qui vous va le mieux.


(Elle lui fait voir une robe, une jupe et un
pantalon.


AGNES


Mais, madame, je suis une fille ! Je ne
peux pas mettre ça (Elle montre le pantalon). Et les robes sont bien trop
courtes, je n’oserai pas les mettre.


JEANNE (Pas très aimable)


Oh ! Ma fille ! Je
ne peux pas vous donner ce que je n’ai pas ! Qu’est-ce que vous avez fait
de vos vêtements ?


AGNES (Recommençant à
pleurer)


Mais, je ne sais pas, madame ! Je ne
comprends rien à ce qui m’arrive.


ALAIN (A sa femme)


Je te demande d’être gentille avec elle.


(A Agnès)


Tout à l’heure vous allez essayer une robe.
Même si vous la trouvez trop courte, ce n’est pas très grave. Vous verrez que
tout le monde s’habille comme cela, maintenant.


C’est vrai que vous vous retrouvez dans une
période que vous ne connaissez pas, mais vous êtes jeune, vous me semblez très
intelligente, vous allez très vite vous adapter. Ne soyez pas inquiète, nous
vous aiderons.


AGNES


Pourquoi moi ? Pourquoi est-ce à moi
qu’il arrive cette chose extraordinaire ? Je suis seule, toute seule, Où
sont mes parents, mes amis, et tous ceux que j’aime ? Je ne les verrai
plus ?


ALAIN


Je ne suis pas en mesure de vous répondre,
pour l’instant. Mais nous allons chercher, essayer de comprendre….En attendant,
nous allons vous aider à vous adapter. Vous verrez, ce sera même amusant pour
vous, car il y a beaucoup de choses que vous ne connaissez pas.


(Il va vers un transistor et l’ouvre. Ce sont
les informations)


Vous entendez, Agnès ?
Ce monsieur, nous raconte ce qui se
passe dans le monde, et il y des millions de gens qui l’entendent en même temps
que nous.


(Agnès se lève, va vers le transistor,
regarde tout autour)


AGNES


Mais il n’y a personne ! Où est-il ce
monsieur ?


ALAIN


Il est très loin de nous ce monsieur. Mais il
parle dans un appareil spécial, et sa voix est transmise jusqu’à nous.


AGNES


C’est de la sorcellerie ? J’ai
peur !





ALAIN


Non, ce n’est pas de la sorcellerie. C’est de
la science. Depuis deux cents ans, on a découvert beaucoup de choses, et vous
vous en rendrez compte, petit à petit.


Maintenant, si vous n’avez plus faim, vous
allez vous habiller dans la pièce à côté, ma femme vous aidera, puis, vous irez
acheter des vêtements à votre taille. Vous voulez bien ?


AGNES


Je préférerai voir ma maman et mon père.


ALAIN


Allons au plus urgent, et le plus urgent,
c’est de vous habiller correctement. Il faudra faire très attention dans les
rues. Restez toujours à côté de ma femme, car il y a des automobiles qui
roulent assez vite. Ma femme vous expliquera ce que c’est.


JEANNE


Reposez-vous un peu, détendez
vous, et dans quelques minutes, j’irai vous rejoindre.


Sans un mot, Agnès sort en emportant la
brassée de vêtements apportés par Jeanne.


JEANNE


Tu parles d’une histoire. C’est certainement
une fille échappée de l’asile, qu’en penses-tu ?


ALAIN


Je suis certain que non. Cette jeune fille est
saine d’esprit. Ses réactions sont parfaitement normales. Imagine que tu te
retrouves subitement en 2200, tu ne crois pas que tu te sentirais un peu
perdue ?


JEANNE


Tu ne crois sérieusement pas que cette jeune fille
nous dit la vérité ? Il est impossible qu’elle se soit couchée à Londres
hier soir, en 1802 et qu’elle se réveille chez nous en 2011 ! C’est
absolument impossible.


ALAIN


C’est apparemment impossible, et pourtant,
j’ai la certitude que c’est vrai !


JEANNE


Tu es peut être très intelligent dans ta
partie, mais mon pauvre ami, tu es prêt à avaler n’importe quoi, du moment que
c’est une jolie fille qui te le dit.


ALAIN


Ne dis pas de bêtises ! Elle pourrait
être ma fille. Et surtout, tu oublies l’intervention du comte de Saint Germain.


JEANNE


Tu le connais ce bonhomme ?


ALAIN


Non, je ne le connais pas, mais j’en ai
entendu parler.


JEANNE


Moi aussi. Par la gamine. Et elle a bien dit
qu’il était fou !


ALAIN


On a vite fait de traiter de
fous les gens que l’on ne comprend pas. Par exemple, ce comte de Saint Germain
disait qu’il pouvait faire disparaitre les imperfections d’un diamant. Le
prenant au mot, Louis XIV, lui confia un énorme diamant qui malheureusement
avait un très gros défaut. Quelques jours plus tard, le comte rendait au roi le
même bijou d’une eau absolument pure. Et il y eu de nombreux temoins.


JEANNE


D’accord, il avait peut être un truc pour ça,
mais réfléchis deux secondes. Ce comte de Saint Germain était adulte sous Louis
XIV qui est mort en 1715. Comment la fille aurait-elle pu le voir, en 1802,
toujours assez jeune ? C’est ridicule !


ALAIN


Je t’accorde que c’est difficile à comprendre.
Comme Agnès a eu du mal à comprendre qu’un monsieur, très loin, pouvait parler
à des millions d’hommes en même temps, et situés à de nombreux kilomètres de
lui. Tu ne vas pas dire que la radio n’existe pas ?


JEANNE


Il est vrai, que vu sous cet angle….Mais quand
même, c’est « trop impossible » !!


(Agnès entre. Elle a réussi à
enfiler une robe, beaucoup trop étroite et trop courte. Elle est boudinée,
empruntée, et toujours craintive)


JEANNE


C’est vrai que cette robe est un peu juste.
Nous allons en acheter une qui sera plus à votre taille. Oh ! et puis, tu
pourrais être ma fille, je vais te tutoyer. Je vais voir si je trouve des
chaussures à ta taille, et nous irons
faire des courses.


ALAIN


C’est ça, sortez. Moi, j’ai pris du retard et
je vais essayer de le rattraper.


( en aparté à Jeanne, il ajoute : Je t’en
prie, sois gentille avec elle. Signe d’assentiment de Jeanne.


Jeanne et Agnès sortent, Alain, se dirige
vers son petit bureau, pendant que le rideau tombe.
( A suivre)
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyDim 2 Jan - 9:40

Quelle histoire, mais quelle histoire ! bea
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aristee
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MessageSujet: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyLun 3 Jan - 8:47

Le rideau se lève sur le même décor. Alain,
travaille devant son bureau. Il est seul en scène quelques courts instants.
Puis Jeanne et Agnès entrent. On sent qu’elles s’entendent beaucoup mieux.








JEANNE


Voilà, Alain. Nous sommes allées faire des
courses. Regarde comme elle est belle notre petite Agnès.


ALAIN (Se retourne pour les
voir)


En dehors du fait que notre » petite
« Agnès est plus grande que toi, tu as parfaitement raison. Elle est très
mignonne, et sa robe est ravissante.


AGNES


Merci, mais je n’ai pas l’habitude. Toutes mes
robes venaient jusqu’aux chevilles. On voit mes mollets et ça me gêne un peu.


JEANNE


Tu es bête ! Tu as des jambes
magnifiques. Tu vas t’habituer rapidement.


(A Alain)


Tu sais, nous sommes montés dans un taxi. Je
voulais qu’elle sache ce qu’est une automobile. Elle a trouvé ça formidable, et
je crois qu’elle s’habituera facilement à tous nos progrès.


AGNES


Vous êtes trop gentille madame, mais par
exemple, nous avons vu passer haut, très haut, ce que vous appelez un avion, et
jamais, jamais, je n’irai dans ces appareils qui volent si loin de la terre.
Non, pour moi, ça, c’est trop !!!


ALAIN


Je vois que vous vous entendez bien toutes les
deux. J’en suis très heureux. Je te l’ai déjà dit, j’ai beaucoup de travail
pour préparer ma communication aux Etats Unis, alors, Jeanne, si tu pouvais
t’occuper d’Agnès, ça m’arrangerait.





JEANNE


OK ! On te laisse. Tu viens Agnès ?
On repart !


(Jeanne et Agnès sortent.
Alain se remet à travailler. Alors qu’il
est bien concentré sur la lecture d’un document, la sonnerie de la porte
d’entrée retentit à plusieurs reprises. Les premières fois, Alain continue sa
lecture, et devant l’insistance du visiteur, il finit par se lever en
maugréant, et sort pour aller ouvrir.


Il revient avec un homme assez jeune, très
élégant, richement habillé, très à l’aise.


ALAIN (Qui regarde sa montre)


Zut !! Je ne savais pas qu’il était si
tard ! Excusez moi, Denis de vous avoir fait attendre, mais je ne pensais
pas que cela pouvait être vous.


DENIS


Ce n’est pas grave Professeur. Voilà, je vous
apporte le dossier que vous m’aviez demandé. Je suis à votre disposition
entière. Que voulez vous que je fasse ?


ALAIN


(Venant s’asseoir sur un
fauteuil et indiquant d’un geste à Denis d’en faire autant)


Je veux vous parler d’un phénomène qui n’a
rien à voir avec ma conférence.


Figurez-vous, qu’hier, ma femme a découvert
dans le salon, une jeune fille qui dormait toute nue.


DENIS


Ah bon ? Et vous ne la connaissiez
pas ?


ALAIN


Absolument pas ! Mais le plus
extraordinaire reste à venir. Figurez vous, que cette jeune fille s’était
endormie à Londres, en…….1802, et s’est réveillée ici en 2009. Qu’en
dites-vous ?


DENIS (Reste un moment
silencieux)


Vous travaillez beaucoup, Professeur. Peut
être serait-il opportun de prendre quelques jours de repos.


ALAIN


C’est ça ! Dites que je suis fou !
(Un temps)


Vous me décevez Denis !!
Vous êtes un scientifique, et dès qu’il arrive quelque chose que vous ne
comprenez pas, au lieu d’essayer d’étudier le problème vous préférez prétendre
qu’il n’existe que dans une cervelle dérangée.


DENIS


Je suis désolé, Professeur, mais s’il est possible,
à la rigueur, de faire Londres -Valence en une nuit, en revanche, sauter 207
ans dans le même laps de temps, est tout à fait impossible.


ALAIN


Essayons de raisonner au moins. Si la chose
est impossible, c’est que la petite ment. Mais alors, comment expliquez vous
qu’elle soit entrée, alors que portes et fenêtres étaient fermées, comment
expliquer qu’elle soit nue, et sans vêtement auprès d’elle, comment expliquer
qu’elle connaisse bien l’histoire de son pays en 1802 et puis…..Lorsque vous
l’aurez vue, vous constaterez que c’est une jeune fille qui a les réactions
normales d’une personne qui transportée à travers le temps, s’étonne de tous
les appareils qui n’existaient pas de son temps.


DENIS


Soit, Professeur ! Je veux bien admettre
que cette jeune fille ne ment pas. Mais alors, si la chose est exacte, comment
l’expliquez-vous ?


ALAIN


Pour l’instant, je ne me l’explique pas, mais
il y a une explication, forcément. Je pense d’ailleurs que vous allez voir
cette jeune fille. Avec ma femme,, elles sont allées faire des courses, et ne
vont pas tarder à revenir..


DENIS


Malheureusement, je ne pourrai pas la voir. Je
suis déjà en retard, et je ne peux pas m’attarder.


ALAIN


Tout à l’heure, vous vous mettiez à ma
disposition en me demandant ce que vous pourriez faire pour moi, et maintenant,
il faut que vous partiez séance tenante. Pourquoi ? Avez-vous peur de vous
retrouver devant un phénomène inexplicable ? Vous craignez de voir cette
jeune fille, qui est la preuve vivante de l’existence du problème dont nous
parlons ?


DENIS


Absolument pas, Professeur. Je ne peux avoir
peur d’une jeune fille….de 220 ans. Non. Les choses sont plus simples :
J’ai un rendez vous avec un ancien camarade de fac, et cela m’était sorti de
l’esprit, tout à l’heure. Aussi, si vous voulez bien m’excuser, je vais devoir
y aller.


Denis sort, Alain retourne à sa table de
travail, et





Le rideau
tombe





ACTE 3





Le rideau se lève sur le même
décor. Alain travaille à sa table, et Jeanne époussette les meubles, sans
cesser, comme à son habitude, de parler.


JEANNE


Elle est attachante, cette gamine. Si j’avais
eu une fille, j’aurais voulu qu’elle lui ressemble. C’est quand même
extraordinaire ce qui lui arrive. Tu n’as toujours pas trouvé d’explication,
Alain ?


(Elle n’attend visiblement pas de réponse, et
poursuit)


En tous cas, ce qui est certain, c’est
qu’elle ne ment pas. On voit bien qu’elle était habituée à un autre monde, et
elle ne peut feindre ses surprises, chaque fois qu’elle rencontre un objet qui
n’existait pas de son temps.


La pauvre ! Ce ne doit pas être
facile pour elle, tous ces bouleversements. Quand on y pense, 200 ans


ce n’est tout de même pas si
loin, et il y a tant de choses qui ont changé !!


Je crois qu’elle ne déteste pas ces
nouveautés, mais ses parents lui manquent énormément. Alors, il lui arrive de
s’extasier devant une nouveauté pour elle, elle est toute joyeuse, et la
seconde suivante, elle éclate en sanglots, en appelant sa mère, et quelquefois
son père.


Toi qui est un savant, Alain,
qu’envisages-tu pour la petite Agnès ?


(Alain ne répond pas, et elle élève la
voix)


Je te demande, si tu envisages de faire
quelque chose pour Agnès. Tu peux me répondre, oui ?


ALAIN (Sans lever la tête de ses papiers)


Si j’envisage quelque chose pour Agnès ?
Que veux-tu que j’envisage ? Il faut s’occuper d’elle et c’est tout !


JEANNE


Mais pour ses parents ?


ALAIN


Il y a longtemps que ses parents sont
morts !


JEANNE


Ses parents sont morts, et elle n’a pas
vieilli du tout depuis plus de 200 ans ? Pour un savant, ce n’est pas très
fort !! Il y a des moments où je me demande pourquoi tu es si
célèbre !!


Rien n’empêche de penser que ses parents
sont aussi quelque part, sans avoir pris une année.


ALAIN (Levant ses yeux de ses
dossiers)


Ce n’est pas impossible, mais improbable.


JEANNE


Et pourquoi improbable ?


ALAIN


Parce que ce qui arrive à la petite est exceptionnel.
Et ce qui est exceptionnel a peu de chance de se reproduire.


(Un temps)


Au fait, où est-elle Agnès ? Il ne faut
pas la laisser seule. Elle est encore fragile, et c’est bien normal.


JEANNE


Quand elle est dans son lit, elle est bien
seule, et je crois qu’après 4 jours, le plus dur est passé. Elle ne pleure
jamais très longtemps.


(Très fière, comme si elle était sa fille)


C’est qu’elle a un sacré cran, cette
gamine ! Elle a une force de caractère exceptionnelle ! Moi, à sa
place, je serais devenue folle !


ALAIN


C’est vrai qu’elle est bien cette jeune fille.
Elle est très attachante.


Un temps)
( A suivre)
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MessageSujet: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyMar 4 Jan - 8:36

JEANNE


Très attachante. Et en peu de temps, j’ai pu
apprécier sa nature.


Nous pourrions peut être l’adopter, qu’en
penses-tu ?


ALAIN


Je pense que juridiquement pour l’instant, ce
serait difficile, car il y a un problème d’identité. Peut être arriverions nous
à retrouver sa date de naissance, ce qui d’ailleurs n’est pas certain, mais
alors, adopter une jeune fille de 225 ans, cela soulèverait quelques
difficultés, tu ne crois pas ?


En revanche, rien ne nous empêche, dans les
faits, de nous conduire comme si elle était réellement notre fille.


JEANNE


C’est ce que je veux. Je lui en parlerai.


(Alain se remet à travailler. Jeanne
réfléchit. Un temps)


Mais que fait-elle ?
Elle m’a dit qu’elle voulait aller se promener seule, pour «
s’intégrer mieux» m’a-t-elle dit. Mais je suis un peu inquiète.


On entend du bruit dans l’entrée, et
Agnès pénètre dans la pièce.


JEANNE


Ah, te voilà !! Je commençais à
m’inquiéter. Il ne faut pas que tu restes trop longtemps loin de nous. Tu
comprends, tu es un peu comme notre fille….Nous t’aimons beaucoup…


(Un temps)


Tu veux bien être comme notre fille ?


AGNES


Vous êtes très bons avec moi, et dans mon
extraordinaire aventure, j’ai eu beaucoup de chance de me retrouver chez vous.
Je tiens à vous remercier pour tout ce que vous faites pour moi.


JEANNE


Nous n’avons aucun mérite, puisque nous te
considérons comme notre fille, et une fille n’a pas à remercier ses parents.
Parce que nous sommes un peu tes parents, hein ?


AGNES


Vous n’êtes pas mes parents, mais vous êtes
très gentils avec moi.


JEANNE


Comme des parents ?


AGNES


Un peu comme des parents, oui !


JEANNE


Un peu seulement ? Pour moi c’est comme
si tu étais ma fille !


ALAIN


Fiche lui un peu la paix,
Jeanne. Elle vient de faire un bond vertigineux dans le temps, et il faut lui
laisser le temps de s’adapter, sur tous les plans.


(S’adressant à Agnès)


Vous verrez que dans quelques jours, vous
vous sentirez beaucoup plus détendue, plus à l’aise, dans ce monde, encore
nouveau pour vous.


AGNES


Merci, Monsieur, de m’encourager, j’en ai bien
besoin !


ALAIN


Ma femme a raison. Vous n’avez pas à nous
remercier, puisque cela nous fait plaisir de vous venir en aide.


AGNES


Je vous dis merci quand même !


(Sonnerie à la porte
d’entrée)


ALAIN


Je pense que ce doit être Denis. Je vais lui
ouvrir.


(Il sort, et revient, suivi
de Denis)


AGNES (Stupéfaite)


Monsieur le Comte !!


ALAIN


Quoi ? Vous connaissez Denis,
Agnès ?


AGNES


Je connais monsieur le comte.


ALAIN (A Denis)


Vous êtes comte, mon cher
Denis ?


DENIS


Cela m’arrive.


ALAIN


Qu’est-ce que cela veut dire ? Vous êtes
comte où vous ne l’êtes pas.


DENIS


Mon cher Professeur vous voilà bien
manichéen ! Vous ? Un
scientifique ? Tout n’est pas noir ou blanc.


ALAIN


Mais vous devez bien savoir si vous êtes ou
non, comte. De même qu’une femme, est ou n’est pas enceinte.


DENIS


Vous oubliez les grossesses nerveuses,
professeur ! Mais pour en revenir à mon cas, selon les époques, je suis
comte, Prince, ou professeur comme vous.


AGNES


Monsieur ! C’est le comte de Saint
Germain.


ALAIN


Le comte de Saint Germain. ? Mais alors,
si c’est exact, vous allez m’expliquer ce qui se passe avec mademoiselle
Agnès ?


LE COMTE


Je suis désolé, professeur, mais je ne peux
tout dire. Vous savez déjà certaines choses à mon sujet, qui d’ailleurs ne sont
pas toutes exactes. Par exemple, certains me prêtent des propos que je n’ai pas
tenus. Je n’ai pu connaitre Alexandre le Grand, je n’ai pu connaitre Jésus
Christ, et encore moins lui prédire sa fin, pour l’excellente raison que je ne
suis né qu’en 1279. J’ai donc connu Philippe IV le Bel, j’ai connu toutes les
tractations qui ont abouti à la disparition de Templiers (A ce moment là ;
j’étais échevin). J’ai donc connu, toutes les têtes couronnées depuis plus de
sept siècles, cela, je ne le cache pas, mais il y a des faits qui doivent
rester secrets.


ALAIN


Sans nous expliquer le comment, vous pouvez, je
pense nous dire, si vous êtes lié au formidable bond dans l’espace que vient
d’effectuer Agnès ?


LE COMTE


C’est évident. Je ne l’ai pas amenée chez
vous, par hasard.


ALAIN


Alors, puis-je en connaitre la raison ?


LE COMTE


Cela, à la rigueur, je puis vous le dévoiler. Vous
êtes un professeur émérite. Vous êtes une référence en matière de cryogénie, et
vous étudiez particulièrement les méthodes destinées à prolonger les vies
humaines. Vous aurez quelques résultats, mais pas ceux que vous escomptez.


Il existe une voie et une seule. Elle est
connue, mais considérée comme entièrement farfelue. Pourtant, je suis le vivant
exemple de son efficacité. Dès l’âge de 18 ans, je me suis livré à l’alchimie,
et je suis parvenu à créer l’élixir de vie après 23 ans de recherches.


C’est
le message que j’ai voulu vous passer, en commençant par vous apporter la
preuve de mes pouvoirs qui vont au-delà de l’action sur la durée de vie.


Ma petite Agnès, j’espère que vous voudrez
bien m’excuser pour vous avoir utilisé à votre insu, afin d’apporter au
Professeur, la preuve de mes pouvoirs.


La preuve est apportée :
vos épreuves vont se terminer.


Vous pouvez, à votre choix,
rester dans ce siècle, ou retourner à votre temps originel.


AGNES


Monsieur le Comte, je voudrais revoir mes parents.


LE COMTE


Soit. (Il s’adresse à Jeanne) Chère madame,
pourrions nous avoir deux verres d’eau ?


JEANNE


Bien sûr…..mais, Agnès, tu ne voudrais pas
rester avec nous….au moins quelque temps.


AGNES


Merci encore madame, pour tout ce que vous
avez fait pour moi, mais il faut que je retourne dans mon milieu, ma famille et
mon temps.


JEANNE


Mais Agnès, cela va être difficile pour toi.
Tu as connu tant de choses qui facilitent la vie, que fatalement, tu vas les
regretter.


ALAIN


Je te demande, Jeanne, de ne pas influencer
cette petite. Après ce qu’elle vient de vivre, il lui appartient de décider ce
qu’elle veut pour son avenir.


AGNES


Je ne veux pas laisser mes parents. Et puis,
ils sont déjà malheureux de ne pas pouvoir revenir en France. Je voudrais être
avec eux quand ce Bonaparte va être chassé du pouvoir, et que notre roi Louis XVIII va monter sur le trône. Ce
sera le plus beau jour de ma vie.


JEANNE


Mais ma pauvre enfant, non seulement Bonaparte
ne sera pas si vite chassé du pouvoir, mais il deviendra Empereur des Français
pendant de longues années, et remportera de nombreuses batailles.


AGNES (Pleurant)


Ce n’est pas possible! Je ne vous crois
pas ! Vous me dites cela pour que je reste avec vous, mais monsieur le
Comte, s’il vous plait ! Faites-moi retourner vers mes parents.


ALAIN


Tu n’aurais pas du lui dire cela, Jeanne. Que
dirais-tu si quelqu’un te révélait ton avenir personnel ?


JEANNE


Mais, je ne lui révèle pas son avenir
personnel, seulement celui de la France.


ALAIN


L’avenir de la France, c’est un peu le sien,
puisqu’elle vit en exil.


LE COMTE


Madame, pourrions nous avoir deux verres
d’eau ?


ALAIN


Si vous avez soif, nous pouvons vous servir
autre chose.


LE COMTE


Non, merci. Deux verres d’eau iront très bien.


Jeanne sort deux verres, et
va les remplir au robinet de l’évier. Elle les apporte au comte.


Le comte en donne un à Agnès, prend dans sa
poche quatre pilules roses, lui donne deux pilules, et en garde deux pour lui.


LE COMTE


Voici mademoiselle deux pilules que vous
pouvez avaler avec votre verre d’eau. Je vais en faire autant. Je préfère vous
raccompagner pour faciliter votre retour chez vos parents. Je vous ai arrachée
à eux, il est normal que je vous aide.


ALAIN


Alors, monsieur le comte, je ne puis compter
sur vous….enfin, sur Denis, pour m’accompagner aux Etats Unis ?


LE COMTE


Non, mais soyez sans crainte : Ma
présence n’était pas indispensable. Cependant, si vous me permettez un dernier
petit conseil, même si cela doit détruire une partie de votre travail. Ne
considérez pas la cryogénie comme un moyen pour atteindre une longévité active.
Je vous conseille d’étudier l’alchimie. Les notions que vous en avez, ont été
acquises avec un parti pris négatif. Voyez les choses avec un a priori positif, ou même, sans à
priori du tout.


(A ce moment là, toutes les lumières
s’éteignent dans la salle.


Dans l’obscurité totale de la scène, on entend
les voix d’Alain et Jeanne.


JEANNE


Que se passe-t-il ? Une coupure
d’électricité ?


ALAIN


C’est curieux. Le temps est magnifique, il n’y
a pas d’orage dans la région.


(Un temps)


Monsieur le Comte ; êtes vous là ?


(Aucune réponse)


Je crois bien ma chère Jeanne, que nous
connaissons maintenant l’une des façons du comte de prendre congé.


(Les lumières se rallument.
Seuls, Alain et Jeanne sont en scène. Le comte et Agnès ont disparu)


JEANNE


Où sont –ils ? Dans la
pièce à côté ?


ALAIN (Souriant)


A mon avis un peu plus loin, et dans trois
ans, notre petite Agnès va apprendre l’existence d’Austerlitz.


Alain se dirige vers son bureau.


ALAIN


Je crois que je vais modifier toute la
conclusion de mon intervention aux Etats Unis, et je risque de passer pour un
gâteux. Mais à mon retour, je vais me mettre à réunir tous les éléments connus
sur l’alchimie.





LE RIDEAU TOMBE








FIN
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Anne
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyMar 4 Jan - 18:25

Je viens tout juste de lire cette histoire en entier, je n'ai pas pu le faire avant, elle m'a ramené à mes rêves d'enfant, je rêvais de faire un bon dans le temps, pour moi c'était le Moyen Age qui me fascinait, m'attirait, j'ai toujours eu un peu le sentiment d'avoir vécu à cette période.

Bravo Aristee et merci pour ta générosité, c'est une belle histoire, riche, et très imaginative.


J'en profite pour te souhaiter tous mes vœux pour cette nouvelle année qui débute, qu'elle te soit paisible, heureuse, avec une super santé et plein d'histoires passionnante à écrire pour le plaisir de tous.
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyMar 4 Jan - 20:45

Oui, je dis aussi "merci" pour cette nouvelle pièce,
dont je n'ai pu me détacher le temps de la lecture.
Je découvre votre talent avec plaisir.
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Jean-Louis
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES EmptyJeu 13 Jan - 20:54

Comme Anne je relis l'ensemble de la pièce, étant absent la semaine de sa diffusion, et comme on dit souvent, tout rentre dans l'ordre, mais il ne faut pas trop réver et revenir à la réalité de la vie, unique et brève....
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MessageSujet: Re: LE VOYAGE D'AGNES   LE VOYAGE D'AGNES Empty

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