Vos yeux ont bu la mer huilée d'hydrocarbure
Vous privant d'outremer, de vert et de corail ;
Même le ciel en bleu n'est plus qu'un soupirail
Que la mort rétrécit au fur et à mesure.
Vos yeux portent le deuil d'une Terre malade
Pulvérisée d'engrais, d'acides et déchets
Cachés pour polluer la source où Elle est née,
Pour voir mousser les eaux quand chute la cascade.
Vos yeux se sont brûlés aux feux de l'incendiaire,
Méprisant de la vie qui s'éteint dans les crues
Des torrents, furieux du cri des coeurs perdus
Et des corps voyageurs dans leurs flots de misère.
Vos yeux ne parlent plus, ils taisent l'impuissance
Devant la déraison de l'homme frauduleux,
Voleur d'humanité à l'ego désastreux
Qui puise en son nombril la raison de jouissance.
Mes yeux se sont ouverts aux nuances du sombre,
A l'horizon opaque où il fait déjà tard,
Au coeur en négritude au fond de vos regards
Et sur vos joues, figés, vos pleurs en traces d'ombre.
MB