Je me suis reconnue sous l’horloge
qui chantonnait un petit air sans importance,
et les mots se mirent à frissonner, les yeux baissés
C’est par une de ces nuits somnambuliques
que j’ai décidé de saborder mon dernier bâteau-ivre
au hasard des rues où entre les pavés disjoints
poussent d’étranges fleurs rudérales
De la bordure du quai, j’ai vu sans tristesse
défiler mes compagnons de galère
mes joyeux ripailleurs, mes mélancoliques héros
Et le train s’en est allé emportant dans mes bagages
mes rêves inachevés, une forme d’espérance
Ce matin par la fenêtre ouverte sur le large
mes regards apaisés ont vu mes peines, mes angoisses
enfin débarrassées de leur masque d’incendiaire
plonger dans la vague amère du temps perdu
Sur le petit mur du jardin de ma voisine
un chat faisait sa toilette,
j’ai bu mon café, assise à la table de la cuisine