Eclairs d'enfance !

Cet après midi j'ai eu une envie soudaine de manger des cacahouettes dans leurs gousses.
ô ! Délices retrouvés d'anciennes vacances à Auxillac ! J'ai eu un flash back des plus plaisants !Je me revois à moins de dix ans, assise sur le grand escalier de la vieille aile du château d'Auxillac, à côté de moi bien plié dans un morceau d'aluminium, je pense simple enveloppe de tablette de chocolat, mon sel !
Et mon précieux paquet de cacahouettes !
Ma mère n'en achetait jamais, les pratiques apéritives ayant commencées bien plus tard à la maison.

Pourtant j'en consommais déjà, grillées salées... Par la cantinière de mon école communale, elle vendait une fois par semaine de petits cornets dans du papier kraft ! C'était une femme d'origine étrangère et en plus ma voisine, j'adorais son accent quand pour nous faire sortir elle criait "allez maintenant déhors !

Et j'étais ce tantôt sur la table de mon jardin avec devant moi une assiette creuse, une dixaine de gousses et mon sel !

Ben vous savez quoi ? J'étais encore en Lozère, la croix de Rochalte face à mes yeux, j'ai enfin rejoint le port, j'ai abordé mon mât de cocagne !

La nous entrons dans la séquenses "souvenirs" mais c'est très intéressant ces témoignages du passé !

Les pop-corns me font cet effet là.

J'avais 9 ans lorsque, avec mes parents, on est allés habiter à Casablanca. On avait pour voisins des militaires américains, membres d'une base à proximité. Ils ont appris à mes parents à faire des pop-corns, qu'on mangeait salés.

Souvent aujourd'hui, j'achète du maïs à éclater et je me fais des platées de pop-corns salés que je grignotte comme au temps de mon enfance.

J'aime aussi ce partage de souvenir, une tranche de vie, c'est très important, puis c'est si bien décrit. J'ai un lointain souvenir de cacahuettes nous allions à la Ciotat voir ma grand mère au mois d'aout et mes parents s'étaient arrêtés chez le grainetier, je pense que tu dois voir ou il est Manon, pas loin de la poste. Il grillait les Cacahuettes et ils nous en avez achetés toutes chaudes et fraiches grillées.

Ici au moins on ne parle pas dans le vide :)

Joli souvenir en tout cas. Merci tite Eglantine.

Eglantine c'est un joli prénom, mais j'aime aussi Manon, ça me rappelle les romans de Pagnol !

Ha... je crois que ce genre de chose parle à tout le monde... la madeleine de Prouts... mais en tellement moins pompeux quand c'est raconté par toi, Manon!!

Moi ce sont les "amandines"... c'est comme cela que ça s'appelait... des barquettes à la consistance proche de la madeleine... mais à l'amande et fondantes!!!!!!! c'est mon grand père qui me les apportait (il les achetait toujours par 2) à la sortie de l'école ... et je les dégustais lentement sur le chemin de la maison (de mes grands parents en attendant que ma mère sorte du travail et vienne me chercher chez eux où Pépé me faisait faire mes devoirs pendant que Mémé me soufflait les réponse quand je ne trouvais pas... tout en faisant semblant d'être concentrée sur son tricot!!lol) en prenant une apprlication infinie à savourer chaque bouchée...

Ha... merci Manon... j'en ai à nouveau l'odeur sous le nez!!!

Pour moi c'étaient les pts sablés , faits par ma grand-mère maternelle qui était une excellente pâtissière, je n'ai jamais retrouvé le goût et le croquant de ces sablés là....

Ce qui est beau dans ton post Manon.. c'est que chacun a envie de raconter un morceau d'émotion d'enfance... merci de nous en donner l'occasion... je voudrais vous faire partager un texte de mon ami Serge Dotti... je l'avais déjà mis il y a assez longtemps... mais là... après l'intervention de Jonquille sur le goût d'antan qu'on ne retrouve plus... il va tellement bien...

LES CROUTONS A L'AIL


Mémé Paule avait eu neuf enfants, sept filles et deux garçons. Avec le temps et les unions, une moyenne de deux naissances par couple l'avait mis à la tête d'une descendance de tribu : elle comptait une quinzaine de petits-enfants. Tous allaient à l'école du Château et tous vivaient dans le quartier. Situé au rez-de-chaussée de la Semeuse, un ancien séminaire transformé en immeuble locatif, son appartement même abritait trois couples, un dans chaque pièce, la dernière lui étant réservée ; le salon rassemblait tout le monde aux heures des repas et l'ensemble de la famille à l'occasion des fêtes, et les occasions ne manquaient pas. Il y avait toujours soit un baptême, soit un mariage, soit un anniversaire à quoi s'ajoutaient les festivités traditionnelles de Pâques, Noël, du Jour de l'an, etc... Les amis étaient invités, les voisins aussi. Il ne se passait pas une quinzaine sans que le rez-de-chaussée ne résonne de musique, de rires et d'explosions de bouchons de Muscat. Mémé Paule assise sur son fauteuil, observait la joie autour d'elle et, trempant un biscuit dans du vin mousseux, papotait au sein d'un groupe de grand- mères.
De temps en temps, un enfant approchait, elle le saisissait au passage, lui enfournait un biscuit dans la bouche et, rassurée, continuait la conversation.
C'était une Mémé nourricière. Sa cuisine était fameuse et son poulet avait assuré sa renommée chez ses petits- enfants. Elle le préparait une fois par semaine comme un rituel. La recette en était simple : au four, accompagné de pommes de terre coupées en dé, piqué d’ail, parfumé au thym et au laurier. Il devait avoir un goût particulier car son odeur attirait d'autres petits-enfants que ceux habitant chez elle. Elle avait donc pris l'habitude d'en cuisiner deux et de réserver leur part aux éventuels affamés- surprise.
La faim était son principal ennemi : elle lui avait déclaré la guerre. L'idée d'un estomac vide lui était insupportable. Elle régnait sur sa batterie de cuisine comme un général sur son matériel de campagne et dans un rayon de cinquante mètres autour d'elle, tout ce qu'on comptait d'êtres humains, hommes, femmes, enfants, avait les joues rondes et le ventre plein.
Un jour, un couple, étranger à la famille, emménagea dans l'immeuble et avec lui, trois enfants. La grand-mère, qui était dotée d'un sixième sens, se rendit vite compte qu'ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. Ils avaient faim, mais ne faisaient pas partie de la famille. Elle décida alors qu'ils en feraient partie et ils n'eurent plus faim. Les enfants prirent l'habitude de l'appeler aussi "Mémé Paule" et aucun membre de cette tribu sentimentale n'en fut étonné ni choqué. Les sentiments se passaient très bien de fiches d'état civil. Elle fit donc une adoption en bloc et la faim, après une rapide incursion sur son territoire, en fut chassée. Il y eut trois nouveaux adeptes du poulet hebdomadaire.
Les bouches se multipliaient, les poulets eux, comptaient toujours deux cuisses et deux ailes, et, en attendant leur mutation biologique en volailles mille-pattes, la grand-mère devait faire face à l'accroissement de son cheptel d'estomacs. Si on ne prête qu'aux riches, on donne aux généreux. Le marchand de la rue de la Loge, chez qui elle se servait, sut les raisons qui firent passer les deux poulets habituels au nombre de trois. Il décidait donc souvent d'une solde de fin de semaine et devant la surprise de sa meilleure cliente qui payait toujours le même prix, il disait :
- Ici on plume tout sauf les clients !
C'est ainsi que les nouveaux venus, seuls la veille, et démunis, s'étaient retrouvés du jour au lendemain greffés sur un arbre généalogique, comportant une grand-mère, quinze cousins et cousines, autant d'oncles et de tantes, avec en prime une cuisse de poulet par semaine, l'assurance d'un estomac rempli, le reste du temps et celle d'une série de fêtes tout au long de l'année... Géjou, le plus jeune des trois et le plus vorace était tout en rondeur, potelé, joufflu et dodu. Ses nouvelles tantes qui avaient l’affection féroce adoraient le mordre. C'était un rêve de cannibale avec deux mâchoires à épouvanter un poulailler. A six ans il engloutissait une cuisse de poulet en quelques secondes. Il se demandait pourquoi on ne mangeait rien entre les repas. Il devait avoir deux estomacs. Heureusement, ils avaient rendez-vous tous les jours à quatre heures et demie avec Mémé Paule. Elle préparait aussi le goûter pour la sortie de l'école.
A trois heures elle découpait le pain rassis en fines rondelles qu'elle faisait dorer au four, puis alignait les croûtons sur la table de la cuisine et les laissait refroidir. Elle épluchait ensuite quelques gousses d’ail et à quatre heures commençait à en frotter les morceaux de pain grillé. A quatre heures et demie, les jeunes appétits arrivaient. Géjou était souvent en tête pour la distribution. Dès qu'il poussait la porte d'entrée, il sentait l'odeur du pain mêlé à celle de l’ailloli jetait son cartable dans le couloir et se précipitait dans la cuisine. Là, Mémé Paule armée de sa bouteille d'huile d'olive, attendait. L'enfant prenait un croûton sur lequel la grand- mère versait quelques gouttes d'huile. Puis elle continuait sa préparation et posait ses questions :
- Tu as bien travaillé ?
- Mrufh...
- C'est bien. Il faut continuer. Tu as été sage ?
- Rwufh...
- D'accord, mais mange doucement.
- Murwfh...
- Qu'est-ce qu'on dit ?
- Mrwtfh...
- C'est bien. Et les bons points ?
- Twrfh...
- Trois... hein ?
- Mwjrfh...
- Une image ! Fais voir.
L'enfant montrait l'image, Mémé Paule était ravie. Les autres entraient à leur tour ; ensuite commençait un concert de mâchoires jouant la symphonie des croûtons à l’ail. Mémé Paule les regardait alors en se mordillant les lèvres de contentement et de fines rides de joie dessinaient au coin des yeux comme de petits rayons de soleil.
Le temps a passé. Il y a toujours de l'huile d'olive, de l’ail et des croûtons. Mais ceux- là étaient uniques et personne ne les a jamais réussis comme elle : ils avaient en plus le goût de quelque chose d'invisible et de présent comme l'amour de Mémé Paule.

Serge Dotti
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=266585805

Superbe cette histoire de vie ! autrefois les gens étaient généreux , partageaient , personne n'était dans l'oubli ..... ces tartines là j'en ai mangé aussi chez mes grands-parents et c'était délicieux...

J'ai l'immense bonheur et la grande émotion à chaque fois... de le conter... avec l'autorisation... et même sur la demande de Serge... et je n'en suis pas peu fière!!!! comme dirait son amie Palmyra qui gère avec lui son théâtre du Pois Chiche dans le Vieux Nice...

Mes premiers flashs lozériens sont bien plus vieux. Ce n'était pas Auxillac mais Corréjac un hameau qui en dépend.
De mon premier séjour en Lozère je n'en garde aucun souvenir je n'étais pas encore à l'état de première conscience.
Mais il me plait de penser qu'en cet été radieux mes parents ont monté le chemin des vignes avec le cheval et la charette sans moi et qu'au retour je les accompagnais déjà !
C'est un chemin qui fait partie des boucles de la Tieule, il est à l'abri d'une colinne et il domine la vallée du Lot jusqu'à Monferrand.
Il y a ces murs antiques, crépis de mousses et de lichens, ces murs si précieux que les buis leurs servent d'écrin tout en les enrobant d'un parfum des plus ennivrants...
Le chemin n'a jamais été goudronné c'est un sentier, une draille, celle des vignes d'autrefois.
Le soleil jusqu'à ses derniers rayons venait mûrir tout doucement la piquette annuelle.
Il reste encore les cabanons des vignes, certains écroûlés mais où perdurent encore les ruînes des foudres.
J'en connaît un qui est parfois habité par un solitaire, un amoureux de la nature qui vient là passer quelques jours sans eau, sans électricité et qui laisse sa voiture à plus d'un kilomètre sur la place du village.
Dieu que j'aimerai être à sa place par une nuit claire d'été, la tête dans les étoiles. Pouvoir contempler de loin le petit village sur l'autre rive du Lot, fièrement dominé par son château féodal.
Quand l'heure fait silence, que même le bétail est endormi on doit entendre couler le lot au fond de la vallée...

Ah! Le mousseux ! Pour nous c'était le royal muscat !
A se payer un luxe qui ressemblait au champagne autant tout se permettre donc pour qu'il soit meilleur on prenait du doux :)
Ce texte de mémé Paule est extraordinaire c'est un fleuve d'amour, celui pour tous de cette mémé et celui de l'auteur pour elle, on sent qu'il éprouve de la vénération.

Comme tes très beaux textes, il raconte notre histoire à tous... parce que bien que différents, nous sommes tous semblables dans nos amours et nos enfances, dans nos histoires d'hommes et de femmes sensibles...

Merci Manon pour ces belles émotions... il est beau ton village du Lot que je ne connais pas mais que je vois si bien... sur l'autre rive, avec ses bruissements de bêtes légères et le tumulte du fleuve là juste en bas...

J'en veux encore les filles : )
Vous vous complétez bien je trouve Isa et la tite Eglantine : ))
Bisous vous deux et merci de ce merveilleux partage.

J'ai un souvenir au Sénégal de nougat qui sentait bon l'arachide grillée.
Mais ma mère ne voulait pas que j'en prenne et je ne savais pas pourquoi.
Or, un jour, j'avais quelques sous CFA dans ma poche et je me suis décidé.
Je suis allé voir le marchand ambulant et lui ai demandé une part de ce nougat qui me donnait tant envie.
Pas de problèmes, il prit deux ou trois morceaux dans sa main, puis soudain, se pencha et ramassa un papier qui trainait par terre pour me l'envelopper.
Ce fut un choc et à la place du nougat, j'entendis les paroles de ma mère.
Alors à défaut de nougat, et malgré certains plaisirs frustrés de mon enfance, je te souhaite une bonne fête maman!

Pour l'heure ma belle Rousse... il fait nuit depuis longtemps déjà et je tape ces quelques mots près de ma fenêtre ouverte. Dehors... le silence apaisant et la douceur de fin Mai... l'odeur de mon jasmin vient calmer mes fièvres de cette journée... comme l'impression qu'il n'y a plus que moi de vie à veiller... plus pour longtemps... mes yeux me brûlent... ma tête est lourde et le sommeil déjà m'enveloppe... résonne encore avec douceur la voix de celui que j'aime... je viens de raccrocher... jusqu'à demain, mon téléphone sera muet... juste l'empreinte de ses mots dans mon esprit... "douce nuit à toi mon ange..."... la torpeur m'envahit... je m'éclipse... je vous laisse... Que les rêves vous soient tendres...

J'espère que tes rêves t'ont porté loin dans le bonheur en tout cas Isa. ( gros bisous)

Un souvenir d'odeur...
Les bonbons à l'anis de ma grand-mère, ils étaient dans une boite en carton fine mais longue.
C'était la seule gâterie qu'elle nous offrait, plus vieille j'ai cherché à en acheter, mais la marque n'existait plus.
Mais un son résonne en moi bien plus en souvenir.
Celui d'une boîte à musique. Elle m'endormait avec cela petite, en grandissant, la boite étant sur la téloche, j'ai continué à l'écouter en allant chez elle. Puis les années ont passé, le temps s'est écoulé avec des histoires de famille comme souvent, et un jour mon téléphone à sonné, elle n'était plus.
Quand le grand père ( qui n'était pas le vrai g-p) à demandé à maman, ce qu'on voulait en souvenir d'elle, à cause de lui la brouille, ça faisait 4 ans qu'on ne se voyait plus... J'ai demandé la boîte à musique.
Elle ne vaut rien, mais elle vaut de l'or pour moi.
Et j'aime encore à 45 balais la mettre en route.

Emouvant tous de souvenirs ! vous allez m'amener la larme à l'oeil, mais ce serait de bonnes larmes !! merci !

Tite Eglantine j'ai pensé à toi aprem: )
Prise toute fraîche au bord du mur chez la voisine : )

Elle était toute menue, vêtue de noir, un chignon blanc doux comme ses yeux bleus. Je devais avoir entre six et huit ans.
Son jardin disparaissait sous les fleurs et c'est surtout des roses blanches dont je me souviens, celles qu'elle me donnait pour l'église au mois de mai.
Elle avait un accent bizarre que j'ai retrouvé fort longtemps après puisqu'elle était Corrézienne !
Son mari avait été abattu par les allemands en allant chercher du lait, car le pauvre homme était sourd et n'avait pas répondu à leur interpellation.

Ma mère était bonne comme le pain et m'envoyait chercher son lait en même temps que le notre dans une ferme. Je me revois avec une vilaine bouteille dans le sac et l'élégant pot au lait en fer blanc de Madame Faure...

Pour me remercier elle me donnait souvent des bonbons extraordinaires, des bonbons de Corréziennes un peu fées !
Vous vous rendez compte elle faisait glisser dans ma petite main des bonbons en forme de petits pois !
Cela me paraissait du dernier chic surtout quand tombait par chance des lardons tous roses !

J'ai vécu très longtemps avec ce souvenir merveilleux au fond de moi sans même y penser et quinze vingt ans plus tard en faisant mes courses dans un petit casino quelle ne fut pas ma stupéfaction d'apercevoir un sachet de bonbons en forme de petits pois avec des lardons !

Je pense que j'aurai préféré ne plus jamais en voir pour qu'ils gardent en moi cette part de mystère !