Le bateau ivre
Le bateau ivre
Le bateau ivre
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
PortailÉvènementsAccueilPublicationsRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -55%
Coffret d’outils – STANLEY – ...
Voir le deal
21.99 €

 

 l'année du bac (2/2)

Aller en bas 
AuteurMessage
Bokay
Invité




l'année du bac (2/2) Empty
MessageSujet: l'année du bac (2/2)   l'année du bac (2/2) EmptyLun 6 Aoû - 0:41

Elle me montre des photos d’elle posant pour des vêtements divers, des pulls, des jupes, des chemisiers et même des sous-vêtements.
--- En ce temps-là, Elodie ne m’apportait que des satisfactions, dit-elle, on était comme deux vrais copines.
L’alcool commence à faire son effet, je ne suis pas ivre, mais la tête me tourne un peu, et quand Sylvie me reverse un autre verre, je lui dis que c’est suffisant, que je ne pourrai pas retourner chez moi.
--- C’est pas grave dit-elle, il y a de la place chez moi, tu dormiras ici.
Sylvie se relève du canapé, heurtent les magasines qui tombent à terre et se penche pour attraper son verre. Comme il est vide, elle s’en reverse un autre, penche sa tête en arrière et avale tout, cul sec ! Elle reste debout, puis tangue de tous côtés et s’affale sur le canapé. Tout en longueur, sa tête sur mes genoux. C’est la première fois que je vois son visage de si près, il est magnifique, elle tourne la tête vers moi et sourit.
--- Ca t’embête pas que je mette ma tête sur tes genoux ? Me dit-elle.
Je réponds que non, et c’est vrai, ça ne me gêne pas. Comme ses cheveux sont tout en désordre sur sa figure, je dégage son visage en replaçant les mèches sur le côté.
--- Comme tu as les mains douces ! Dit-elle.
Rien de méchant, c’est gentil de sa part.
--- Et moi, dit-elle j’ai la peau douce aussi ?
--- Je ne sais pas, lui dis-je surpris de sa question.
--- Regarde, tu le sauras, Dit-elle.
Elle prend ma main et la pose sur son cou puis la recouvre de son autre main. Etonné, je me demande ce qui m’arrive ! Quel jeu joue-t-elle ? Elle a quand même pas l’intention de passer la nuit avec le copain de sa fille ? Je ne comprends rien à ce qui m’arrive aujourd’hui, en plus j’ai pas les idées très claires. Elle se relève du canapé. Enfin, je me sens soulagé et me lève aussi pour lui dire que je dois y aller mais avec l’alcool je perds l’équilibre et retombe sur le canapé. C’est alors qu’elle se laisse tomber sur moi, me prend dans ses bras et m’embrasse avec fougue… Je passe un coup de fil à mes parents pour leur dire que je ne rentrerai pas, que je passe la nuit chez un copain.

Ca fait deux mois aujourd’hui qu’Elodie est partie et que sa mère l’a remplacée. J’ai rien dit à Seb et Armande, c’est pas leurs affaires et je crains leurs remarques. Ce qui est important, c’est que je sois heureux, et je le suis avec Sylvie, grâce à elle j’ai appris des choses en amour, une sorte de méthode accélérée. Le plus difficile, c’est pour cacher cette relation à mes parents, je suis toujours obligé de mentir et d’inventer des trucs, ça devient lassant.
Le prof de math est malade, c’est un peu con, on est à un mois du bac. Par contre, ça tombe à pic, je vais pouvoir aller chercher Sylvie à son boulot, elle s’occupe de la rubrique ’’ mode’’ d’un magasine.
J’arrive à l’accueil de l’immeuble où elle travaille et demande les bureaux de sa société. Ils sont situés au quatrième étage, je m’y rends. Dans le couloir, je rencontre une employée les bras encombrés de documents, je lui demande le bureau de madame klein, elle me montre une porte bleue, pointe son doigt et dit : « C’est là ». Croyant que cette porte ouvrait sur un couloir, je l’ouvre sans frapper et entre. Le spectacle que je découvre me pétrifie, Sylvie est là, assise à son bureau, enlacé par un homme dont je ne vois pas le visage. Ils s’embrassent et ne se sont même pas rendu compte de ma présence. Je sors discrètement, meurtri et blessé, je rentre chez moi, me lance sur mon lit et me mets à pleurer. Sylvie était une erreur.
Les épreuves du bac arrivent, je pense avoir des chances, je suis bon en philo, en langues et moyen en math. Mais, j’ai plus la tête aux études, je me sens indifférent à tout, j’ai même plus envie d’aller au club photo. Je passe les épreuves comme prévu, je doute….
Les résultats tombent, merde, je suis recalé, même pas le rattrapage. Quelle année ! Surtout que Seb et Armande sont reçus, moi j’ai l’air con.
J’ai pas beaucoup de tunes, mais je veux partir… seul. Ma destination : le sud de la France. J’ai besoin de changer d’air, de voir d’autres gens et envie de faire de la photo de paysages car ici, j’ai l’impression d’étouffer. J’ai un bon sac à dos, une petite tente deux places… A nous la liberté.
Je descends du train à Valence, le soleil baigne la gare de ses rayons brûlants, pas un nuage. Mon sac à dos est un peu lourd, mais je vais m’y faire, c’est le même problème à chaque fois et après quelques jours, je n’y pense plus. Avec ces paysages idylliques, le beau temps et tous ces gens heureux autour de moi, je me sens bien, je revis. Je sens que je vais m’éclater avec mon appareil photo, en rentrant à Paris, les gars du club vont être épatés.
Je longe une rivière d’importance moyenne dont j’ignore le nom, mais ce n’est pas important. Un pont composé de plusieurs arches l’enjambe et je veux me rendre sur la rive opposée pour tirer quelques clichés. L’endroit est désert, ce qui par cette chaleur épouvantable, est compréhensible. Sur la droite du pont, un couple de touristes d’un certain âge se reposent. La femme est debout et regarde une carte, l’homme est assis sur le muret, le dos face au vide. Quand j’arrive à leur hauteur, la femme m’interpelle.
--- Eh ! Je vous reconnais, dit-elle, c’est vous qui avez dérobé le portefeuille de mon mari hier sur le marché !
--- Vous faites erreur, madame, lui dis-je, hier j’étais encore à Paris.
--- Non ! Non ! C’est vous, je vous reconnais, j’en suis sûre, vous êtes un voleur !
--- Mais madame, puisque je vous dis qu’hier je n’étais pas ici.
--- Vous mentez ! Voleur ! Dit-elle.
--- Je vous reconnais aussi, dit l’homme d’un ton agressif ! C’est vous !
Je me rapproche pour m’expliquer mais l’homme commence à crier, il me désigne du doigt en me traitant de voleur, son visage devient rouge de rage, ses veines semblent sortir de son cou, il hurle.
--- Mais arrêtez ! Dis-je, vous êtes cinglés tous les deux, puisque je vous dis qu’hier j’étais à Paris, je suis arrivé ici ce matin, c’est pourtant simple !
--- Menteur ! Voleur ! Salaud ! Dit l’homme en hurlant de toutes ses forces.
L’homme redouble de rage, me somme de lui rendre son portefeuille, serre ses poings, ses veines gonflent, son cou devient violet. Il s’apprête à me jeter une nouvelle salve d’insultes quand subitement il perd l’équilibre, son corps part à l’arrière, dans le vide. Je me précipite sur lui pour le rattraper par les jambes, j’arrive à l’agripper par une chaussure mais l’homme est lourd et je ne parviens pas maintenir ma prise. L’homme tombe dans le vide.
--- Assassin ! Dit la femme, vous avez jeté mon mari par-dessus le pont. Elle s’approche du muret pour regarder en bas, mais ne voit rien. Je me penche à mon tour et aperçois l’homme, une vingtaine de mètres plus bas, immobile, allongé face contre terre.
--- Assassin ! Assassin ! Répète-t-elle, vous l’avez jeté dans le vide, je vais le dire à la police !
--- Mais arrêtez ! Dis-je, vous êtes complètement folle, il faut appeler des secours, au lieu de vous acharner sur moi.
N’écoutant que ma conscience, j’ôte mon sac à dos et cours à toutes jambes vers l’extrémité du pont pour porter secours à ce malheureux imbécile. La femme continue de crier «au secours, à l’assassin » ! J’arrive devant l’homme tout essoufflé, je me penche sur lui, il ne bouge pas. Je lui demande s’il m’entend mais n’obtiens aucune réponse. Je n’ai jamais été confronté à la mort, et
L’idée me traverse l’esprit que l’homme est peut-être mort. Mon corps se glace, je commence à trembler et à paniquer. Que faire en pareille situation ? Et s’il n’est pas vraiment mort ? Dois-je tenter le bouche à bouche ou le massage cardiaque ? Je ne sais que faire. Mais, attiré par les cris de la femme, d’autres personnes arrivent sur les lieux. Un homme arrive en courant, examine le malheureux, le retourne, lui prend le pouls, regarde ses yeux et tourne sa tête de gauche à droite.
--- On ne peut plus rien pour lui, dit l’homme, il s’est fracturé les cervicales.
Puis, se retournant vers moi, il demande :
--- Vous êtes de la famille ?
--- Non réponds dis-je, je passais sur le pont.
L’homme sort son portable, appelle la gendarmerie et demande aux autres personnes de ne pas bouger le corps. D’autres personnes arrivent ainsi que l’épouse du malheureux. Elle se jette sur son mari et se met à pleurer. Puis, subitement elle se relève en furie et, me désignant du doigt, elle dit :
--- C’est lui qui à jeté mon mari par-dessus le pont ! C’est un assassin, il faut l’arrêter !
--- Mais vous êtes folle dis-je, au contraire, j’ai tenté de le retenir.
--- Non c’est lui, dit la femme, il a même volé le portefeuille de mon mari !
Je sens que la vieille va me créer des ennuis… Dans l’immédiat, je dois récupérer mon sac à dos qui est resté sur le pont. Pendant ce temps, les gendarmes arrivent sur les lieux suivis d’une ambulance. La femme se précipite aussitôt sur eux, me désigne du doigt sur le pont. Deux gendarmes se précipitent à ma rencontre, je les laisse venir, je n’ai rien à me reprocher.
--- L’épouse de l’homme qui est tombé du pont vous accuse dit un gendarme.
--- Oui, je sais dis-je, elle est complètement folle, elle prétend aussi que j’ai volé le portefeuille de son mari.
--- Nous verrons ça à la gendarmerie dit-il.
L’ambulance a transporté l’homme et sa femme, les gendarmes sont encore restés, ont pris des mesures, effectués des recherches et m’ont demandé de les accompagner à la gendarmerie. Rapidement, ils passent à l’interrogatoire.
--- Madame Lebrun, prétend que vous avez volé le portefeuille de son mari et que vous refusiez de lui rendre. Il s’ensuivit une dispute qui dégénéra en affrontement au court duquel vous avez jeté monsieur Lebrun par-dessus le pont, confirmez-vous cette version ?
--- Absolument pas dis-je c’est faut, je ne connais pas ces personnes, dis-je.
--- Vous n’avez pas besoin de les connaître pour leur voler leur argent, dit-il. Et il ajoute :
--- Vous ne niez pas votre dispute sur le pont avec Monsieur Lebrun, des témoins ont entendu votre dispute ?
--- Je ne nie pas ma dispute, je marchais tranquillement sur le pont quand ce couple m’a agressé verbalement.
--- Vous voulez dire, quand le couple a reconnu la personne qui leur a volé leur argent. Vous étiez démasqué, vous vous êtes chamaillés, vous avez poussé monsieur Lebrun par-dessus le muret, mais vous ne l’avez pas fait avec intention de le tuer, c’est bien ça ? En vérité, vous n’aviez pas intention de tuer.
--- Non ! Dis-je, Monsieur Lebrun est tombé tout seul, il a fait un malaise et je me suis précipité sur lui pour le retenir, pas pour le pousser.
--- Ce n’est pas la version de son épouse, dit le gendarme.
L’interrogatoire se poursuit, ils ont la conviction que j’ai poussé monsieur Lebrun pour l’empêcher de parler. Madame Lebrun avait même ajouté qu’elle aussi je l’aurais jeté par-dessus le pont si elle ne s’était pas sauvée. Mais, j’ai un autre élément contre moi, le fait d’être retourné chercher mon sac à dos, constitue pour eux la preuve que je m’apprêtais à fuir. Ils me demandent si une personne peut témoigner de ma Présence à Paris hier. Je leur propose d’appeler mes parents. Là encore, le sort s’acharne contre moi, ils ne sont pas chez eux. Les gendarmes essaient sur leur portable mais là encore aucune réponse. Je deviens pour eux, le coupable idéal. Ils me retirent ceinture et lacets, mettent mes affaires de côté et me placent en cellule. Elle fait une quinzaine de mètres carrés fermée par une porte épaisse et ajourée dans sa partie haute. A l’intérieur, un banc en bois occupe les deux murs de chaque côté. Je ne suis pas seul, un homme est assis tout au bout les bras croisés, il semble dormir, mais en fait, il est complètement ivre. Une personne m’apporte à manger, c’est plus que dégueulasse et je n’y touche pas. Une heure plus tard, ils viennent me chercher pour un nouvel interrogatoire. Ils me posent toujours les mêmes questions et je leur donne les mêmes réponses. Ils deviennent de plus en plus agressifs et menacent de me faire parler par la force. Je dis que j’ai droit d’avoir un avocat, à quoi ils répondent qu’ils n’ont pas compris ma question. A minuit, ils me remettent en cellule, je n’arrive pas à dormir et l’homme qui est avec moi a vomi sur le banc, l’odeur est insupportable. A deux heures du matin, nouvel interrogatoire, ils ont la certitude que je suis coupable, pour eux aucun doute possible. Comme je continue à nier, ils me remettent en cellule mais l’odeur de vomi me donne des hauts le cœur et l’homme n’arrête pas de râler. Malgré le manque de sommeil et la fatigue, je cherche un moyen de prouver mon innocence. Au cours de l’interrogatoire de ce matin, un gendarme me dit que je risque vingt années de prison ! Je réalise que ma situation devient dramatique et avec la fatigue due aux interrogatoires, j’ai peur de céder et d’avouer n’importe quoi pour qu’on me fiche la paix. En matinée, enfin, un avocat vient me voir. Après lui avoir expliqué mon affaire, je découvre que lui non plus ne me crois pas ; la preuve, il me conseille d’avouer. Son épouse vous à vu le pousser dans le vide ! Dit-il, vous n’avez aucune chance si nous plaidons non-coupable. Le Procureur a demandé une prolongation de ma garde à vue, je vais encore passer une nuit dans cette cellule, et après ? Je suis révolté contre cette injustice. J’ignore ce qui se passe, mes parents sont toujours injoignables. Parfois, j’ai l’impression que je fais un cauchemar et que je vais me réveiller. A midi, on m’apporte un plateau de nourriture, Je refuse de manger car je suis innocent et n’ai aucune raison d’être ici. Je passe toute la journée en cellule. L’homme qui était ivre est parti, il est remplacé par deux jeunes voleurs de voitures. Ce sont des habitués, ils crient, chantent et font du bazar, moi je me sens mal à l’aise. En soirée, nouvel interrogatoire, c’est peut-être le dixième, dix fois que je leur répète la même chose. La nuit est calme, les deux jeunes sont partis et je réussis à dormir quelques heures. Le matin, petit déjeuné, je ne mange rien ! Vers dix heures, je suis convoqué au bureau de l’adjudant. Il me prit de m’asseoir, prend une feuille imprimée d’une main, me dit qu’un fax en provenance de l’hôpital vient d’arriver et il lit : « Les résultats d’autopsie pratiquée sur la personne de monsieur Lebrun font apparaître que celui-ci est décédé d’un arrêt cardiaque … ». Il ajoute qu’aucune charge ne pèse plus contre moi et que je suis libre dès maintenant. Je n’y crois pas, est-il sérieux ou est-ce une ruse pour tester ma réaction ? Il m’a simplement dit : « nous nous sommes trompés » puis, comme il voyait que j’attendais autre chose, comme des excuses, il ajouta : « Ca fait parti de notre métier.
J’ai récupéré mon sac à dos et, dégoûté, je suis rentré à Paris.

BOKAY
Mes écrits et dessins : http://bokay.over-blog.org/
Revenir en haut Aller en bas
christine67
Langue pendue
Langue pendue
christine67


Féminin
Buffle
Nombre de messages : 332
Date de naissance : 05/10/1961
Age : 62
Localisation : Alsace
Loisirs : Découvertes en tout genre...!
Date d'inscription : 31/05/2006

l'année du bac (2/2) Empty
MessageSujet: Re: l'année du bac (2/2)   l'année du bac (2/2) EmptyLun 6 Aoû - 1:28

Alex tu aurais bien mérité d'avoir ton bac!
J'espère que la poisse t'a quitté depuis cette année -là!
Merci Bokay,nouvelle très agréable à lire!
Revenir en haut Aller en bas
http://wangen.forumactif.com/
 
l'année du bac (2/2)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le bateau ivre  :: Les joies de l'écriture-
Sauter vers: