Les villes souterraines
Les villes souterraines les plus intéressantes (Derinkuyu et Kaymaklı) sont situées à mi-chemin entre le Parc National de Göreme et la vallée d'Ihlara .
Ce sont celles-ci qui ont fait l'objet d'intenses recherches et découvertes.
On a mis à jour pas moins de sept niveaux qui ont été aménagés pour les visites
Formation géologique de la région.
La formation des paysages de la Cappadoce, région volcanique, débuta il y a dix millions d'années.
En effet, les volcans Erciyes, Hasan et Göllüdağ entrèrent en éruption du miocène supérieur, jusqu'au pliocène (deux millions d'années). Les matériaux projetés, constituèrent le sol actuel de la Cappadoce : laves basaltiques sur les versants des volcans, poussières et cendres dans les environs constituant une couche de cent à cent cinquante mètres de profondeur, composée en outre de tuf, argile, grès, marne et agglomérat. L'alternance de périodes de calme entre deux éruption, ainsi que l'apparition de volcans de moindre importance au fil des millénaires généra une superposition de couches de poussières plus ou moins denses.
Formation des cheminées de fées
Le ruissellement des eaux de surface, drainées ensuite par la rivière Melendiz et le fleuve Kızılırmak, ainsi que le vent, le gel le soleil ont attaqué cette couche de roche très tendre et formé de petites vallées. Certaines couches étant plus tendres que d'autres, l'eau s'est insinuée de plus en plus profondément dans le sol, laissant une couche plus dure vers la surface. Petit à petit, des petits morceaux de roche dure se trouvent isolés par rapport au plateau, et les couches situées en dessous de ce « chapeau » naturel sont protégées et évoluent beaucoup plus lentement, du fait de cette protection. Apparaissent alors au gré des pentes les cheminées de fées. Les styles de cheminées sont assez variés, et sont fonction de la nature géologique du chapeau et de sa résistance à l'érosion, ainsi que la qualité et la composition du support.
Au fil du temps, le chapeau peut s'effriter, ou la colonne, à force d'être minée par la pluie s'affine tellement que le chapeau tombe. La cheminée de fée est condamnée et diminue rapidement de volume pour disparaître. Le paysage de la Cappadoce évolue donc sans cesse. D'autres curiosités observables en Cappadoce sont les plis sur les versants des vallées, formées par le ruissellement des eaux, entaillant la pente en formant des petites dépressions et en laissant des bosses.
Préhistoire
On trouve des traces d'occupation humaine dont le début remonterait au néolithique et au chalcolithique. On trouva en effet des foyers, des statuettes et des outils lithiques, principalement en obsidienne, que l'on trouve très facilement en zone volcanique, ou des outils en os.
Période Hittite
D'autres traces humaines concernent l'âge du bronze, puis la période hittite ( 3000 – 1750 av. J.C). Le sol de cette région étant pauvre en étain, mais riche en d'autres minerais (or, argent, cuivre), le troc se développa donc avec les Assyriens vivant en Mésopotamie, qui fondèrent des comptoirs commerciaux dans la région. On prouva l'existence de l'écriture en Cappadoce en trouvant des tablettes assyriennes expliquant les diverses taxes et impôts que devaient payer les commerçants aux seigneurs anatoliens, ainsi que les intérêts qu'ils percevaient de leurs créanciers. L'influence culturelle et religieuse mésopotamienne s'inséra dans les pratiques des anatoliens qui développèrent une nouvelle conception artistique.
Le peuple Hittite, venant d'Europe vers 2000 avant J.C. passant par le Caucase s'installa en Anatolie et s'intégra au peuple indigène. De langue Indo-Européenne, Les Hittites s'inspirèrent des rites culturels et religieux. Leur écriture en forme de hiéroglyphe est présente sur de nombreuses statuettes. Se développant peu à peu, ils bâtirent un empire, avec pour capitale Hatuşaş (actuelle Boğazköy). Après 600 ans de règne, ils furent sévèrement défaits par les phrygiens et leur empire fut démantelé. Il resta néanmoins quelques fiefs Hittites en Anatolie centrale et au sud-est.
Période Perse
D'autres peuples prirent le contrôle de la région : les Kimmers, puis les Mèdes et ensuite les Perses. Ceux-ci baptisèrent cette région « Katpatuka », qui veut dire Pays des chevaux de race. Adeptes du culte du feu, les volcans de la région étaient sacrés.
Alexandre le grand, roi Macédonien battit les armées perses en 334 et 332 avant J.C. et démantela l'Empire.
Période Romaine
Puis les Romains envahirent la région qui fut rattachée à Rome et, comme la région était une des limites de l'Empire, fortifièrent la ville de Kayseri et déplacèrent des légionnaires.
L'apparition de la religion chrétienne en Palestine se répandit dans le sud de l'Anatolie, puis en Cappadoce. Les premiers chrétiens émigrèrent vers les grandes villes et villages. Ils commencèrent à creuser les premières églises et s'installèrent dans les rochers.
Période Byzantine
Après la division de l'Empire romain en deux, la Cappadoce, sous l'influence de l'Empire Byzantin, fut régulièrement une terre de conflits, entre Sassanides et Byzantins. Sous le ministère de Léon III, l'idolâtrie des icônes fut interdite. En Cappadoce, cette règle, qui dura un peu plus de cent ans, fut difficilement respectée, et certains iconoclastes vinrent trouver refuge dans les monastères de la région pour poursuivre leur culte.
Au XI ème siècle, les turcs Seldjoukides, dirigés par leur chef Alparslan pénétrèrent en Anatolie et infligèrent une sévère défaite à Romanos Diogènes, empereur byzantin.
Konya devint la capitale de l'état Seldjoukide d'Anatolie.
Dans certains villages de Cappadoce existent des ensembles de galeries et cavités constituant un véritable réseau souterrain, destiné à accueillir jadis les habitants.
Le but de ces constructions était principalement la protection des hommes en cas de conflit ou de razzias par les Perses ou les Arabes.
Il existe environ deux cents villes souterraines en Cappadoce qui ont dû être construites la plupart entre le VI ème et le X ème siècles après J.C. Mais les origines de telles constructions sont peut-être plus anciennes. On indique en effet dans le livre de Xénophon, que les Hellènes faisaient étape en Cappadoce dans les villes souterraines de Derinkuyu et Kaymaklı.
Il est possible que les Hittites aient initié le développement et la mise au point de ces constructions, puisque ceux-ci construisaient des tunnels pour embusquer l'ennemi et l'attaquer à l'improviste.
Les Seldjoukides continuèrent après la période byzantine à utiliser ce réseau de galeries plutôt à des fins militaires.
La disposition et l'utilisation des pièces dans de telles cités est la plupart du temps la même :
A l'entrée, les écuries, étables pour parquer les animaux, puis des celliers stockant les réserves de denrées. Ensuite viennent les cuisines, le réfectoire. Quelquefois, une cavité proche des cuisines servait à la fabrication du vin.
Viennent ensuite les habitations plus en dessous, ainsi qu'une petite chapelle, des couloirs et des tunnels reliant entre elles les cavités et les différents niveaux de la cité.
Des cheminées d'aération descendant jusqu'en bas assuraient la ventilation des cavités, et des puits permettaient de retirer de l'eau.
L'entrée ainsi que les différents niveaux ou endroits stratégiques étaient protégés par des fermetures assez astucieuses : une grande meule en pierre taillée sur place était roulée et permettait d'obstruer parfaitement les galeries d'accès.
Kaymaklı
Situé à vingt kilomètres au sud de Nevşehir, ce village possède la cité souterraine certainement la plus intéressante à visiter.
Les espaces aménagés pour la visite sont constitués de cavités sur quatre niveaux reliées entre elles par les tunnels, autour de cheminées d'aération.
Vous y verrez tous les éléments d'une ville, et le parcours fléché vous indiquera la bonne route dans ce dédale.
Derinkuyu
Située à 6 kilomètres au sud le Kaymaklı, la ville souterraine de Derinkuyu offre les mêmes caractéristiques que celle de Kaymaklı. La profondeur est cependant plus grande (85 mètres) et le nombre de niveaux est plus important, l'accès aux niveaux du bas étant parfois assez difficiles en raison de l'étroitesse des galeries d'accès.
Cette ville possède aussi une école de missionnaires dans une grande salle voûtée en berceau.
On dit qu'un tunnel relie les deux villes souterraines.