L'Homme aux Nymies

Tiré d'un vieux livre du siècle dernier par un arrière grand oncle, le légendaire Maître Goupil.

Que l’on ne s’y méprenne, il n’y aura ni de bal, ni burle, il ne s’agit pas de synthé-, seulement de topo- et d’anthroponymie en pays cévenol.

Un peu de culture ne nuit, ni n’ennuie, que nenni ! Qui le nie ?

L’origine des sobriquets et noms de lieux est quelquefois si complexe qu’un peu d’imagination peut s’avérer nécessaire pour leur donner un sens.

Raoul : S’agirait-il d’un écart ? un lieu pour les néophytes ; de langage peut-être ; de sa mère, pas assez familier pour le dire.
Rien de tout cela, un sobriquet qui pourrait venir du gothique Gaut (vous noterez au passage que le trigraphe aou transcrit la prononciation diphtonguée occitane).
On retrouve des traces de ce sobriquet dans la région floracoise, aussi ne serait-il pas inopportun d’envisager une manœuvre alamane visant à infiltrer la cévenne jusqu’à son cœur, le Parti Néocolonialiste Curateur. Nul ne saurait confirmer cette hypothèse de même que celle qui rattacherait Raoul à une racine pré-celte, raular, rouler en français, qui, malheureusement, non substantivée ne permet pas de déterminer quel métier correspondrait, car c’est vraisemblablement de cela qu’il s’agit. Serait-ce un meunier, un homme politique, un fonctionnaire territorial (rouler dans la farine) ? un cuisinier sarrasin (rouler la semoule) ? un brasseur (rouler sous la table) ? un bûcheron (rouler dans la sciure) ?
Que dire également de ce nom de famille Raoux ou Raoul, du germanique Radwulf (de rad-, conseil et wulf, loup) ?
Grussgott, Raoul, tu peux ôter ton masque, on t’a reconnu ! Wie geht’s ?

La même perplexité s’empare de nous à la simple lecture du nom de St Germain de Calberte, village (48), dont l’origine reste obscure.
On peut toutefois se référer à la légende qui relate l’épisode guerrier au cours duquel la reine Berthe (aux grands pieds) aurait été stoppée nette dans sa progression de la libération des vallées cévenoles par l’envahisseur Wisigoth, délimitant ainsi les limites géographiques et ethniques de la fameuse Vallée Française.

Dans le même ordre d’idée, Maginoux, village (48), du nom de famille Mangin tiré par aphérèse de Demangin, forme populaire issue de (Saint) Dominique.
Ce dernier aurait défini une ligne que les Wisigoths ne pourraient pas franchir.

Aigoual (30/48), non rattachée à l’agua occitane, mais au prénom gothique Aigoald.

La Conne, rivière (30), nom de rivière tiré d’un radical hydronymique inconnu ou bien d’un nom de famille, Conne ou Cone, d’un nom de personne germanique Cono, hypocoristique de composés avec con-, comme Connard, du germanique Conhard (de Con-, vieux haut allemand kuoni, hardi et –hard, dur, fort).
Serait-ce là l’origine du riche vocabulaire utilisé de nos jours par les lozériens envers les gardois sur les routes gabales?

Gazelle, animal, espèce tant recherchée par les jeunes gévaudanais (dadais ? pas forcément).
Serait-elle originaire d’une quelconque savane africaine ?
Point, seulement de l’occitan gua, gué assorti d’un diminutif.
Serait-ce là une référence au point de rencontre où les espèces vont boire, en quelque sorte l’ancêtre de nos boîtes de nuit ?

Bordel, hameau (30) de l’occitan borda, bergerie de montagne, qui constituerait donc une demeure où l’on reste et pas seulement où l’on passe.
L’expression bordel de merde, souvent hâtivement assimilée à un juron, ne serait en réalité que le pré où le berger entasse les fumures de son troupeau. Surprenant, non ?

Bédouès, commune (48), dérivée du gaulois betu, bouleau et/ou de l’occitan bedos, bègue, personne qui blèze (?).
L’hésitation (bègue) de son habitant à aller travailler (bouleau) est largement responsable de la réputation (très surfaite) de paresse du bédouessan (le lozérien, pas le breton).

Cocurès, commune (48), du pré-celtique cucc, hauteurs arrondies.
Cette racine n’appelle pas de commentaires particuliers, néanmoins la fréquentation touristique assidue de ce site peut générer quelque questionnement.
Ce toponyme pourrait également être dérivé du nom latin cucurus, qui, pour des raisons obscures, ne semble pas recueillir beaucoup de suffrages non plus au sein de la population indigène.

Belle-Poële, hameau (30), du latin puella, jeune fille ou bien de l’occitan bel, grand et puelh, bois nouvellement coupé.
Plus prosaïquement, féminin de Beau Poil, de l’homme fraîchement rasé par le barbier.

Le Tapoul, écart (48), Mistral donne tapola, petit tertre au féminin et avec un o ouvert (c’est de la linguistique, pas de l’anatomie) ou tapoul, monceau, tas en niçois ou pan-occitan.

La Baume (Dolente, grotte, cache des camisards du Désert ou Brume, grotte sous les contreforts de Florac utilisée par les Celtes au Chalcolithique) ou Balme (de Fraissinet, grotte troglodytique fortifiée sous les contreforts du Méjan) (48) de l’occitan baumella, petite grotte.
Le château nordiste de la baume n’a sans doute pas la même origine.

Peut être également dérivé de l’ancien franc (l’empire, pas la monnaie) la Palme, qui désignerait une pratique qui, à l’origine, aurait consisté en l’attribution à un petit fils de Charlemagne, Cadémic, d’une branche d’olivier et d’un parchemin en remerciements de bons et loyaux services ?

Téron, hameau (30), de l’occitan teron, fontaine, source, mais aussi tertre, colline.
Un lien contestable a été établi avec le fameux Truc (téton) des Bondons par des auteurs en raison sans doute d’une secousse tétonique trop forte lors du séisme de leur puberté.

Faÿsses, col (48), de l’occitan faïssa, bande de terre soutenue par un mur dérivé de fais, fagot.
Toute interprétation visant à lier faïsses et fagot serait proprement hasardeuse.

Casebonne, hameau (30), de l’occitan casa, maison et bona, bonne. Cette version simplifiée ne correspond pas à la réalité qui est tout autre. On aurait affaire ici à une haplologie (de France, mais ni mythe, ni fée), connue comme l’élimination d’une double syllabe.
Le nom originel serait casebombonne , soit le féminin de cassebonbon.

Lautre, hameau (30), de l’occitan autre, autre.
On est sans nouvelles de l’un sans lequel l’autre n’existe pas.

Loup, hameau (30), de lupus (latin), nom de huit évêques autour du 5ème siècle après JC.
Evêque de père en fils, c'était le bon temps!

Vialas, commune (48), de l’occitan vialar, variante de vilar (du latin villare), hameau, village. Ils ne se sont pas foulé pour trouver ce nom, pourtant ils sont plutôt bavards de ce côté là, ne parle-t-on pas des moulins à paroles de Vialas, à eau, dites vous, ah bon, pardon.

Verbrouck, hameau (30), nom de famille d’origine flamande, forme contractée de Vandenbrouck, de ver, contraction de van der, du et brouck, pont.
Ce serait donc l’équivalent de notre Dupont (belge), rien à voir toutefois avec le pot belge dont les spécialistes prétendent qu’il est devenu obsolète avec l’arrivée de la Rochefort (la bière, pas le rocher de Florac).

Last, but not least,Tardonnenche, hameau (48), tire son nom du Tarnon, lui-même du Tarn, affluent de la Garonne (Tarnis d’après Pline).
C’est un cas, Pline, érudit parmi les incultes, il répertoria l’ensemble des rivières, des fromages et des vignes de l’Europe romaine.
On a rattaché cet hydronyme à Taranis, dieu gaulois du Tonnerre, mais cela supposerait que la syncope du a posttonique était faite à l’époque de Pline, qui conserve cette voyelle dans les mots gaulois (je ne le vous fais pas dire).
D’autres hypothèses situent les origines du Tarn dans des racines pré-celtiques tar-n, eau rapide ou bien tar- de sens inconnu et un suffixe –no, également pré-celtique.

Tout est clair maintenant, le mystère des Gorges reste entier !
Si le hasard vous amène, comme moi, à rencontrer l’onomastique (pas l’homo mastic utilisé pour les fenêtres), et que vous souhaitiez que l’antonomase, l’hypocoristique ou l’aphérèse (d’Avila) n’aient plus de mystères pour vous, alors vous pouvez parcourir l’ouvrage de référence de Paul Fabre, Dictionnaire des noms de lieux des Cévennes aux Editions Bonneton.

* On notera l'ancienneté de l'ouvrage avec l'écriture Méjan

Et bien Goupil , ton texte est stupéfiant , je vais le relire en prenant un dico , car il y a des mots inconnus pour moi...rires!!
Tu es un renard pas ordinaire ...C 'est vraiment le dire!!!

en dessous de Vialas il y avait de grand prés remplis de Jonquille, hum que sa sentait bon, de voir les tiennes me rammene en enfance, j'en ai le parfum dans le nez.

Si tu vas dans un dico, tu y trouveras l'antonomase.
Peut être y croiseras tu un goupil, il en est l'exemple parfait.
Propos énigmatique ? non, je te laisse le plaisir de la découverte.
Mon arrière grand oncle m'avait dit, quand j'étais très d'jeun, qu'il avait pris beaucoup de plaisir à écrire ce papier :)
Bisous Jonquille

Ce texte est un véritable hommage, j'avais envie que tu nous l'offre. C'est bien vrai Jeff que des souvenirs reviennent ainsi, je me souviens bien du champs aux jonquilles.

Je ne suis pas bien sûr que vous ayez pris le temps de le lire et comme je voudrais m'assurer que vous n'allez pas manquer un grand moment culturel de mon ancêtre, je le fais remonter :).

Quelques codes :
1) La "grande ville" des Gorges du tarn, c'est Saint Enimie.
2) Raoul est un grand pourvoyeur de répliques sur un autre forum (lol) sur lequel ce message a été publié.
3) Vialas y est un écart, presqu'une bourgade où d'aucun et d'aucunes ont pu gambader.
4) L'antonomase, c'est le père de Goupil.

Bonne lecture et gare si je vous prends en flagrant délit de ne pas l'avoir lu, même si ça vous prend du temps et de l'attention (c'est ma manière de pousser un COUP de GUEULE amical)

Quelle prouesse ! J'ai tout lu.
J'ai tout lu. Quelle prouesse.

A prendre dans les deux sens.
Alors pour moi qui débarque, je peux le dire : stupéfiant.

Il a du génie notre cher goupil !

Vous voyez quand vous voulez :)

Citation :

Vous voyez, quand vous voulez

ça marche, les coups de gueule ?

Tu découvriras que Goupil ne lâche pas prise facilement et soutient avec force, autant que de besoin, ce à quoi il est attaché!

C'est la règle des forums que celui qui lance un sujet l'anime.

Bien!!! j'attends que quelqu'un résume , suis un peu flemmarde, et j'ai du mal à lire de longs textes en verticale....
Oups! je sens que Goupil va hurler....LOL
Sur ce , je vais rejoindre Morphée , je bosse demain , journée de 12h
Bonne nuit les pts loups et renardeaux....
Bisous

goupil a écrit:

Tu découvriras que Goupil ne lâche pas prise facilement et soutient avec force, autant que de besoin, ce à quoi il est attaché!

C'est la règle des forums que celui qui lance un sujet l'anime.

Ta fougue est toute à ton honneur.

Si je constatais ne pas être lue, je n'aurais pas cette fougue là. Je n'écrirais plus. Tout simplement. Mais tout ça se ferait sans bruit. Ça doit s'appeler "partir à pas de loup". L'art et la manière d'entrer dans le monde du silence...

Toi tu es plus futé. Normal pour un goupil. Hé !

Il peut advenir quelquefois que mes messages soient un peu obscurs, néanmoins ne vous arrive-t-il pas de vous promener la nuit et d'y trouver facilement votre chemin?
J'ai re-bricolé le message de mon aieul pour le rendre plus attrayant :), c'est vrai qu'il faisait un peu étouffe chrétien!

La définition de Bédouès m'a bien amusée Gupil.
Quant à notre Raoul, sait-il que tu t'amuses avec son pseudo ?
J'aime beaucoup le génie que tu as, à partir de textes très sérieux, pour délirer complètement et avec talent.
Pour Belle-Poele, quand nous habitions à Vialas on avait expliqué à mes parents que le nom de ce lieu-dit venait d'une accorte et très accueillante aubergiste tenant là table.

Ainsi aéré et présenté c'est mieux, mais j'avais quand même fort bien suivi. Ce devait être la nuit, ou sous les verres fumés.

"J'aime beaucoup le génie que tu as, à partir de textes très sérieux, pour délirer complètement et avec talent." dit la genette.

Une femme de goût, cette genette :).

Pour répondre au point sur Raoul, oui, il l'a vu sur lol, mais il se recroqueville dès que pourrait être approchée son identité réelle, vraisemblablement que tu le connais, sans savoir que c'est lui, ou bien, par discrétion, ce qui t'honore, tu ne le mentionnes pas, comme tu l'as fait en esquivant d'un revers de plume les questions sur Goupil :).

Sur la Belle-Poëlle, le Professeur Fabre dit (in extenso), hameau (Génolhac, 30 : Bellepoile 1515) : une tradition fait venir ce nom du latin puella "jeune fille", mais la forme de 1515 est bien tardive pour qu'on envisage une origine latine (au contraire du Mas-Saintes-Puelles, Aude : de Sanctas Puellas 960) et il est possible que ce nom renvoie à puèlh "rejeton, taillis" (voir le nom de famille Puel) au sens de "bèl (grand) puèlh (bois nouvellement coupé)".
Alors la jeune serveuse accorte?

Et, un dernier mot, pour que vous soyez plus cultivés ce soir en allant vous coucher :)

Au nom commun goupil du moyen âge correspondait le nom propre Renart.
De nos jours, le nom commun est renard tandis que le nom propre est Goupil.
C'est cette interversion qui est l'antonomase!

Regardez donc là :

http://forum-lozere.forumotion.com/Lozere-Off-line-f1/L-Homme-aux-Nymies-t977.htm

Mon arrière grand oncle y continue ses bonnes oeuvres!

Goupil ce forum pour moi et un repère de............
Pourquoi ne pas mettre tes écrits ici aussi : )
Désolée mais ce coin là pour moi est Vernum euhhh Vers N'hommes!

Bisous et sans rancune, la Liberté passe aussi par le silence des mots

Cotinne a écrit:

Goupil ce forum pour moi et un repère de...
Paire de quoi ?



Pourquoi ne pas mettre tes écrits ici aussi : )
Ce sont les écrits de feu mon arrière grand oncle, le grand Maître Goupil. Aussi n'oserais-je les mettre ici de mon propre chef!
En sus (je ne te force pas), il s'agit d'un post cévenol, à cheval sur le Gard (j'affectionne les gardiennes) et la Lozère (je chéris l'ose errienne), aussi est-il au bon endroit!

:grenouille1: pas seulement de bénitier!

Désolée mais ce coin là pour moi est Vernum euhhh Vers N'hommes!
Si tu vas sur ce post, c'est sur le territoire du grand Maître Goupil que tu vas, il y est sécurisé par ses amis de la forêt.



Bisous et sans rancune, la Liberté passe aussi par le silence des mots.
C'est ta liberté la plus stricte, mais sais tu bien de quoi tu te prives

Bisous aussi.

Bisous aussi mais je ne te lirai qu'ici, alors begaies, fais ce que tu veux. Mais plus jamais là bas for me: ))).
Ton amie l'emmerdeuse, qui fait des paris sur l'avenir.
File préparer une suite du Père Noël, on commence a avoir les doigts et les yeux usés : )))
Et file un coup de........... à Jean Louis il rame avec les deux C. :éclosion:

Ben et ton histoire de piscine, elle est bien en rade aussi, tient.. mais l'hiver n'est pas encore commencé on a le temps surtout que l'audience est en baisse en ce moment...

Rire Jean Louis, pour la piscine elle se continue seule sur mon clavier, j'ai dû faire un pari dans la vie, qui m'oblige à ne plus écrire du tout de textes étrotiques, je peux parler de tout sauf faire un texte du genre du visiteur, ceci en raison du pari fait mais aussi d'éditions.
Et je me tiens a ce que j'ai dit, je peux te dire que cela me démange bien trop souvent : ))
Mais fait la suite des C, je te ferai les lieux moi, cela te boostera.
Pour la baisse c'est l'automne les gens ne sont pas trés en forme moralement, pis la lassitude, je ne sais pas.
Moi je surbooke, bien trop de projets en tête, dont mon déménagement pour fin février et dans 27 jours je disparaitrai aussi pour plus de 10jours d'hosto si tout va bien plus si....
Tu vois la vie passe et ya plein de trucs à faire , pis n'oublie pas qu'elle est belle cette put'1 de vie : ))
File écrire l'amour selon JL ( Jesus Lamour ) Riressssssss
Bisous Jean Louis.

Ben moi j'aimerais bien que cette histoire continue sa route ici sur le navire, pour nous faire voyager en Cévennes sans dos d'âne et presque sur la route de Stewenson.