MIROIR A ALOUETTES
Fable
Vous voulez vous le représenter ?
Il doit avoir 45 à 50 ans. Mesure 1 mètre 75, pèse environ 70 kilos, assez mal répartis, les régions de la taille, du ventre, et de l’estomac étant particulièrement bien servies, alors que la poitrine est plate et les jambes grêles .
Entièrement chauve au sommet du crâne, il avait de part et d’autre, sur les tempes, des touffes de cheveux grises, plus sel que poivre, frisottés et longs.
Il portait une salopette bleue, des manches de laquelle sortaient deux mains caleuses .
Vous voyez à peu près ?
Il s’appelle Louis Lachal, il est menuisier,ou plus exactement travaille au rayon menuiserie d’une grosse boite vendant de soutils et du matériel de bricolage.
Il habite dans un petit studio, presque seul.Je dis presque, car après tout, un chat est un être vivant.
Il vivait comme un vieux garçon, mais attention !! Il tenait toujours à souligner qu’il avait été marié. Un peu moins de deux mois à vrai dire, mais cela, seuls deux ou trois personnes les avaient.
Il ne voulait jamais parler de son expérience de couple, mais, moi, je puis vous dire qu’elle ne fut pas fameuse,que son Annie bien aimée était partie un jour – il y a 14 ans- sans avoir prononcé un mot ni laissé la moindre lettre. Bien sûr, Louis, savait qu’elle n’était pas partie seule, mais il ne l’avouerait à personne, et gardait le secret espoir qu’elle reviendrait, car, après tout, ils étaient toujours mariés. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il n’avait jamais voulu envisager la moindre aventure avec une autre femme. Il avait encore une femme,et ne se reconnaissait pas le droit de la tromper.
En ce beau jour d’avril, le magasin était plein. C’était la bonne période pour le chiffre d’affaires, avec tous ces amateurs de jardinage qui concrétisaient leurs projets longuement mûris durant l’hiver.
Il venait de servir un client, maniaque au possible, qui voulait se fabriquer des étagères. C’était pour lui d’une importance primordiale, l’affaire de l’année en somme.
Avec un soupir de soulagement, Louis regardait s’éloigner cette difficile pratique, lorsqu’il fut abordé par une nouvelle cliente.
- Monsieur, vous pourriez me donner un conseil ?
- Volontiers madame.
- Hé bien, je voudrais faire une étagère, avec trois hauteurs et large à peu près comme ça.
Elle étendit ses bras en croix pour lui faire voir la dimension voulue, mais au lieu d’évaluer la dimension décrite, Louis regarda les seins de la dame qui pointaient sous un corsage léger.
La dame s’en aperçut, et pour détourner son intention, elle répéta, en agitant ses mains au bout des bras.
- Comme ça, monsieur !
Louis, rosissant, revint aux réalités.
- I mètre cinquante environ ?
- Peut être. C’est vous qui voyez. Et comme largeur, je voudrais qu’elle fasse à peu près ça.
Avec ses deux index elle fit voir une dimension que le professionnel évalua aussitôt
- 25 centimètres
- Puisque vous le dites !! Je peux avoir ça ?
- Bien sûr. Asseyez vous là. Je vais vous préparer les planches.
Louis se mit à préparer la commande, mais inexplicablement, il se sentait énervé, et chaque fois qu’il levait les yeux vers la cliente assise sagement à quelques mètres, son regard était toujours attiré par la poitrine de la dame.
Lorsqu’il eut fini son travail il demanda à la cliente :
- Voulez vous que j’amène les planches dans votre voiture ? C’est assez lourd.
- Volontiers, si ça ne vous gène pas. Vous êtes très aimable.
Lorsque la dame eut réglé sa facture, Louis accompagna sa cliente à sa voiture, et chargea les planches.
Au moment de la quitter, il demanda.
- Pour monter vos étagères, vous savez comment vous y prendre ?
- C'est-à-dire que… Non, mais je demanderai conseil.
- Il n’y a personne chez vous pour vous aider ?
- Non, je vis seule.
- Voulez vous que je vienne les poser samedi ?
Sa proposition, Louis ne l’avait pas prévue, et il fut lui-même surpris de son offre. Mais la femme, très heureuse sauta sur l’occasion.
- Oh, monsieur, si vous pouviez le faire, je vous en serais éternellement reconnaissante
Et la dame remit sa carte à Louis, qui trouva que cette semaine était bien longue, et le samedi suivant bien lointain.
Il avait bien gravée sur sa rétine, les seins magnifiques de la dame, attachés hauts, pas trop volumineux, magnifiques.
Zut, que m’arrive- t- il ? pensait le pauvre Louis, qui finit par trouver une explication : ça, c’est le démon de midi.
Il y a longtemps qu’il avait repéré sur un plan l’adresse de la dame, et il avait calculé le temps qu’il lui fallait pour s’y rendre, et arriver à 9 heures. Décemment il ne pouvait y aller plus tôt, et il n’avait pas la patience d’attendre d’avantage.
La cliente devait l’attendre car lorsqu’elle vint lui ouvrir, elle était toute pomponnée malgré l’heure matinale.
Pendant que Louis posait les étagères, la dame resta près de lui, si bien qu’il eut tout loisir de voir la poitrine parfaite sous tous ses angles.
Lorsque le travail fut terminé, la dame invita Louis à prendre un apéritif, et ils se mirent à discuter comme de vieux amis.
La dame dit s’appeler Louise Blanchard, et ils s’extasièrent tous les deux sur la malice du destin qui mettait en présence un Louis et une Louise.
Ne voulant pas lui offrir de l’argent, Louise proposa au serviable monsieur de partager son repas de midi, ce qu’il accepta sans faire de manière.
Normalement, à la fin du repas, Louis aurait du prendre congé, mais il n’en fut rien.
Ils restèrent à discuter jusqu’au soir, et quand ils constatèrent l’heure tardive, ils convinrent qu’il n’y avait qu’une solution : dîner ensemble. Mais cette fois, c’est Louis qui invita Louise au restaurant. Il ne demanda qu’un chose : pouvoir passer chez lui, pour donner à manger à son chat, ce qu’ils firent.
A la façon dont partait cette histoire, vous aviez déjà deviné que Louis et Louise, sans l’avoir programmé, se retrouvèrent le soir dans le lit de la belle.
Lorsqu’elle se déshabilla, Louis constata que la poitrine qui l’avait fait rêver était en fait postiche, et que Louise n’était dotée que d’une toute petite poitrine, à peine plus rebondie que la sienne.
Mais le poisson était ferré, et deux jours plus tard, ils s’installèrent tous deux dans l’appartement de Louise
.
MORALITE Usez d’artifices, mesdames. Vous ne capturerez pas tous les hommes, mais beaucoup resteront dans vos filets
FIN