De quel ciel chagrin, entourez-vous de mystère nos regards ?
Sœur de la pluie et du vent où vos troublantes apparitions,
Bourcent les cœurs des marins sur des récifs de brouillard,
ô brume, nuage bercé de pleurs sur le sol de ma désolation.
Votre reflet se moire sur des lacs immobiles où règne le silence,
Toute la nature est sous votre emprise et votre charme ténébreux
Nappe le grand vide où les êtres se complaisent dans l’errance,
Destin flou, triste charme, une vision d’exil pour les amoureux.
Matin ou soir, vous apparaissez, telle une amertume sur un jour pleuré,
Derrière vos rideaux gris, notre monde environnant semble s’effacer,
Vous promenez la peur dans la verte campagne et les hautes vallées,
Déployant votre vaporeuse chevelure sur nos pauvres têtes affolées.
Légère ou épaisse, selon vos humeurs, vous cachez d’infinis trésors,
Ô brume chargée d’ombres et de souvenirs qui noie notre présent,
Offrez-moi vos yeux, un temps, que je découvre la beauté du néant,
Car je veux voir dans votre humide candeur la lumière de la mort.
Alain Meyer-Abbatucci